vendredi 29 mai 2020

Emile VERHAEREN (1855-1916)
Poète belge symboliste, lyrique et anarchiste, il pratique le vers libre.
Il publia « Les Flamandes » réaliste, naturaliste, consacré à son pays.
Il épouse Marthe Massin qui l’inspira pour la trilogie « Les heures claires, les heures de l’après-midi et les heures du soir »
Il écrivit des poèmes futuristes, se retrouvait dans des cercles de poètes. Il fréquentait toute la famille royale.
Il mourut accidentellement poussé vers un train qui partait.
Elena
AVEC MES SENS, AVEC MON CŒUR…

Avec mes sens, avec mon coeur et mon cerveau,
Avec mon être entier tendu comme un flambeau
Vers ta bonté et vers ta charité
Sans cesse inassouvies,
Je t'aime et te louange et je te remercie
D'être venue, un jour, si simplement,
Par les chemins du dévouement,
Prendre, en tes mains bienfaisantes, ma vie.

Depuis ce jour,
Je sais, oh ! quel amour
Candide et clair ainsi que la rosée
 
Tombe de toi sur mon âme tranquillisée.

Je me sens tien, par tous les liens brûlants
 
Qui rattachent à leur brasier les flammes ;
Toute ma chair, toute mon âme
 
Monte vers toi, d'un inlassable élan ;
 
Je ne cesse de longuement me souvenir
De ta ferveur profonde et de ton charme,
Si bien que, tout à coup, je sens mes yeux s'emplir,
Délicieusement, d'inoubliables larmes.

Et je m'en viens vers toi, heureux et recueilli,
 
Avec le désir fier d'être à jamais celui
 
Qui t'est et te sera la plus sûre des joies.
Toute notre tendresse autour de nous flamboie ;
Tout écho de mon être à ton appel répond ;
 
L'heure est unique et d'extase solennisée
Et mes doigts sont tremblants, rien qu'à frôler ton front,
 

mercredi 27 mai 2020

DE BONNE FOI

C’était en 1978, nous avions pris le car pour faire le tour de Moscou, disons une visite guidée de la ville en car. C’était l’heure où beaucoup de gens sortaient du travail, il y avait une longue queue devant les magasins alimentaires. J’entendis un homme dire :
  • Ils quittent le travail avant nous ! Un autre lui répondit :
  • Oui, c’est pour faire la queue pour s’alimenter et il rit.
  • Pas du tout, répondit le premier, ils se promènent en regardant les vitrines.
  • Tu fais du lèche-vitrines devant les épiceries reprit l’homme ?
  • Pourquoi pas répondit le premier vexé !
  • Et par - 15° en hiver ? Tout le monde éclata de rire. Le premier homme ne se démonta pas, il dit :
  • Ici c’est une température douce et les habitants prennent plaisir à admirer les vitrines et la rue en rentrant lentement chez eux, pas comme chez nous où tout le monde court !
Il y a eu un second rire puis l’homme se tourna vers la vitre et ne parla plus, il était pourtant de bonne foi !
Elena

lundi 25 mai 2020

#lundi soleil

Mai 2020 : vert
vert : banquise au pôle Nord après Spitzberg (nous nous sommes enfoncés 6 km de banquise avec un commandant norvégien)
Elena

vendredi 22 mai 2020

Ma Patou
Joulka était une Patou ou Montagne des Pyrénées, nous sommes allés l’acheter quand elle a eu 8 semaines et elle ne pesait que 5 kg. Plus tard elle atteignit 55 kg environ.
J’avais toujours rêvé de cette race de chiens et elle fut mon cadeau pour mes 50 ans. J’avais déjà Taya qui était moitié Berger Allemand et n’avait que 15 mois, elle fut heureuse de pouvoir jouer avec cette boule de poils qui n’avait peur de rien. Il faut dire qu’une Montagne des Pyrénées reste toujours un chien dominant et n’ est pas peureux.
Joulka monta dans la voiture et curieuse regarda le paysage, arrivés à la maison elle courut dans l’herbe poursuivie par Taya qui faisait attention. En grandissant Joulka s’affermit, elle dépassa Taya en poids et en hauteur mais elle devint dominante d’une façon intelligente, elle laissait Taya lui grogner dessus et à côté de ça elle lui piquait le bâton de la gueule et me l’apportait ; jamais elle ne se fâcha contre son aînée mais ne lui obéit pas pour autant.
Elle était très sociable et jouait aussi bien avec les chiens que les chats, Diane, chat de ma fille s’entendait bien avec elle ainsi que le chat de mon fils.
Avec moi elle essaya de me montrer son côté têtu quand à 5 kg elle attrapa une arête dans un par et que je voulus lui enlever, elle me grogna dessus, je lui donnai une tape sur les fesses et je lui ouvris la mâchoire pour fa ire tomber son butin. Elle me grogna plusieurs fois quand j’essayai de lui enlever une proie qu’elle avait trouvé à l’extérieur mais jamais elle ne me mordit, pourtant je mettais ma main dans sa gueule pour le lui enlever. En dehors elle faisait d’abord ce qu’elle avait envie puis venait la mine contrite à mes pieds comme si elle s’excusait.
Elle m'a sauvé la vie à Agadir quand je suis partie nager mais les vagues m'empêchaient de revenir, elle nagea vers moi et me ramena grâce à son collier,
Au fond j’obtenais beaucoup d’elle par la gentillesse et moins par la force, nous étions devenues complices et dès qu’elle fut adulte nous n’avions plus de chamailleries mais des relations d’égal à égal ou à peu près. Une Patou ne s’élève pas par la force mais par la complicité ce que beaucoup n’ont pas compris !
Elena

Joulka a 2 mois et 5 kg
dans notre maison de campagne qu'on venait d'acheter.

mercredi 20 mai 2020



AMOUR TROMPE
Bel Amour, quand il perd ses ailes
A tous les cœurs donne pitié
En montrant un regard noyé
Et des bras d’enfant doux et frêles

Mais il garde des étincelles
D’un sentiment inemployé…
Bel Amour quand il perd ses ailes
A tous les cœurs donne pitié

Boudant alors les jouvencelles
Trop semblables à sa moitié,
Se console avec l’amitié
De quelques compagnons fidèles,
Bel amour quand il perd ses ailes.
Elena

lundi 18 mai 2020

#lundi soleil

Mai 2020 : vert
vert : pagode birmane
Elena

vendredi 15 mai 2020

Igor SACHAROV
Peintre russe contemporain que j’ai découvert, par hasard, sur Internet. J’aime ce qu’il fait mais je n’ai pas de renseignements sur lui. Par contre je vous joins le lien de ses œuvres et la façon dont il travaille :
Elena 2020

mercredi 13 mai 2020

DEUX OURSONS (histoire vraie)
Youri vécut à Tiksi plusieurs années puis il retourna vivre à Khabarovsk, toujours la Sibérie, mais avec un climat plus supportable.
Un jour un chasseur arriva avec deux oursons polaires qu’il déposa en disant :
  • La mère est morte, je vous les laisse ne pouvant pas les emmener chez moi.
Les habitants s’habituèrent très vite aux oursons et les laissèrent se promener librement en ville, chacun donnait quelque chose à manger. Les oursons se sentaient partout chez eux et les bienvenus, ils grandirent heureux.
Youri souriait en parlant des oursons tout comme il aurait parlé de son chien qui ne le quittait jamais.
Pourtant, la belle vie des oursons s’acheva lorsqu’ils atteignirent leurs tailles d’adulte. Un jour un camion vint les chercher pour les emmener dans un zoo, il était impossible de les relâcher dans la nature car ils n’étaient pas habitués ni à chasser ni à pêcher et c’était trop risqué de les laisser en ville.
Les habitants se rassemblèrent, chacun donna une dernière friandise aux ours, certains pleuraient et ils les virent partir dans le camion grillagé.
Depuis ils refusèrent qu’on leur laisse d’autres oursons.
Ce fut le meilleur souvenir de Youri de cette région car le froid était trop dur à supporter et il rejoignit sa famille à Khabarovsk.
Elena 

lundi 11 mai 2020

#lundi soleil
Mai 2020 : vert
vert : la mer en Thaïlande (par ma petite-fille)
Elena

vendredi 8 mai 2020

ISAAC LEVITAN (1860- 1900)
Peintre paysagiste russe. Il est juif et très pauvre mais il est si doué qu’on lui paye les études de peinture , sculpture et architecture à Moscou.
Il fait connaître l’école française de Barbizon . Il est aussi peintre réaliste et devient membre des ambulants.
Il est considéré comme l’un des plus grands paysagistes russe.
ci-joint son portrait et les plus connus :
Elena 2020

mercredi 6 mai 2020

CHAUDIERE
Je prenais ma douche quand l’eau est devenue froide, je termine et vais voir ma chaudière. Elle clignote, cela me l’a déjà fait et je téléphone au chauffagiste, je tombe sur un répondeur qui m’explique que pendant le confinement il n’y aura personne qui répondra. Sur ce j’appelle mon agence où j’ai le même discours. Alors j’écris à l’agence pour expliquer mon cas par mail, elle m’a répondu que je n’aurai plus qu’à tout expliquer au chauffagiste après le confinement. Conclusion j’étais en panne d’eau chaude et mon fils m’a dépanné par un chauffagiste qu’il connaissait mais il m’a dit qu’il était très occupé et c’était exceptionnel.
Je ne vous souhaite pas de tomber en panne en ce moment.
Elena 2020

lundi 4 mai 2020

#lundi soleil

Mai 2020 : vert
vert : mon arrière petit-fils
Elena

vendredi 1 mai 2020

L’ETRANGER
Lorsqu’il est venu habiter la masure du père Vieney, il a juste dit « Je ne suis pas d’ici » depuis les gens l’appelaient « L’étranger » Il parlait très mal le français, parfois sa femme traduisait à sa place, elle était française. L’épouse faisait des ménages, leurs deux fillettes allaient à l’école puis à la garderie, l’étranger faisait des petits travaux au noir, il n’avait pas encore l’autorisation de vivre en France.
Il était très bricoleur, savait poser le carrelage, monter un mur en ciment, connaissait la plomberie et l’été il débroussaillait les champs du village et des environs.
Le couple avait arrangé la masure, colmaté les trous et vivait assez bien. A mon tour je lui avais demandé des travaux dans le grenier, arranger une pièce supplémentaire. Il venait le matin, rentrait manger chez lui et revenait l’après-midi, le soir sa femme venait le chercher avec les enfants en voiture, il n’avait pas de permis. Les enfants attendaient dans la voiture poliment, je les ai fait entrer et jouer dans le jardin, ils étaient polis et gentils. Un jour nous avons discuté pendant qu’il travaillait, il m’a dit qu’il était grec d’un côté et polonais de l’autre, avec une goutte de sang juif et une goutte venant d’Ukraine. Il m’avoua ne parler que le grec et le français. En Grèce il travaillait dans un cirque. Je voulais savoir pourquoi il n’était pas resté, il a ri en disant :
  • Je suis l’étranger, trop de sang mêlé dans les veines
Sa réponse me laissa perplexe, j’avais remarqué qu’il portait l’alliance à droite, comme les Grecs, je ne comprenais pas pourquoi il avait quitté son pays ? Il m’intriguait, je décidai de demander à son épouse, il arrivait qu’elle reste avec moi le temps qu’il finisse son travail. C’est ainsi qu’elle m’apprit qu’en Grèce on le considérait comme un étranger, son père venait d’Ukraine et parlait mal le grec, il aurait mieux valu le contraire. Par contre, elle ne me dit pas pourquoi il avait quitté le cirque ni son pays d’origine, il était né en Grèce.
Nous les voyons dans différents villages avoisinants travailler à l’extérieur, son épouse venir le chercher et les enfants toujours tranquilles.
L’étranger vivait dans la masure de Vianey depuis un an déjà, je le voyais en passant en voiture, lorsque j’allais faire des courses. Les enfants jouaient avec d’autres enfants, ils semblaient s’être adaptés au village.
Dans l’ensemble, les gens étaient contents de ses services, ils payaient moins chers, l’homme travaillait bien, on n’avait rien à lui reprocher.
Le travail au noir pose toujours un problème : il rend jaloux ceux qui travaillent en payant des impôts, en gagnant moins sans prendre de risques.
Je l’avais conseillé à ma voisine de droite, une vieille dame veuve, elle avait besoin de refaire son sol. L’étranger était accompagné par sa femme, elle était repartie et le soir elle l’attendait devant la porte. Parfois elle venait avant ou plus tard, selon l’heure où elle finissait ses ménages. Son travail était régulier, elle ne travaillait pas au noir. Bonne précaution, ayant deux enfants, elle ne voulait pas prendre de risques.
C’est chez ma voisine que j’ai su qu’elle l’avait rencontré au cirque, il n’exerçait plus mais ça lui manquait et dès qu’il y avait un cirque dans un village il essayait d’y aller, parfois il leur donnait un coup de main tellement il était heureux de se retrouver parmi eux. Je la questionnai, j’ai su qu’elle l’avait vu marcher sur la tête, faire des sauts un peu spéciaux… A ce moment il était venu et elle s’est tue immédiatement. Il ne dit rien, j’ai eu l’impression que cela ne lui plaisait pas de trop.
L’étranger avait fait des efforts pour comprendre et se faire comprendre, il connaissait bien l’anglais mais dans les villages français peu de gens parlent anglais, parfois un enfant traduisait.
Un jour sa fille aînée, était restée avec moi, nous avions promené mes chiens ensemble, elle me dit :
  • Mon père n’a pas de patrie
  • Il est grec pourtant
  • Je sais, mais je ne suis pas sûre qu’il se sente grec, il dit qu’il est partout « Etranger » Il aimerait que nous restions françaises, c’est trop dur !
Etonnée, je lui demandai ce qui était dur pour son père ? Elle me regarda et dit :
  • Vivre et ne pas faire partie du pays, ne pas comprendre, se sentir humilié, voir la pitié…
Je ne savais plus quoi répondre, comment changer cet état d’esprit, je ne savais pas s’il avait cette impression ou si les autres le lui faisaient sentir ?
En revenant de promenade, son père lui fit remarquer qu’il est tard, ils partirent aussitôt, sa femme conduisait. Je la sentis ennuyée, elle n’aurait pas dû laisser sa fille venir avec moi. Cette impression se confirma la fois suivante, quand je proposai à la petite de m’accompagner, sa mère refusa prétextant qu’elle allait étudier dans la voiture, je n’insistai pas.
L’étranger vécut 18 mois tranquille, dans un village voisin. Il travaillait, parlait peu, attendait sa femme pour rentrer chez lui.
Tous étaient discrets dans l’ensemble et le peu que j’appris les autres ne le savaient pas.
Un jour, l’étranger travaillait sur un toit, il remettait les tuiles de la mère Damien, le vent les avaient fait tomber, son maçon était débordé par des dégâts plus importants, elle avait trouvé plus simple de demander à l’étranger. Cet argent permettait à l’étranger d’économiser pour arranger la masure, il comptait l’acheter et l’arranger en jolie maison pour sa famille.
Le lendemain je vis les gendarmes rôder dans le village, ils posaient plein de questions sur l’étranger, du genre
  • As-t-il travaillé chez vous, que savez-vous de lui, d’où venait-il et j’en passe…
Comme les autres je dis le strict nécessaire. J’allais voir ma voisine, elle pensait qu’il avait été dénoncé pour son travail au noir, sans doute un maçon qui avait été remplacé par lui.
Quelques jours passèrent, on ne vit plus l’étranger, la masure était fermée. Etonnée, je me renseignai auprès des voisins du village ils dirent que les gendarmes sont venus le chercher, la femme et les filles sont retournées dans la famille de l’épouse. Je demandai pourquoi on l’avait arrêté ?
  • Il était poursuivi comme trafiquant de drogue, dirent certains
  • Il avait volé les Bertrant, son prix était plus cher que prévu dit un autre
  • Il n’avait pas dit qu’il n’avait pas la carte de séjour, on ne l’aurait pas pris dit encore une personne.
L’étranger n’a plus reparu, les travaux faits ne semblaient plus aussi bien, les prix n’étaient pas intéressants puisque sa femme venait le chercher et il partait souvent avant l’heure.
Je ne me plaignais pas, tout avait été bien fait, ma voisine trouva son sol mal fait et fit venir son maçon.
Tour à fait par hasard, je tombai sur sa femme, je lui demandai comment allait son époux, elle me répondit :
  • il a quitté la France
  • Comment, et vous ?
  • Il n’avait pas la permission de vivre en France, c’est pour ça qu’il vivait à la campagne, il a été dénoncé pour avoir travaillé au noir. Les gendarmes sont venus le chercher et l’ont ramené en Grèce.
  • Et vous, vous n’avez pas pu le suivre ?
  • Non, je suis française, il m’a écrit qu’il va essayer d’avoir un visa pour venir, je n’y crois pas de trop. Pour la drogue c’est vrai mais il a payé, il est allé en prison, depuis jamais il n’y a touché. Je me demande comment ils ont pu savoir ?
Elle pleurait disant qu’elle l’avait prévenu que les gens n’aiment pas les gens d’ailleurs. Elle s’était réfugiée chez ses parents car on attaquait ses filles, disant que son père travaillait mal, qu’il était un escroc, qu’il ferait de la prison…
Maintenant je dois oublier, mes filles aussi tout en souhaitant le retrouver un jour, j’ai envoyé une lettre en Grèce, après je n’ai plus continué, s’il se cache, je ne veux plus qu’on le dénonce, surtout pas par moi.
L’étranger n’est plus revenu, l’épouse vécut chez ses parents, elle éleva seule ses enfants, il ne lui donna plus signe de vie, pourtant, un jour elle disparut à son tour...
Elena