mardi 30 juillet 2013

Anna Akhmatova


Vous trouverez tous les renseignements sur elle sur internet, je veux raconter comment je l’ai connue.
J’avais une amie de plus de 80 ans qui fut amie avec la poétesse, elle avait des disques d’elle où Akhmatova récitait ses poèmes. Celle-ci était amie avec une autre poétesse Olga Bergoltz et mon amie avait aussi un disque d’Olga. Mon amie me raconta qu’Anna n’avait pas voulu se mouiller pendant la révolution, elle réussit assez bien à passer à travers le filet. Pendant la guerre, elle témoigne du siège de Leningrad et écrit « Courage » Peu de temps après elle fut radiée de l’Union des écrivains. Elle fut considérée comme la plus grande poétesse du XXe siècle. J’écoutais sa voix, on sentait qu’elle était de bonne famille, elle chantait plus qu’elle ne parlait mais je trouvais que c’était assez monocorde alors qu’Olga, moins connue, avait une voix qui tonnait, frappait et on ne pouvait pas y rester indifférente.
Mon amie m’offrit les 2 disques, je les ai pris mais en même temps j’ai préféré lire leurs livres et là j’ai apprécié Akhmatova, je l’ai comprise et aimée en tant que poétesse ! Elle écrivit pour les femmes et l’avenir, elle ne tricha jamais. Elle voulut rester dans son pays pendant la révolution tout comme elle refusa d’écrire des poèmes révolutionnaires sur ordre. Son honnêteté d’écrivain fit qu’elle fut respectée par les intellectuels et les poètes débutants s’inspirèrent de son exemple.

Elena 

lundi 29 juillet 2013

EFFROI


Elle dormait quand soudain un bruit insolite la réveilla, elle ouvrit un œil et se sentit envahie par la peur. Elle vivait seule, son chien vivant dehors il n’avait pas aboyé, le bruit s’intensifiait, elle n’arrivait pas à le localiser.
Elle prit le couteau de boucher et s’approcha de la cuisine, elle alluma les lampes extérieures, et là elle vit une ombre s’enfuyant. Ce n’était pas un humain, un animal sans doute, elle décida de se recoucher.
Le sommeil ne venait pas, les bruits extérieurs se faisaient de plus en plus intenses, elle se leva et regarda par la fenêtre ; elle se sentit effrayés sans pouvoir bouger. Elle vit son chien, mort déchiqueté et plus loin,  un animal mangeant un os de son chien ; elle n’arriva pas à reconnaître l’animal, la peur devenait intenable, l’inconnu fait toujours peur !
Elle vérifia les portes, elles étaient bien fermées, elle regretta d’être en panne de téléphone, on devait réparer la ligne le lendemain. Elle prit son courage à deux mains et retourna se coucher en se cachant sous les draps.
Le lendemain, elle fut réveillée par les ouvriers venus pour le téléphone, elle mit sa robe de chambre et leur ouvrit, elle put voir son chien dépecé et plus loin des pas, elle les montra aux ouvriers qui dirent :
-         Pauvre bête, il y a un lion qui s’est échappé de chez vos voisins, les pompiers l’ont retrouvé  et l’ont emmené dans un zoo ;
-         C’était un lion ?
-         Oui, heureusement qu’ils l’ont capturé, quelle idée d’avoir un animal sauvage chez soi !
Elle sourit soulagée, puis une larme coula sur sa joue, son chien n’y a pas échappé, elle râla contre ses voisins puis alla déjeuner.

Elena  

vendredi 26 juillet 2013

RECOLTE



Telle une abeille ardente et se gorgeant de miel
Je prends pour commencer mille reflets du ciel,
Le parfum du lilas, la senteur de la rose,
Le papillon qui naît d’une métamorphose...
Je capte le cristal de l’angélus fervent
Le chant de la sirène apporté par le vent,
Celui du rossignol qui berce la nuit brune,
Et guette le sourire imprécis de la lune.
Je m’efforce à saisir la beauté de la nuit
Où l’étoile parfois se décroche et s’enfuit,
A garder pure en moi, la blancheur de la neige,
Le nacre du nuage ou l’or se désagrège.
Elena

 

jeudi 25 juillet 2013

ECOLE


Paul venait d’avoir six ans, il rentrait au CP. Sa maman lui avait dit :
-         En rentrant de l’école nous fêterons ton anniversaire !
-         A l’école ils vont me le fêter ?
-         Non, pas cette année, tu es à l’école des grands.
Il était triste en entrant en classe, les autres années sa maîtresse lui fêtait avec ses copains, il avait même des bonbons !
L’instituteur l’interpella :
-         Tu n’écoutes pas ce que je dis Paul !
-         oui Monsieur !
Toute la matinée, Paul fut un peu distrait, ses copains de maternelle avaient oublié qu’il avait six ans,  Vincent était pourtant invité à venir chez lui mais il ne lui a rien souhaité.
A midi, il mangeait à la cantine, il était assis à la même table que ses copains de l’an dernier. Ils parlèrent des nouveaux cours qu’ils auraient, du maître et d’autres choses… Paul restait silencieux, la larme à l’œil !
A la fin du repas, une femme de cantine vint apporter un gâteau à la table de Paul :
-         Bon  anniversaire !
-         Merci dit Paul en rougissant !
Sa maman ne lui avait pas dit qu’à l’école privée où il allait, on fêtait les anniversaires, c’était une surprise.
Paul riait, il partagea avec toute la table et le reste de la journée il fut gai comme un pinson !

Elena 

mardi 23 juillet 2013

EN 2025


Ils se tenaient tous devant des cars, d’un haut parleur on entendit une voix :
-         Les hommes et les femmes nommés monteront dans le car qui va à Paris, les autres attendront leurs noms. Les hommes et les femmes ayant le N° 1 devront s’asseoir côte à côte, les deux etc.…
Fleur se demanda à quoi ressemblerait son futur mari, elle était assise et surveillait les hommes qui montaient. Tous paraissaient moins de 45 ans, les nouveaux traitements faisaient qu’ils n’y avaient plus de personnes âgées. Bien sûr, des gens mourraient, étaient malades mais leur apparence restait toujours jeune, ce qui fait qu’on ne savait pas si on allait tomber sur un homme réellement d’une quarantaine d’années ou de 60 ans ou plus.  Dans le car ils avaient tous 65 ans et plus, ils étaient tous des retraités envoyés à différents endroits.
La nouvelle loi ne voulait plus voir de célibataires, la vie en commun était obligatoire pour s’entraider dans la vieillesse. Les couples homosexuels étaient dirigés vers d’autres cars.
Un bel homme brun vint s’asseoir près de fleur, il l’examina avec curiosité. Les couples étaient choisis par ordinateur d’après des données sur chaque personne :
-         Essayons de savoir ce que nous avons de commun,  voulez-vous ?
-         J’aime Paris et je suppose que vous aussi sinon nous ne serions pas dans ce car dit Fleur. Ils rirent et elle put voir qu’il avait de belles dents.
-         Je m’appelle Olivier et je suis esthète et vous ?
-         Fleur et,  j’aime aussi les belles choses comme l’art, la littérature, la musique, le théâtre. …
-         Ne cherchez pas plus loin vous avez trouvé tout ce qui nous réunissait !
-         Où habiterons-nous ?
-         Près du musée Rodin d’après mes informations, c’est un coin tranquille et pas loin des quartiers animés.
-         Avez-vous des enfants, moi j’ai un fils qui  vit dans le Sud, il est de mon premier mari décédé il y a cinq ans.
-         Je suis divorcé et j’ai également un fils mais on ne se voit que 2 ou 3 fois par an mais on s’aime beaucoup.
-         Comme moi, répondit Fleur !
Quand le car arriva à Paris ils se connaissaient aussi bien que s’ils avaient vécu ensemble durant dix ans. Ils prirent leurs bagages, les meubles étaient déjà dans l’appartement qui leur était réservé et ils prirent un taxi pour rentrer. Le lieu leur sembla familier et ils ne furent pas dépaysés. Quelques jours plus tard  ils savaient qu’ils étaient faits pour vivre ensemble et peu importait leur âge réel. Au bout de 18 mois ils divorcèrent car ils n’avaient pas un caractère complémentaire mais réagissaient de la même manière.
Elena 2013




lundi 22 juillet 2013

VERIDIQUE


Aide soignante :
-         Nous allons prendre votre tension…
Moi :
-         Non, pas sur le bras, j’ai emmené le mien qui se prend au poignet, c’est à cause de ma PR qui me fait souffrir au bras.
Aide soignante :
-         Alors faites-le toute seule, je ne connais pas.
Moi :
-         Je le mets mais après il suffit de mettre sur ON et regarder les chiffres, je ne peux pas le faire car j’ai un œil qui voit de loin et l’autre ne voit pas, mon mari a ramené mes lunettes.
Aide soignante :
-         Je ne comprends rien, je ne m’en suis jamais servie !
Moi :
-         L’anesthésiste l’a demandé dans mon dossier, il sait combien j’ai souffert l’autre fois et il m’a promis que cette fois on me prendrait la tension au poignet et si vous n’y arrivez pas alors demandez à l’infirmière si elle peut venir svp.
A ce moment mon mari est revenu et l’aide soignante s’est plainte que mon tensiomètre ne fonctionnait pas, mon mari lui a montré comment faire et ma tension était tout à fait plausible. Ensuite, je me suis fait opérer et l’anesthésiste a pris son tensiomètre au poignet puis il a testé le mien et m’a dit :
      -  il est pas mal du tout, nous trouvons pour ainsi dire la même chose !
Au retour, l’aide soignante me demanda de prendre ma tension quand mon mari reviendrait, elle a eu raison car j’avais 8 max et l’infirmière ne m’aurait pas laissé sortir mais je lui ai dit que j’avais 11 et j’ai pu sortir. Je me suis remise à la maison avec ma fille et mes 2 petits-enfants qui l’ont aidé ainsi que mon époux.
Le chirurgien a très bien fait son travail ainsi que son équipe mais l’aide soignante n’était pas très futée.
Elena 2013




lundi 15 juillet 2013

PAUSE OPERATION


Mardi on m’opère de l’autre œil, puis ma fille vient avec deux de ses enfants et je reviendrai que lorsque ma vue sera correcte et que je ne fatiguerai pas sur l’écran. Et, après le départ de ma fille et mes petits-enfants, pas plus d’une semaine.

A bientôt !

samedi 13 juillet 2013

Adieu Russie (fin)


Alexis y rencontra Troyat mais ils quittèrent ce cercle dès qu’il y eut la question « Devrait-il être pro soviétique ou pro tsariste ?
La communauté russe permettait de se retrouver, d’aller voir un film russe, manger un plat russe entre amis. Si la plupart des Russes refusaient de critiquer le pays qui les a accueillis, ils vivaient entre eux et avaient peu d’amis français.
Eugénie tenait un salon, les familles les plus nobles s’y réunissaient ainsi que les Romanov vivant en France. Elle avait appris à bien cuisiner et ses plats valaient ceux de sa cuisinière en Russie. Elle devait compter et pour cela elle cuisinait beaucoup, cela revenait moins cher. Elle achetait de la viande par petite quantité pour les pirojki ou de basse qualité pour le bortsch, elle n’avait pas les moyens de faire du poulet.
Ceci-dit la famille sortait beaucoup, autant qu’elle recevait, ils refaisaient le monde mais surtout rêvaient de retourner dans leur pays, sans trop y croire.
Souvent Eugénie revoyait leur propriété aussi grande qu’une petite ville, on ne pouvait pas y faire le tour à pied. Elle se souvenait des bals à la cour mais aussi les autres. Elle avait été une jolie femme ayant beaucoup de charme, elle fut toujours très entourée, au moment de connaître Michel elle était courtisée par deux autres prétendants, Michel a eu sa faveur grâce à son sérieux. Elle voulait se stabiliser et avoir d’autres enfants. Leur couple était très solide, rien ne pouvait l’ébranler !
Le soir Michel lisait un livre ou le journal à voix haute pendant qu’Eugénie brodait ou tricotait.
Alexis se maria le premier en 1928, il quitta le logement pour aller vivre dans un petit appartement à Paris avec Véra, sa femme. Les garçons avaient obtenu une bourse et continuaient leurs études.
En 1931 Véra quitta Alexis lui laissant une petite fille, Natacha, il revint vivre chez sa mère avec la petite. Michel et les fils décidèrent d’acheter un grand appartement pour toute la famille à Issy les Moulineaux. Tous y participèrent, l’appartement se trouvait, 1 rue Claude Matrat, c’était un endroit calme ; il était au 1er étage et comportait sept pièces, une salle de bain, cuisine etc…
Lorsque Wladimir et Georges se marièrent, ils vécurent un certain temps dans l’appartement familial, puis les belles sœurs se débrouillèrent pour déménager, leur belle-mère était trop accaparante avec ses fils.
Un peu avant le service militaire Michel décida que ses fils devaient prendre la nationalité française pour accomplir leur devoir de citoyen vivant en France.
Il n’y a qu’Alexis qui refusa de devenir français, il prit le passeport soviétique sans le dire à sa mère, de peur de la voir fâchée.
Au début de la guerre les fils étaient fiancés ou mariés, ils étaient français et avaient fait leur service militaire. Georges fut prisonnier par les Allemands, il réussit à s’enfuir et rentrer en France.
Le début de la guerre causa du tracas aux Russes immigrés, les Français faisaient l’amalgame pour le pacte de non-agression des Soviétiques, et les Russes vivant en France qui n’avaient rien à voir avec les Soviétiques en pâtissaient.
 Faire la queue devint difficile pour Eugénie, on la traitait de « sale Russe » parfois on refusait de lui donner du pain, sa petite fille faisait les courses à sa place.
A la fin de la guerre, il y eut un nouvel arrivage de Russes, ils étaient soviétiques revenant des prisons allemandes et craignant les représailles du petit père Staline, ils demandèrent asile en France.
Les nouveaux russes ne furent pas acceptés par les autres, ils étaient considérés comme frustres, ayant des mauvaises manières, leur langage n’était plus aussi pur, on les reconnaissait au parler. Il y eut deux communautés ne se parlant pas ou peu !
Alexis se remit avec sa femme Véra, n’ayant pas divorcé, il avait eu une relation avec elle au hasard d’une rencontre, elle tomba enceinte, il décida de rester avec Véra. Eugénie ne lui pardonna pas et ne voulut pas voir la petite à la naissance, Alyona, c’est Michel qui assista à son baptême.
Georges et Wladimir eurent des enfants à la même époque. La guerre finit enfin et la vie fut plus facile pour les familles russes d’autant que les Russes n’étaient plus des ennemis mais des sauveurs tout comme les Américains.
Les clubs, colonies et même églises étaient divisées entre prosoviétiques ou tsaristes, dans certains camps on chantait l’hymne tsariste. Les enfants apprenaient des anciennes lettres en russe alors qu’on ne les trouvait plus dans les livres.
Alexis acheta une radio qui pouvait capter Moscou, surtout le matin ou tard le soir. Ils écoutaient les programmes, certains contes étaient intéressants mais la propagande existait, ils avaient entendu comment les commentateurs demandaient aux enfants de dénoncer leurs parents pour certains propos.
Alexis et Véra gardèrent le passeport soviétique mais ils n’étaient pas communistes et se méfiaient tout en trouvant que beaucoup de progrès avait été fait pour le peuple.
Eugénie était très pieuse tout comme son mari, ils étaient restés de vieux tsaristes. Eugénie finit par revoir sa belle fille et Alyona, elle les invitait régulièrement pour les fêtes en même temps que les autres petits-enfants, tous se tiennent à trois ans d’écart.
Une riche amie d’Eugénie avait acheté une maison avec un grand terrain à Poigny, elle n’y allait pas souvent et la louait à bas prix à Eugénie. L’été toute la famille s’y retrouvait, il y avait une petite maison de deux pièces en plus, Alexis et sa famille y logeaient. Eugénie menait les enfants d’une main ferme, tous les matins ils étudiaient avec elles, dans le jardin s’il faisait beau sinon dans la maison. Elle disait :
-         Nous allons apprendre « La cigale et la fourmi » Elle donnait le nom du traducteur et omettait le nom de l’auteur.
Les enfants devaient l’apprendre en russe. Il y avait aussi le catéchisme, Alexis et sa femme n’étaient pas croyants mais n’en parlaient pas et laissaient leurs enfants apprendre le catéchisme en russe. Eugénie aimait raconter sa vie d’avant, elle parlait de la tsarine et de ses filles, racontait leur vie quotidienne. Pour les enfants c’était un monde qu’ils ne comprenaient pas, tellement il était si loin de la réalité.
En 1946, le gouvernement russe demanda aux français d’origine russe de revenir dans leur pays, promettant des postes élevés, ils avaient besoin d’intellectuels. Il y eut pas mal de jeunes qui partirent plein d’espoir. Ils se retrouvèrent dans des Kolkhozes et ce durant des années avant que certains retrouvent un poste digne de leur capacité. Certains réussirent à prévenir la famille mais la correspondance devenait pour ainsi dire impossible et y aller aussi !
Les enfants d’Eugénie se marièrent avec des jeunes filles d’origine russe, dans les autres familles aussi. Il y eut bien quelques mariages mixtes mais très peu !
A la seconde génération il y eut la moitié des couples ayant des origines russes et la moitié qui se mariait avec un Français ou d’un autre pays.
En 1951 mourut Michel, il y eut un très grand enterrement avec un monde fou, il fut enterré à Sainte-Geneviève des Bois, le cimetière le plus célèbre pour les Russes.
C’est aussi à cette époque que Véra quitta Alexis pour la seconde fois, lui laissant Alyona, l’aînée étant mariée.
Alexis retourna vivre avec sa mère, il laissa sa fille un an en Haute-Savoie puis la reprit et Eugénie l’éleva.
Un an plus tard Eugénie mourut à son tour d’un cancer et l’appartement fut vendu et la somme partagée entre les frères. Alexis avait mis moins que ses frères et n’eut qu’une petite part, il trouva un logement sans fenêtres à Vanves.
Les trois frères purent retourner en Russie, Georges était même directeur du musée Pouchkine, il avait fait don de beaucoup d’objets appartenant à la famille, il y allait de temps en temps et était très bien reçu. Wladimir y alla en tant que touriste et Alexis y retourna avant de mourir. Il revit l’ancienne maison à Leningrad, la petite fille de Pouchkine, il revint content de son voyage mais savait qu’il ne pourrait pas vivre là-bas.
Par contre, à chaque fois qu’un ballet russe ou l’armée des cœurs soviétiques venait à Paris Alexis y emmenait sa fille.
La famille s’habitua au nouveau pays, la génération suivante fit des mariages mixtes, les enfants ne parlaient plus le russe ou très mal. Ilz étaient parfaitement intégré à la France.
FIN


vendredi 12 juillet 2013

suite d'Adieu Russie

II – Ils allèrent au bureau des réfugiés russes, Boussia leur avait donné l’adresse. Il y avait  un monde fou dans l’établissement, ils durent demander plusieurs fois leur chemin, enfin ils se trouvèrent devant le bon bureau. L’employé prit leurs coordonnées, il leur expliqua poliment :
-         Nous ne pouvons pas loger tout le monde, vous serez dans les baraquements en face, si vous trouvez du travail, prévenez-nous. Au bout d’un certain temps nous vous dirigerons vers un autre pays si vous ne trouvez pas.
-         Mais nous parlons essentiellement l’allemand dit Michel ;
-         Nous n’avons pas le choix !
Ils ressortirent et se dirigèrent avec les papiers vers les baraquements, on leur avait dit qu’ils auraient une pièce par famille mais un lit pour chaque enfant. Ils se regardèrent dépités ! La pièce n’était pas trop grande, on pouvait mettre un rideau de séparation. Ils pouvaient cuisiner dans une cuisine commune ou prendre les repas avec les autres pour un ticket à prix modéré. Ils décidèrent de faire selon leur choix, le premier soir ils allèrent à la cantine, ils voulaient voir s’ils ne trouvaient pas d’autres connaissances.
Ils reconnurent plusieurs familles, ne plus se retrouver seul les aida moralement, ils se retrouvaient à plusieurs et faisaient des projets, refaisaient également le monde ; ils se croyaient presque à Petersburg !
Eugénie avait suivi des cours d’infirmière en même temps que la tsarine, elle avait son diplôme et trouva du travail en premier, Michel n’avait pas trouvé de travail, ils habitaient toujours dans les baraquements. Ce fut à cette époque qu’ils entendirent parler d’Alexis, il cherchait sa famille depuis un certain temps. Des amis lui indiquèrent où il pouvait les retrouver.
Quand il frappa à la porte, Eugénie ouvrit et s’évanouit à sa vue. Elle avait eu un fils très beau et là elle retrouvait un fils défiguré, il avait tout juste vingt deux ans. Elle alla trouver le grand-oncle du tsar, Nicolas Romanov et lui expliqua dans quel état se trouvait Alexis. Il proposa de payer les opérations pour refaire un visage correct à son fils. Alexis accepta stoïquement treize opérations du nez, puis il s’écria :
-         Peu importe mon physique, je ne veux plus qu’on me touche !
Aucun argument ne le fléchit et il resta brûlé par le tank.
Alexis était officier, il se trouvait dans le tank quand il prit feu. Responsable, il sortit après les autres, il n’y eut qu’un vivant c’était lui, il se traîna durant deux jours dans la neige jusqu’au prochain campement. L’infirmière s’évanouit en le voyant tellement il était défiguré, le médecin le soigna de son mieux et le conseilla de se faire opérer. Alexis partit à pied à la recherche de ses parents. En Pologne il rencontra une jeune femme chez qui il vécut quelques mois, cela le réconforta, il était un homme même défiguré. Puis il passa chez les cousins Boussia et apprit que sa famille se trouvait en Allemagne. Il réussit à les rejoindre après des longues marches à pied. Il y avait bien eu des officiers soviétiques qui voulurent l’embaucher pour faire travailler leur armée, il se sauva un mois après, il voulait retrouver sa famille.
Alexis n’était pas un V… mais B… il descendait d’un Khan tatar Mengli Guereï. Son père donnait des cours de mathématiques au lycée Smolnoï, là où se trouvaient les jeunes filles nobles, il tomba amoureux d’Eugénie qui avait quinze ans. Les parents acceptèrent qu’elle se marie à seize ans et à dix-sept elle eut son fils.
A cinq ans son père Nicolas fit une légère déprime en faisant des recherches mathématiques, il alla dans une maison de repos. Un jour il prit une barque et se noya, il ne savait pas nager, sa femme se trouva veuve à vingt deux ans.
Elle se remaria neuf ans plus tard avec un homme ayant dix ans de moins qu’elle, la famille de Michel était généreuse et s’occupa d’Alexis pendant les deux ans que durèrent leur voyage de noce en Europe.
Après les premiers moments de joie pour les retrouvailles, la promiscuité se fit sentir. Eugénie alla au bureau d’aide pour essayer d’avoir une pièce supplémentaire, l’agent regarda le dossier et décréta :
-         Cela fait trop longtemps que vous êtes chez nous sans que votre époux travaille, nous allons vous envoyer en France ;
-         Mais nous parlons mieux en allemand !
-         Désolée madame, je n’ai pas le choix.
Eugénie avait beau être têtue elle n’obtint rien, ils avaient un mois pour quitter le pays pour la France.
Michel fut un peu déçu, Alexis et les garçons aussi, d’autres familles devaient partir pour la France prochainement, ils en connaissaient plusieurs.
Le temps passa vite, ils se retrouvèrent à la gare direction Paris. Eugénie dit à Michel :
-         Te souviens-tu de Maxim’s ?
-         N’y pense plus,  nous n’aurons plus les moyens d’y aller répondit-il en souriant !
Le voyage se passa bien, ils se retrouvèrent dans un baraquement provisoire, le temps qu’ils aient un travail, mais il ne fallait pas tarder.


III – Eugénie inscrivit les enfants à l’école, ils avaient quelques problèmes en français mais l’instituteur dit que ça devrait s’arranger rapidement. Alexis aurait bien aimé reprendre des études, il avait fait cadet uniquement à cause de la guerre mais il fallait élever ses petits frères et sa mère avait déjà vendu ses bijoux, il lui en restait très peu. L’argent filait plus vite que les rentrées ! Michel et Alexis travaillèrent un moment comme porteur à la gare du Nord, ils rougissaient de honte lorsqu’on leur donnait un pourboire.
Chacun d’eux chercha un travail plus intéressant, Michel réussit à trouver du travail dans une imprimerie, ce n’était pas trop fatigant et il pouvait ramener du papier chez lui. Alors Alexis décida d’apprendre le métier de chauffeur de taxi, ses amis l’y poussaient. Il est vrai qu’il serait indépendant, plus de patron, il s’accrocha ferme et réussit ses examens. Au début il travailla pour une société mais très vite il économisa pour son propre taxi et y réussit !
Ils s’installèrent dans un appartement plus spacieux ! Les garçons avaient une chambre pour eux et pouvaient étudier tranquillement, Alexis dormait dans la salle à manger et il restait une chambre pour Michel et Eugénie. Tous les jours ils recevaient des nouvelles par un journal russe « La pensée russe » Ils s’étaient abonnés, ainsi ils savaient ce qui se passaient en Russie. Malheureusement les bolcheviques tenaient le pays. Au début Eugénie pouvait correspondre avec sa sœur, elle était même venue la voir, d’autres amis aussi écrivaient, ils ne voulaient pas partir. Puis les lettres s’espacèrent et la censure empêcha la correspondance durant de nombreuses années.
Le gouvernement donnait le passeport Nansen, certains prirent le passeport soviétique, tout en désirant vivre en France. Il y eut même des divergences parmi les émigrés. Il y avait une forte communauté à Paris ainsi qu’à Nice, les Russes avaient leurs églises orthodoxes, au moins cinq à Paris, leurs magasins avec des produits russes, leurs restaurants, cabarets, il y avait aussi des maisons de retraite russes ainsi que des colonies et autres organisations comme celle des écrivains « Les moldorossi »

(suite)

jeudi 11 juillet 2013

ADIEU RUSSIE (exil de mes grands-parents paternel)


        Pacha vint réveiller sa maîtresse, un homme attendant dans le salon. Eugénie regarda la pendule, il était une heure du matin ! Michel n’était plus dans le lit, inquiète,  elle descendit au salon. Elle le vit discuter avec son  bras droit, elle dit bonjour, son mari  lui fit signe de s’asseoir.
-         Vladimir Ivanovitch a eu vent que demain je serai arrêté sous de faux prétextes, il faut partir cette nuit.
-         Mais tu es gouverneur, on ne peut pas t’arrêter !
-         Ne perdons pas de temps, va préparer les garçons répondit Michel.
Eugénie courut réveiller la nounou des garçons, Michel la suivit, ils demandèrent des vêtements à leurs domestiques, Pacha cousit les bijoux et l’argent dans l’ourlet des robes et le costume de son maître, elle dit affolée :
-         Vous ne pouvez pas partir ainsi Barinya, on vous reconnaîtra !
-         Que conseilles-tu demanda Michel ?
-         Barine, il faut vous frotter les mains avec de la terre, cacher les cheveux sous un bonnet de paysan et parler comme eux, un foulard pour la barinya.
Michel se gratta la tête, « cela n’était pas si simple » Il regarda ses fils : Georges et Wladimir, ils avaient sept ans et demi et neuf ans, il leur expliqua qu’ils devaient rester sales et se taire à l’extérieur :
-         Des méchants nous recherchent et nous ne devons plus donner notre nom de famille mais nous appeler Voltinsky, c’est important, mes fils je compte sur vous !
Les enfants regardaient les parents un peu effarés, ils avaient été préservés de tous souci jusqu’ici, l’aîné décida de le prendre comme un jeu, il dit en souriant :
-         Je suis Georges Votinsky et mon père est vendeur !
-         Non, reprit Michel, artisan !
Ils finirent par être prêts, Eugénie regarda le domaine qui s’étendait à perte de vue, elle se demandait combien de temps elle devrait le quitter, Michel lui serra le bras gentiment, ses idées avaient rejoint les siennes.
Elle se souvint brusquement d’Alexis, comment pourra-t-il les retrouver ? Elle ne savait même pas où il se trouvait exactement ! Lyola, comme elle l’appelait, était son fils aîné, il avait vingt deux ans. Son père mourut quand il avait cinq ans, depuis, il vivait avec sa mère. Vint le beau-père et les petits frères, ce fut assez dur de l’accepter, il en souffrit mais elle ne pouvait pas l’aider. Aujourd’hui, il était lieutenant du tsar et donnait rarement de ses nouvelles à cause de la guerre et la révolution. Michel devina ses pensées, il lui dit :
-         Ne t’inquiète pas, il nous retrouvera, il n’y a pas énormément de gens s’appelant V… W… en Europe ! Elle sourit et se sentit rassurée.
La famille partit dans une charrette tirée par deux chevaux, Vania, le cocher les emmena jusqu’à la sortie du domaine.  Ils prirent leurs balluchons et marchèrent durant trois heures, les enfants n’en pouvaient plus. Michel leur fit remarquer qu’ils pouvaient rester sur la route et les bolcheviks les prendraient. Cette menace les fit avancer, le mot « bolchevik » était pire qu’un sorcier et ils avaient peur d’eux.
Eugénie lui dit en allemand :
-         Tu es dur avec les garçons ;
-         Je n’ai pas le choix, je ne peux pas les porter en plus des balluchons.
Il avait raison, elle soupira et se tut. Vers cinq heures du matin, ils s’arrêtèrent dans une clairière et mangèrent un peu. Michel expliqua :
-         Nous allons prendre le train, les enfants si on vous questionne donnez votre faux nom et surtout parlez le moins possible ou comme les enfants des domestiques.
-         Oui, papa firent-ils en cœur !
Michel avait un plan, il voulait rejoindre leur cousin en Pologne, pour l’instant elle n’était pas touchée mais il devait y aller indirectement.
Dans le train Eugénie ressemblait aux femmes des moujiks avec son foulard et la terre sur la figure et les mains, elle évitait de parler de peur de se couper, ne sachant pas imiter ses servantes. Michel avait le don d’observation, il savait imiter son cocher et ne craignait pas de se faire avoir. Qui aurait cru que le descendant direct de Pouchkine, voyageait habillé comme un moujik ?
A mi-chemin ils descendirent et marchèrent de nuit, le jour ils dormaient dans des auberges crasseuses, ainsi ils passaient incognito.
Enfin, Michel annonça que le lendemain ils prendraient le train qui mène en Pologne et s’arrêteraient chez leurs cousins Boussia à Byalistok.
-         Que diras-tu à la douane demande Eugénie inquiète ?
-         Je dirai que je viens travailler chez eux comme cocher !
Ils avaient le cœur battant en franchissant la douane, mais voyant leur mine le douanier crut à l’histoire du cocher et les laissa passer.
Aucune calèche ne voulut les prendre, tellement ils étaient sales, mais ils arrivèrent à destination après deux heures de marche.
La domestique faillit leur refermer la porte au nez, Michel dut insister pour qu’elle aille annoncer les V…
En les voyant Macha fronça les sourcils :
-         Je vous verrai après votre bain, ce ne sera pas du luxe et elle appela sa servante.
-         Sonia va préparer les bains pour tout ce petit monde.
Après leur bain, la famille se retrouva avec Pierre et Macha devant un bon repas, cela faisait plus d’un mois qu’ils n’avaient pas mangé à leur faim.
Pierre leur proposa l’hospitalité le temps nécessaire. La famille sourit, ils avaient vraiment besoin de repos, cette hospitalité n’était pas du luxe !
La famille Boussia avait un fils de dix ans, il s’appelait Vitia et s’entendait très bien avec les deux garçons. Ils se voyaient souvent l’été en Crimée, ils venaient dans leur domaine passer un mois environ, aujourd’hui c’était le contraire.
Au bout de trois semaines, Pierre arriva essoufflé et prenant Michel à part lui dit :
-         Il faut que vous partiez demain, il y a eu des indiscrétions et vous n’êtes plus tranquilles chez nous.
-         Merci pour tout, je vais me préparer répondit Michel soucieux.
-         Où irez-vous ?
-         En Allemagne, c’est le seul pays où l’on parle bien leur langue sans se faire remarquer !
Michel prévint sa femme et les enfants, ils préparèrent à nouveau leurs affaires. Cette fois-ci ils pouvaient porter des vêtements propres, ils diraient qu’ils étaient représentants de machines agricoles pour le compte de Boussia. Macha leur donna des provisions et ils se quittèrent tristement, Eugénie lui dit en partant :
-         Si Alexis passe n’oublie pas de lui dire que nous sommes en Allemagne !
-         Ne t’inquiète pas répondit sa cousine la larme à l’œil.
Il était temps de reprendre le chemin, heureusement qu’ils pouvaient prendre le train sans trop de risques, fini les longues marches.
Michel écourta les adieux, ils partirent vers la gare, le cocher les y conduisit. Ils devaient changer une fois puis aller directement à Berlin, il y avait un risque mais Michel estimait qu’il fallait essayer de le prendre.
Dans le train, ils parlèrent peu pour ne pas se faire remarquer, les enfants dormirent un peu, la tête appuyée sur leur mère. Les garçons parlaient mal l’allemand mais mieux que le français. On annonça la station de Berlin, en tant qu’étrangers on leur demanda leurs papiers et la raison de leur venue, Michel dit qu’il était représentant.
Ils purent entrer sans problèmes !

(suite)

mercredi 10 juillet 2013

L’ENCRE


Le poète est créé pour chanter, pour écrire,
En lui, la Muse verse un adoré tourment.
Il cisèle son vers, taille le diamant
Aux facettes d’esprit, de peine ou de sourire.

A l’orchestre divin il accorde sa lyre,
S’il cherche avec amour la Belle au bois dormant,
Il reste réceptif, ce doux prince charmant,
Pour clamer la tempête et la mer en délire.

Mais la vie est cruelle et ne l’épargne pas :
Les regrets et le deuil le suivent pas à pas…
Quand la douleur le tord comme un fer sur l’enclume,

Pour exprimer son sort et s’en rendre vainqueur,
Cherchant l’encre qu’il faut pour abreuver sa plume,
Le poète blessé la plonge dans son cœur !

Elena 2013

mardi 9 juillet 2013

LES VOISINS


Ils étaient si discrets qu’à part « bonjour, bonsoir » ils ne parlaient pas. Au début on voyait leurs trois petits-enfants dans le jardin qui donnait sur la route. Les petits enfants venaient deux par deux un week-end sur deux. Leur fils et belle fille venait également toutes les deux semaines. Il y avait les amis qu’ils recevaient et on les entendait jouer à la belote. Ils n’étaient jamais seuls les week-end,  quand ils n’avaient pas de visites c’est eux qui allaient chez des amis ou dans la famille.
En grandissant les enfants ne venaient plus qu’occasionnellement, le fils continuait à venir tous les 15 jours et les amis s’étaient réduits en compte, beaucoup ne conduisaient plus, d’autres s’étaient éteints.
Aujourd’hui, les petits-enfants ne viennent plus, le fils vient une fois par semaine faire les courses à sa mère, le père étant décédé. Les amis ne viennent plus, juste les voisins du village passent parfois prendre le café. La vieille voisine s’ennuie tellement qu’elle a envahie une autre voisine chez qui elle passe près de 4 heures par jours au grand désespoir de la voisine qui ne sait pas comment s’en dépêtrer.
Aujourd’hui quand on la rencontre la conversation dure plus d’une demi-heure et si on est pressé il faut la prévenir avec beaucoup de délicatesse pour ne pas la blesser.
Il n’y a plus de bruit dans le jardin par contre la télévision marche du matin jusqu’au soir.
On pense que c’est triste de vieillir ainsi mais qu’il n’est pas facile d’aider à part passer de temps en temps, l’inviter parfois tout en faisant attention de ne pas se retrouver envahi.

Elena 2013

lundi 8 juillet 2013

LE LOUP


Alain parcourait les steppes sibériennes, il était chercheur ; chaque marque de vie l’intéressait. Il notait tout pour ramener le maximum d’informations, à son retour son équipe en tirera les conclusions. Pour le moment il vivait dans une petite cabane, trouvée par hasard. Depuis hier un loup rôdait autour de la cabane, la nuit il l’entendait hurler, il en avait déjà vu au Canada et n’avait pas peur. Par contre ses chiens étaient effrayés, il en avait six et ne pouvait les faire rentrer dans la minuscule cabane, cela le contrariait.
« Un loup seul ne va pas attaquer une meute de chiens «  Pensa Alain pour se donner du courage. Sans ses chiens il ne pouvait plus continuer son expédition.
Au matin on pouvait voir les traces des pattes du loup, les chiens étaient attachés. Le loup avait fait le tour de la cabane puis il avait pris le chemin qui monte un talus.
 Alain le voyait dormir à cent mètres de la cabane, il était étonné par cette proximité et se demandait ce qu’il voulait, pourquoi était-il si prêt ? Il continua à vaquer à ses occupations, brusquement ses chiens se mirent à gémir, il se retourna et vit le loup le regardant fièrement ; ils étaient à moins de cinquante mètres l’un de l’autre. Alain commença a parler calmement, le loup ne bougeait pas, il n’avait pas peur. Alors il prit un morceau de viande et lui lança. Ses chiens ne pouvaient pas s’y approcher, le loup attrapa la viande et s’éloigna un peu pour la manger.
Il se sentit stupide, il ne devait pas nourrir un loup, l’animal devait se débrouiller seul, ce n’était pas à lui de le nourrir. Il savait que dans trois jours il retrouvait sa base et ses collègues en ville « Que fera le loup contre la faim ? «  Les autres jours il parlait au loup, celui-ci n’était plus qu’à dix mètres de lui, il venait souvent près de lui, même les chiens n’aboyaient plus. Parfois il lançait un morceau de viande mais pas régulièrement, cela le rendait mal à l’aise sachant que ses compagnons lui en feraient le reproche.
Le dernier jour, il se prépara pour son départ en ville. Le loup n’était pas loin, il suivait d’un air inquiet son déménagement. Alain était persuadé que le loup comprenait qu’ il allait partir et n’aurait plus de viandes.
Le traîneau était prêt, les chiens grognaient quand le loup s’approchait de trop près, il reculait puis revenait vers la meute. Enfin le départ eut lieu, Alain se retourna et vit le loup le suivre. Il cria :
-         Va-t-en, tu ne peux pas venir avec moi !
Le loup continuait à courir derrière le convoi, Alain lança une pierre ; le loup stoppa un moment. Quelques kilomètres plus loin il se trouvait derrière les chiens.
Arrivé aux abords de la ville, ses amis l’attendaient,  ils savaient qu’ensuite il serait très pris par une délégation venue de Moscou.
Quel ne fut pas l’étonnement du groupe français en voyant le loup suivre les chiens !
Philippe reçut son collègue à bras ouverts, il s’informa :
-         Tu as apprivoisé un loup ?
-         On peut dire ça comme çà,  il ne veut plus me quitter !
-         Mais je le reconnais dit Jacques, c’est le loup qui vit avec les hommes de la steppe, il fut apprivoisé par un inuit et depuis ne sait plus chasser. Il a dû suivre une louve, quand il t’a vu, il a attendu que tu le nourrisses !
-         C’est exactement ce que j’ai fait s’esclaffa Alain !
A partir de là le loup connaissait son chemin, il regarda fixement l’homme qui l’avait nourri comme pour le remercier,  ensuite il s’enfuit pour rejoindre le groupe inuit.
Elena








vendredi 5 juillet 2013

MELANIE BONIS


L’autre jour j’écoutais radio musique, c’était la semaine des compositrices, j’ai retenu un peu son histoire ; elle m’a marqué plus que les autres.
Mélanie est née au 19e siècle, elle était d’un milieu bourgeois, la musique l’attirait et elle apprit seule le piano jusqu’à 12 ans. Ses parents voyant sa persévérance, l’envoyèrent étudier la musique. Elle reçut un prix au conservatoire, elle compose un corpus, mais elle tombe aussi amoureuse d’un musicien.
Ses parents très pieux la font revenir vite fait, la marient, elle n’ose pas dire non, elle est croyante. Elle eut 3 enfants avec son mari, un jour elle eut l’occasion de retourner au conservatoire et retrouve son amour, ils deviennent amants, elle a une fille de lui qu’elle fait passer pour sa filleule.
Personne n’aurait rien su si son fils n’était tombé amoureux de la filleule, elle fut obligée de lui avouer que c’était sa demi-sœur.
Elle continua à jouer et composer puis en eut assez du machisme et composa de moins en moins.

Elena 

jeudi 4 juillet 2013

FAMILLE RONDET (peint par ma mère)


Ils étaient trois dans deux pièces, la cuisine était incorporée dans une pièce et les wc se trouvaient en bas de la maison. Le père travaillait à l’usine, il rentrait ivre presque tous les soirs,  la mère faisait quelques ménages, elle était effacée et subissait la violence de son mari ; combien de fois elle dormit dans l’escalier car son mari la chassait après l’avoir roué de coups. Il y avait un fils, il travaillait également à l’usine et économisait pour se tirer ailleurs, l’entente conjugale ne lui convenait pas.
Ma mère avait vécu non loin d’eux  et les connaissait, le visage terrifiant du père l’intéressa immédiatement pour peindre un tableau, elle voyait très bien la mère à ses côtés, elle avait tout d’une femme martyre. Le fils n’avait rien de spécial pour l’intéresser. Je me souviens, elle les invitait le matin pour les peindre, de préférence, avant qu’il ne commence à s’enivrer. Elle fit deux tableaux, un où ils étaient tous les deux et un autre ou elle peignit l’escalier et je tenais la rampe, je devais représenter le désespoir d’une petite jeune fille devant la violence parentale. J’avoue que sur le tableau je ne me reconnaissais guère, je n’en ai pas voulu, par contre les Rondet sont d’une telle ressemblance que j’ai froid au dos en les revoyant. J’étais mal à l’aise quand je le voyais, avec elle aussi. Ma mère l’avait peint seule, elle lui avait conseillé de le quitter, elle lui avait dit d’aller à la mairie pour trouver de l’aide, la pauvre femme disait toujours qu’elle réfléchirait, elle ne partait pas, elle dormait deux fois par semaine dans un escalier, personne ne s’en préoccupait.
Il mourut le premier, le fils garda le logement et la mère un certain temps, ensuite il se maria et partit. La mère continua à vivre chichement sur ses ménages, ni plus triste ni plus gaie. Elle avait toujours le même air tragique et soumis à la fois.

Elena 

mercredi 3 juillet 2013

CÂLINS DE CASSOPE


Cassiopé était un chat qui vivait beaucoup dehors, c’était un bon chasseur ; Par contre le matin et le soir il voulait son câlin et s’endormait dans mes bras un certain temps parfois long.
Le matin il attendait que j’aie déjeuné, souvent après lui, puis il s’installait sur le haut du fauteuil et m’attendait, quand je m’installais il se blottissait contre moi en ronronnant et je le câlinais, ensuite il s’endormait en boule sur mes genoux. Les jours où j’étais pressée et que j’écourtais la séance câlin il me boudait et le soir ne venait pas me voir.
Le soir en revenant à la maison, il dormait à l’intérieur, Cassiopé attendait sa seconde séance de câlins avant de s’endormir sur mes genoux, parfois durant l’émission à la télévision ou le film. Quand je n’avais pas le temps il se rabattait sur ma fille qui ne gigotait pas comme son frère et me faisait quand même la tête le lendemain car je ne lui ai pas consacré le temps nécessaire. Il savait se montrer rancunier même si parfois il en souffrait plus que nous.
Nous étions partis 8 jours en Turquie et l’avons laissé à notre fils qui vivait à la maison. A notre retour il n’a pas voulu que je le prenne dans les bras mais il ronronnait de plaisir sans céder et ne me fit sa grande séance câlins que le lendemain matin qui a duré plus que les autres jours.
Quand je revenais  en voiture il sautait sur mon épaule et rentrait avec moi de cette façon, il ne laissait pas mon mari lire le journal tant qu’il ne lui avait pas fait une séance de câlins. Il était un beau chat noir qui m’a manqué et après lui nous avons pris des chiens, car il est mort en mangeant le produit qui tue les limaces et d’autres chats aussi en sont morts.

Elena 2013 

mardi 2 juillet 2013

Plume et pinceau

   
La plume écrit des mots,
Des mots qui s’amoncellent…
Elle attend le pinceau,
Pour embellir les mots.
Les mots ne demandent rien,
Ils sortent sans un son.
Le pinceau vient orner
Les mots sortis en vrac,
Il va les décorer,
Les transformer en  amont.
Le peintre aime le pinceau,
Et, le poète la plume.
Les deux dans un essor
Vont se fusionner
Pour donner vie aux
Mots, sortis du corps.
Ainsi la plume et le pinceau
Seront complémentaires.
 Elena




lundi 1 juillet 2013

Le Bourgeois gentilhomme



Louis XIV avait invité les gouvernants turcs et il désespérait de les voir.
Enfin on annonça qu’une délégation turque avait accepté de venir. Le roi ordonna une fête luxueuse pour leur venue. La délégation fut reçue royalement !
Quel ne fut l’étonnement de sa majesté de voir avec quelle indifférence son hôte turc acceptait tout le luxe qu’il lui offrait !
Après la réception le roi apprit que son hôte n’était qu’un personnage subalterne, il en rit ! C’est ainsi que Louis XIV commanda à Molière et à Lully de créer une pièce musicale d’après cette anecdote. Le bourgeois gentilhomme était né

Elena