Après une fracture du pied Clotilde se
reposait sur son fauteuil, la jambe surélevée. Elle voyait sa bibliothèque bien
remplie et demandait à son mari ou son fils tel ou tel livre qu’elle relisait.
Pourtant un matin elle tiqua, elle était persuadée que sa bibliothèque était
moins fournie, mais comment vérifier quand on est clouée sur un fauteuil ?
Les jours suivants elle fut sûre qu’il
manquait des livres à la bibliothèque. Elle clopina avec ses cannes anglaises
et commença à fouiller dans le désordre des auteurs, ce fut une occasion de
ranger les livres par ordre alphabétique. Fait bizarre, elle ne trouvait plus
les livres commençant par « K » aucun Kessel, Kipling, Koestler,
Kenny ou autres…
Songeuse, elle vérifia si ses livres
étaient bien par ordre alphabétique et ne trouva rien d’anormal à part cette
disparition. Elle ne dit rien et attendit quelques jours, et quelle ne fut sa
surprise de voir qu’il n’y avait plus d’écrivain à la lettre « M »
Mitchell, Mauriac, Maurois, Musso…
N’y tenant plus Clotilde en fit part à son
époux qui fut très étonné, ils en parlèrent à leur fils Eric qui avait 15 ans
et sa surprise n’était pas feinte.
Tous les trois surveillaient la
bibliothèque et la diminution des livres continua, il manqua les livres en
« B » puis en « Z » Il n’y avait ni logique ni chronologie.
Une nuit Clotilde décida de dormir sur le canapé, elle avait le sommeil si
léger que si quelqu’un entrait elle serait réveillée immédiatement.
Elle attendit jusqu’à minuit dans le noir
puis s’endormit. Au matin elle trouva un livre ne lui apportant pas, « La
disparition des livres » Elle se mit à le lire fébrilement. Au fil des
pages elle comprit que si on avait une attitude indifférente vis-à-vis des
livres, ils disparaissaient et allaient s’installer ailleurs. Elle en fit part
à son mari et son fils qui pensèrent qu’on lui faisait une mauvaise
plaisanterie.
Clotilde, rangea à nouveau ses livres avec
plus de soin et observa les jours suivants. Au bout de dix jours tous les
livres étaient revenus. Depuis elle nettoyait chaque livre avec amour, le
rangeait à sa place et veillait à ce que son mari et son fils en fassent
autant.
Elena 2013