vendredi 28 juin 2013

LE NOIR


Au village il y avait un événement de taille, il faisait jaser depuis un mois. Figurez-vous que le père Foussais avait trouvé un nouveau locataire pour sa vieille maison, celui-là n’était pas comme tous les autres qui défilaient, il était noir !
Le père Foussais n’arrivait pas à vendre sa maison, il en demandait de trop, il avait résolu le problème en demandant un petit loyer conjugué de gros travaux à exécuter. Beaucoup passaient, restaient quelques mois, las ils repartaient. Cette fois le père Foussais avait dit :
-         Celui-là il va rester, il va même acheter la maison, je vous le dis !
Il y avait les sceptiques qui disaient :
-         C’est pas parce qu’il est noir qu’il travaillera mieux, je voudrais bien voir ça !
Les discussions allaient bon train, petit à petit la doyenne du village réussit à avoir une liste de renseignements sur le futur locataire, elle alla trouver Marie et lui dit :
-         Tu savais, toi, que le noir avait une femme blanche et un enfant ?
-         Non, et toi d’où le sais-tu ?
-         Je peux pas le dire, tu verras il ne restera pas longtemps, j’aime autant je n’ai jamais vu de noir, je crois bien que j’aurai peur !
-         Dame s’il est trop noir je ne lui vendrai pas mes œufs tellement j’aurai peur renchérit Marie.
Le grand jour arriva, les nouveaux locataires arrivèrent, Francis était un homme noir d’origine africaine,  sa femme était blanche et l’enfant d’un joli métissage : il ressemblait à un ange.
Les arrivants dirent bonjour aux voisins tassés pas loin d’eux et se mirent à tout ranger, ils avaient du travail et n’avaient pas le temps d’écouter ce qui se disait.
Marie parlait à la doyenne :
-         Boudiou, j’aurai jamais cru qu’on puisse être aussi noir, c’est bien la première fois que je vois ça ! J’aurai peur de passer devant.
-         Moi de même, sa femme n’a pas peur du noir avec lui, répondit la doyenne.
Les cancans faisaient le tour du village, il faut avouer que certains n’étaient pas du tout du même avis, ils étaient même allés rendre visite aux nouveaux arrivants, leur proposant de l’aide. L’enfant jouait dans la cour, son sourire éclairait son joli petit visage, les gens ne pouvaient s’empêcher de lui sourire, dire un mot gentil. L’enfant charma le village y compris les mauvaises langues, la femme travaillait beaucoup dans la maison pour l’arranger et le week-end le couple travaillait à deux.
Au bout d’un mois ou un peu plus, Francis invita le village pour fêter la fin du gros des travaux, il faisait un barbecue dans le jardin.
De nouveau les langues se délièrent, la question était vitale « Faut-il aller chez le noir ?» Certains l’appelaient encore comme ça ! Le dimanche arriva et les 2/3 du village fut rassemblé chez les nouveaux locataires, la curiosité de voir la maison rénovée joua beaucoup dans la décision. Francis avait un caractère jovial, il était aussi très serviable,  à la fin de la soirée il avait promis d’aider deux paysans. Le village l’accepta, même Marie vendit ses œufs à sa femme, elle aimait voir l’enfant et le gâtait.
Un an passa, un jour Francis annonça qu’il partait pour un autre village à 50 km de là, il allait acheter une maison à retaper, cela lui reviendrait moins cher. Les gens s’affolèrent :
-         Qui c’est qui va venir à votre place ?
-         Massias et sa famille répondit Francis.
Le choc fut dur, pendant ce mois on ne parla plus que de Massias. Il faut dire qu’il vivait avec sa nièce, le curé n’a pas voulu les marier, le maire a refusé, ils ont deux enfants, les gens disaient : « C’est y pas malheureux ! »
La doyenne alla voir le père Foussais et lui dit très en colère :
-         Père Foussais, pourquoi donc vous ne baissez pas le prix à Francis au lieu de louer à un mécréant ?
-         Faut savoir ce vous voulez la mère, vous « n’avions » pas voulu du noir et maintenant vous refusez un blanc ? je ne connais pas de jaune répondit le père Foussais en riant. Vexée la doyenne ne répondit pas.
Francis invita le village pour faire ses adieux, tout le village fut réuni, certains étaient émus par le départ, il promit de revenir régulièrement une ou deux fois l’an.
Il y eut de la peine après le départ, la doyenne dit à Marie :
-         Je savais bien que les noirs étaient comme nous !
-         Même mieux que certains, pour sûr répondit Marie.
Francis revint régulièrement, il rendit service à plusieurs agriculteurs, les gens l’invitaient avec un plaisir immense. A sa dernière visite, il annonça une nouvelle grossesse pour sa femme, il dit :
-         Je vous inviterai à venir chez moi quand le petit naîtra.
-         Je viendrai avec vous, je n’ai pas d’auto dit Marie. La doyenne demanda la même chose, Francis sourit et leur dit :
-         Vous n’avez plus peur de moi maintenant, vous ne pensez plus que je suis cannibale ? Il riait en disant ça et ses yeux pétillaient de malice.
Les deux femmes ne se sentaient plus si à l’aise que ça, elles ne savaient plus quoi dire. La doyenne répondit fermement :
-         Dame, quand on ne connaît pas, on ne sait pas, maintenant nous vous connaissons.
Ainsi continua l’amitié de Francis avec le village, la vie reprit avec des nouveaux cancans à propos des nouveaux locataires.
Elena





jeudi 27 juin 2013

ENVIE


Envie de butiner,
De chanter,
Envie de parfum
De jasmin.
Envie d’étrange,
De miel,
Et d’irréel !
Envie de croire
Aux belles histoires,
Aux chevaliers,
Aux contes de fée.
Envie d’une once
De bonheur,
D’irréel,
D’imaginaire,
D’insurmontable,
D’exceptionnel.
Envie de tout
Dans une nacelle,
Pour un départ
Mi-éternel !

Elena 2013

mercredi 26 juin 2013

AMOUREUX


Lucie et Marc étaient amoureux depuis le collège, aujourd’hui ils étaient tous deux en finale et devaient passer le BAC à la fin de l’année.
Les parents n’étaient pas pour le rapprochement des jeunes, ceux de Lucie étaient catholiques avec des origines allemandes tandis que ceux de Marc étaient islamistes originaires d’Oran.
Tant que les enfants étaient camarades il n’y eut pas de problèmes mais quand les jeunes avouèrent leurs amours les parents refusèrent de les voir ensemble.
Lucie et Marc se voyaient en cachette et évitaient d’en parler à leurs parents.
A dix-huit ans, les jeunes se présentèrent devant chaque adulte en disant :
   - Maintenant nous allons nous fiancer et nous marier dès qu’on aura gagné assez d’argent !
  - Pas question qu’on vous aide avaient répondu les deux pères !
Marc s’inscrivit en médecine, il savait qu’en seconde année il pourrait gagner un peu d’argent en faisant quelques soins. Lucie rentra dans une école d’infirmière, elle espérait un jour pouvoir travailler dans le même service que Marc.
Les parents refusaient de voir les jeunes ensembles et leurs fiançailles ne comptaient pas pour eux.
A la fin de leurs études, sans rien dire à leurs parents, Lucie et Marc s’inscrivirent pour aller travailler en Afrique, tous les deux avaient eu leurs examens et s’étaient mariés civilement sans leurs parents.
Ils partirent en laissant une adresse à leurs familles, leur avenir était loin des gens qui ne les comprenaient pas, ils pourraient donner leur savoir et leur amour aux petits africains pauvres. Il fallut attendre qu’ils aient un second enfant pour que les parents les supplient de venir leur montrer leurs petits-enfants, ils cédèrent mais un gouffre immense se trouvait entre eux et ils ne revinrent plus.
Elena 2013


mardi 25 juin 2013

EDUCATION CANINE


Quand j’ai eu Porthos, mon léonberg de 2 ans ½, pesant 80 kg et tirant la laisse dès qu’il voyait un chat ou un autre chien, on m’a conseillé de l’éduquer. Aussitôt je l’ai inscrit aux cours d’éducation où on voyait surtout des chiots.
Je suis arrivée avec Porthos pour la première leçon et je suis tombée sur un homme costaud qui criait sur les chiens, il me dit :
-         Je vais le dresser, attendez sur le côté.
Sans rien dire je me suis un peu éloignée et je le vis faire suivre mon chien devant les autres en lui donnant des coups de laisse à chaque fois qu’il tournait la tête et en lui criant dessus. Affolée je me suis approchée et je l’appelai, il se tourna vers moi mécontent :
-         je préfère tenir mon chien moi-même insistais-je.
-         Alors tenez-le bien !
Porthos tremblait dès que le moniteur s’approchait de nous, à un moment donné il fallait passer devant un morceau de viande sans que le chien y touche, le moniteur reprit la laisse de Porthos sans me demander mon avis et bien sûr la tentation fut grande de vouloir essayer d’attraper la viande alors il le dérouilla et je me mis à crier. Je pris mon chien en colère :
-         Vous attendez qu’il vous morde ?
-         S’il essaye de me toucher je le tue, j’ai une carabine toujours à mes côtés. Il faut le casser sinon il deviendra un chien dangereux !
-         Et bien vos méthodes ne me conviennent pas, je l’éduquerai moi-même et je partis.
Porthos me fit la tête en voiture et j’étais au bord des larmes mais en revenant je me suis inscrite sur un forum de chiens qui me conseilla de le promener avec un licol pour chiens et depuis je n’ai plus eu aucun ennui.  Je regrette que certains éducateurs exercent la méthode forte pour éduquer un chien au risque d’en faire une lavette sans caractère. Alors que douceur et fermeté est la solution pour la majorité des cas !

Elena 2013

lundi 24 juin 2013

MAROC


Nous étions partis à 4 camping-car pour le Maroc, au début tout se passa bien et nous sommes bien arrivés après avoir traversé l’Espagne. Ensuite notre guide, jeune couple vendant par téléphone leur vin, nous avait dema   ndé d’écourter le voyage car ils auraient aimé rentrer à cause des clients. Nous avons refusé et le froid s’est installé. Puis, nous sommes partis avec un autre couple à deux pour approfondir la visite du Maroc car les arrêts uniquement pour acheter des babioles ne nous convenaient pas.
Et là ce fut parfait ! Nous sommes allés jusqu’à la frontière du Sahara, nous sommes partis pour la journée avec un guide en 4X 4 et avons eu droit au sable, vent, dromadaires buvant pour une semaine et mirage. Nous avons rencontré des bédouins qui ont accepté qu’on les photographie sauf une jeune fille. Tempête à notre retour et parmi le sable nous n’avons pas compris comment le guide avait pu retrouver son chemin, il n’avait pas de GPS.
Nous avons suivi ensuite la vallée du Draa et le paysage est magnifique ! Nous sommes allés aux gorges de Todra, endroit majestueux. C’est là que nous avons rencontré un Marocain qui dit à mon mari :
-         Ta gazelle n’a pas mangé assez de couscous hier !
Il faut préciser que j’avais refusé qu’il nous serve de guide car il aurait fallu le payer et il n’y avait rien à expliquer, juste à admirer, j’ai ri de sa réflexion.
Nous avons visité un oasis où un gamin est monté sur un arbre pour nous donner des dattes et il a refusé un pourboire de notre part.
Et puis, nous avons visité les cascades d’Ouzoud, les secondes les plus importantes d’Afrique, nous avions un guide et ce fut une très belle journée, il n’avait pas voulu de pourboire mais accepta des livres en français car il avait du mal à en trouver, il devait aller à Casablanca, ville que nous n’avons pas aimé.
Ce fut un merveilleux voyage et les gens dans l’ensemble étaient très avenants parfois de trop !
Elena 2013






vendredi 21 juin 2013

LE FILM



Viviane regardait le DVD « Autant en emporte le vent » quand brusquement elle l’arrêta, revint en arrière et remit en marche, la même chose se reproduisit, elle éteignit affolée. C’était la seconde fois que ce phénomène l’inquiétait, c’était tout à fait irrationnel, elle ne comprenait pas le comment ni le pourquoi, elle pensait devenir folle ! Elle avait presque envie d’en parler à sa mère,  elle se retenait de peur que sa mère ne la croie pas ou pense qu’elle perd l’esprit.
Elle connaissait le film presque par cœur, l’ayant vu une dizaine de fois, mais depuis deux fois à un moment du film l’histoire changeait , c’était toujours le même DVD, il n’était pas possible de changer l’histoire et pourtant c’est la seconde fois que cela se produisait, en plus pas au même endroit ! La première fois, vers la fin, Rhett Butler finit par rester avec Scarlett et décide de faire un voyage avec elle. La seconde fois Scarlett tue Rhett quand il décide de la quitter. Elle n’arrivait pas à comprendre ce phénomène, il fallait qu’elle s’assure si ce n’était que sur ce film.
Viviane passa les jours suivants à repasser tous ses DVD, les uns après les autres, elle ne trouva pas d’anomalie. Plusieurs fois sa mère vint lui faire remarquer qu’il faisait beau et qu’elle ferait mieux de se promener plutôt que de passer la journée à voir des films durant ses congés, elle opinait de la tête mais continuait. Tout était normal sauf le film « Autant en emporte le vent » Il fallait qu’elle en parle à quelqu’un ce n’était plus possible ! Elle pensa à son collège de travail, Paul, il était intelligent et la prenait toujours au sérieux, il était sûrement un peu amoureux d’elle.
Viviane était professeur d’anglais dans un lycée, elle venait d’avoir 22 ans et connaissait Paul depuis 5 ans, il enseignait la physique. Elle économisait pour avoir son logement, bien que sa mère ait de la place et ne se plaignait pas de sa présence. Paul avait l’esprit scientifique, il saurait peut être, elle lui demanderait de vérifier avec elle, il était déjà venu à la maison et sa mère le recevait bien. Elle lui téléphona aussitôt :
-         Allo , ici Viviane, peux-tu passer à la maison aujourd’hui ?
-         Tu es toute bizarre, un ennui ?
-         Je t’expliquerai, merci de venir le plus vite.
Elle se sentit presque rassurée et attendit Paul, il habitait à deux rues de chez elle et mettrait dix minutes environ. Elle prévint sa mère que Paul allait passer, voyant le sourire de sa mère elle lui dit :
-         Ne te fait pas des idées, ce n’est pas ce que tu penses !
Sa mère voulait la marier à Paul, elle ne le disait pas mais faisait comprendre à quel point ce jeune homme était parfait !
La sonnette fit sursauter Viviane, elle descendit et reçut Paul puis l’entraîna dans sa chambre. Elle lui expliqua l’étrange phénomène, il écoutait sans rien dire, elle lui demanda son avis ?
-         Je sais c’est bizarre mais cela s’est produit deux fois, je n’ai pas bu, je n’ai pas fumé de joint, c’est étrange, qu’en penses-tu ?
-         Je peux vérifier demanda Paul ?
-         Bien sûr, je remets le film !
Ils regardèrent le film qui durait 2 h ou plus et tout se déroula normalement, comme dans le livre, Paul regarda Viviane l’air étonné :
-         Tout est normal !
-         Je sais, pourtant je l’ai vu deux fois en version différente, je t’assure !
-         Tu dois être surmenée en ce moment dit Paul pas assuré
-         C’est pareil que si tu me disais que je perds la tête. Viviane se sentait en colère, elle savait que Paul n’était pas fautif mais tant qu’elle n’aurait pas la solution elle tournerait en rond.
Une fois Paul parti, elle remit le film, cette fois le changement se produisit ailleurs, Ashley voulait l’épouser dès le début au pique-nique au lieu de sa cousine. Elle en déduisait que le film voulait lui passer un message, lequel ?
Elle essaya de trouver le puzzle, il s’agissait à chaque fois de l’un des deux hommes par rapport à Scarlett. Admettons qu’elle était l’héroïne qui seraient les deux hommes ? Il y avait Paul, ils étaient amis même un  peu plus mais il ne s’était pas encore prononcé, elle ne l’avait pas encouragé non plus. Elle fit le tour des hommes qu’elle connaissait, il n’y en avait pas d’autres dont elle était amoureuse, serait-ce un avertissement ?
Elle rangea son DVD et décida d’aller se promener comme préconisait sa mère, un peu d’air pourrait lui rendre les idées plus claires.
Elle descendit, dit à sa mère de ne pas l’attendre, et sortit. A vrai dire Viviane ne savait où aller, elle commença par se promener au bois de Vincennes, il faisait beau et elle faillit oublier ses soucis, elle s’assit sur un banc en admirant le lac.
Un homme d’une trentaine d’années s’assit à côté de Viviane, il paraissait très anxieux ; elle remarqua qu’il avait des beaux yeux, une bouche sensuelle et avait fière allure. Il se tourna vers elle, elle se sentit gênée, elle n’aurait pas dû l’observer, il la regarda comme s’il ne l’avait pas encore vu et dit :
-         Excusez-moi, il m’arrive une chose incroyable et je ne suis pas dans mon assiette !
-         Moi non plus répondit-elle se rappelant ses ennuis.
-         Imaginez-vous que je mets un DVD « Les dents de la mer » Le scénario n’est pas le même que le film, je l’ai remis et c’est encore différent dit le jeune homme abasourdi. Viviane sourit et lui avoua :
-         Il m’est arrivé la même chose mais avec un autre film lui avoua-t-elle
-         Ah bon, vous me rassurez, cela veut dire que je ne perds pas la tête !
Viviane lui raconta sa mésaventure, il l’écouta et rit :
-         Je connais exactement la même chose que vous, mon ami ne l’a pas vu, je suis le seul à le voir.
-         Je m’appelle Viviane, je suis enseignante
-         Et moi Julien, je suis cuisinier
Viviane sourit, elle ne l’imaginait pas faire la cuisine, il le devina et dit malicieusement :
-         Je travaille au Ritz, il y a des cuisiniers au-dessus de moi, je suis trop jeune pour être le premier cuisinier.
Elle rit, ils papotèrent de chose et d’autres puis Viviane se rappela ce qui les unissait et lui demanda :
-         Nous pourrions peut être essayer de résoudre l’énigme d’une manière scientifique ?
-         Cela m’étonnerait, j’ai cherché dans tous les sens, ce n’est pas naturel et il faut comprendre pourquoi nous sommes choisis ?
-         Vous avez sûrement raison, vous avez une idée ?
-         Donnons-nous rendez-vous au même endroit dans une semaine, nous échangerons nos points de vue sur ce problème délicat ?
Viviane accepta et ils se séparèrent, elle ne savait même pas où il habitait ni son nom de famille.
Toute la semaine Viviane fit des essais, elle remarqua plusieurs versions différentes sur son DVD mais toujours par rapport à Scarlett et les deux hommes qui l’aimèrent. Il n’y avait rien d’autre de frappant, elle se demandait comment Julien pourrait l’aider ?
Viviane arriva la première vers le banc et s’assit, Julien l’attendait un peu plus loin et vint s’asseoir à côté d’elle, il lui demanda :
-         Vous avez du nouveau ?
-         Non, et vous ?
Il sourit et fit un signe négatif. Viviane fut séduite par son sourire, elle tourna la tête pour qu’il ne le remarque pas. Elle lui expliqua :
-         Je vois un rapport identique à chaque séance du film et vous ?
-         Pour l’instant j’ai compris qu’il valait mieux pas que je n’aille pas à la mer actuellement, à moins de vouloir périr au fond de l’eau.
Ils restèrent assis silencieux plongés chacun dans ses pensées. Julien proposa d’aller prendre un pot en face ; Viviane hésita puis accepta, cela ne l’engageait à rien.
Elle avait une vue splendide sur le bois, elle reconnut cette vue, elle était sûre de l’avoir vu sur son DVD à la place de « Tara » le domaine de Scarlett, seulement elle n’avait pas fait le rapprochement et là elle en était certaine, elle en fit part à Julien.
Il l’écoutait sérieusement un sourcil légèrement relevé, très attentif à tout ce qu’elle disait. Il lui dit doucement :
-         Laissons le film nous donner des conseils et suivons notre impulsion. Elle n’eut pas le temps de réagir, il l’embrassa avec une telle fougue qu’elle ne bougea pas, il continua et l’embrassa sur les lèvres.
Après, tout alla très vite, Viviane présenta Julien à sa mère qui ne fit aucune remarque mais elle sentit qu’elle préférait Paul. Pour le week-end ils partirent à Monaco, Julien avait une réunion pour son travail. Ils ne parlaient pas encore mariage, ils n’avaient pas le temps, ils vivaient leur amour sans rien voir d’autre.
A Monaco, elle se retrouva seule 3 heures, ensuite ils allèrent se promener au bord de la mer, Julien proposa une promenade en bateau, elle accepta ravie.
Il emprunta à son ami un catamaran, ils partirent en amoureux, les vagues se formèrent très rapidement, de plus en plus hautes, Julien dit inquiet :
-         Je l’avais vu sur mon DVD, j’étais prévenu et j’ai oublié
-         Rentrons dit Viviane !
C’était trop tard, la mer était démontée autour d’eux, calme ailleurs, personne ne pouvait les approcher, ils étaient prisonniers de la mer. Ils comprirent qu’ils étaient victimes de leur film : il n’aurait pas dû prendre la mer, elle n’aurait pas dû aller avec lui, il n’était pas pour elle. Il était trop tard, le bateau se renversa et ils coulèrent sans que personne ne puisse les sauver. Il y eut beaucoup de questions, personne ne comprenait la mer calme tout autour, d’où venait cette tempête très ciblée ? Les témoins oculaires en gardèrent le souvenir toute leur vie.
Elena




jeudi 20 juin 2013

PRIERE


Seigneur, comprenez-moi
Je n’ai rien d’une sainte.
Connaître le paradis,
Lorsque je serai partie,
Ne m’offre aucune joie.
Par contre, je veux bien
Sans trop vous déranger,
Connaître un aperçu
Du paradis terrestre.

Elena

mercredi 19 juin 2013

POURSUITE


Josette courait à toute vitesse, de temps en temps elle se retournait pour voir si on la poursuivait. L’homme au visage hideux, au rire épouvantable essayait de la rattraper, elle l’avait déjà vu mais elle ne se rappelait plus où ?
Elle avait encore deux rues à traverser et au bout de la 3ème elle serait chez elle. En temps normal elle mettait 30 minutes pour faire ce trajet mais là elle avait beau courir, elle avait l’impression de faire du sur place et avancer aussi lentement qu’une tortue. Josette entendait les pas derrière elle, il ne courait même pas, il avançait à grands pas pour l’effrayer et petit à petit il la rattrapait. La sueur coulait sur son front, la peur la tétanisait mais elle devait continuer à courir, elle avait bien essayé de crier mais personne n’avait entendu et sa voix était trop faible à cause de la terreur.
Elle sentit qu’on la secouait,  il l’avait sûrement rattrapé et son compte était bon, elle ouvrit les yeux et entendit son mari :
-         Tu devais faire un cauchemar car tu gémissais très fort, j’ai préféré te réveiller !
-         Oh c’est l’homme qu’on a vu hier au cinéma, il m’avait fait peur avec son air patibulaire et son rire machiavélique et j’ai rêvé qu’il me poursuivait. Je vais me lever, il est 6 heures mais je serai mieux réveillée qu’en sa compagnie.
Elena 2013



lundi 17 juin 2013

VIEILLESSE HEUREUSE


Notre chien mourut, ce fut triste, nous étions très attachés à lui et les enfants l’aimaient, Virginie en  voulut un autre pour l’aider à s’en remettre, nous avons cherché dans les petites annonces et cette fois nous avons pris un petit chien, il n’avait pas de race particulière mais son regard nous captiva. Nous l’avons ramené à la maison, il courut tout heureux dans le jardin, il était tout fou, fou et jeune, il nous fit des dégâts dans le jardin, mais pas à la maison, il dormait avec nous. Je n’aurai jamais cru que je deviendrai gâteux devant un chien, comme on peut changer en vieillissant. Boully était un chien joyeux, il aimait nous suivre en promenade, il revenait au rappel, il n’avait qu’un défaut, il ne respectait pas les plantations de Virginie, elle le disputait puis replantait, enfin elle a compris et mis du barbelé autour de ses plantations, Boully comprit et ne fit plus de bêtises.
J’arrêtai d’écrire après mon livre sur la région. Mon inspiration n’est plus revenue, parfois Virginie essayait de trouver des sujets, je refusais, je n’étais plus motivé, il se peut que je n’aie plus rien à dire. Je vivais pleinement, entre notre chien, nos enfants et petits enfants, ceux de Claude, il ne restait plus beaucoup de temps, nous voyagions également une ou deux fois par an. J’aidais Virginie au potager, elle fatiguait plus qu’avant et je lui demandais de la remplacer pour certains travaux sous prétexte de m’apprendre ; je réussis en lui faisant croire que je voulais devenir agriculteur. Je savais être très sérieux sur un sujet auquel je ne croyais pas et je réussis ainsi à aider Virginie.
Je m’inquiétai sur son état de santé, elle se fatiguait facilement. J’en parlais à Luc, il était devenu médecin, j’en profitai lors de son voyage chez nous, je le pris à part et lui dit :
-         Je suis inquiet, Virginie souffle beaucoup quand elle revient du potager ;
-         Je l’ai remarqué, je veux bien l’ausculter mais vas-t-elle vouloir ?
-         Je vais lui en parler, je ne vais pas la laisser comme ça ;
-         Tu as raison, je vais attendre.
Je trouvai un moment et demandais à Virginie
-         Tu trouves normal de souffler autant quand tu reviens du potager ?
-         Je ne rajeunis pas ;
-         J’aimerai justement que tu te fasses ausculter par Luc, il est là et accepte si tu veux ;
-         Mais je vais bien ;
-         Fais-moi plaisir et accepte.
Virginie me regarda, voyant mon inquiétude, elle alla voir Luc. Il l’examina sérieusement, puis il lui dit :
-         Tu devras te faire un électrocardiogramme et une analyse que je te prescris ;
-         Tu penses à quoi ?
-         Je crois que ton cœur est fatigué et il faut le ménager.
Virginie me l’expliqua et fit les examens demandés par Luc, elle avait un petit problème de souffle, on lui parla d’angine de poitrine et elle me promit de faire attention. Je m’occupai du potager, parfois je faisais venir un gamin du coin et je lui donnais la pièce, il était content.
Virginie menait une vie plus calme, elle se mit à peindre les paysages, parfois nous partions en promenade avec les feuilles de dessin et les crayons, elle trouvait un endroit qui lui plaisait et décidait de le dessiner. Je restai à la regarder tout en pensant « C’est ça le bonheur, pourvu qu’il dure très longtemps »
Le bonheur existe si on sait le trouver !
Elena



vendredi 14 juin 2013

A MON PERE mort en 1962


Donne-moi la main encore une fois,
Promenons-nous comme autrefois.
J’ai bien changé, mais ne dit rien,
Reviens m’aider, tout ira bien.
Raconte-moi encore une fois
Avec ardeur comme autrefois
L’histoire de Rome ou de Russie,
La vie des hommes ou des fourmis.
Mais peu importe le sujet
Avec toi, tout a de l’intérêt.
Avec le temps, c’est vrai
J’ai oublié, tu sais.
Tout est resté là-haut.
Reviens vivant encore une fois,
Reste avec moi comme autrefois
Elena





jeudi 13 juin 2013

LE COCA-COLA (d’après un fait divers)


Freddy demanda à sa mère :
-         Donne-moi un coca-cola !
-         Non, tu en as déjà bu un il y a peu de temps.
Le gamin venait d’avoir 7 ans, il n’avait peur de rien tout comme son frère qui détenait un révolver dans sa chambre et lui avait montré comment s’en servir.
-         Maman je veux un coca ou je te tue !
-         Arrête de dire n’importe quoi, va faire tes leçons plutôt.
Freddy en colère alla dans la chambre de son frère de 7 ans son aîné et prit le révolver, il retourna vers sa mère en braquant l’arme :
-         Tu me le donnes le coca maintenant ?
-         Pose cette arme et c’est toujours non !
Freddy tira et la balle partit, sa mère tomba et ne se releva pas. L’enfant affolé ne comprenait plus, c’était pour de bon que sa maman était morte, il se demandait comment c’était possible mais aucun pleur ne la fit revenir.
Quand son frère aîné arriva il trouva Freedy allongé contre sa mère, il dormait après avoir trop pleuré.
Elena 2013



mercredi 12 juin 2013

VOISINAGE



Les Russes se moquaient de certaines conversations entre voisins et cela donne à peu près ça :
-         Bonjour Vassili Borissovitch comment allez-vous ?
-         Tout est normal, et vous ?
-         Aussi tout est normal. Voulez-vous une tasse de thé ?
-         Pourquoi pas, merci.
-         Le beau temps ne va pas durer,
-         Comme d’habitude, mes rhumatismes s’en ressentent.
-         Bon, c’est la vie !
-         Oui comme vous dites.
-         Je dois repartir,
-         A bientôt Vassili Borissovitch, quelle belle conversation nous avons eues,
-         Comme chaque fois Dimitri Petrovitch, à bientôt.
-         A très bientôt.

Elena 2013

mardi 11 juin 2013

HIBOU




Je suis un vilain hibou qui pleure sur un amour impossible ! Comme elle est belle la colombe qui vit tout près de moi, elle ne me voit pas, normal je suis laid. Elle m’ignore, je n’ai pas une belle voix ! J’irai la voir et lui dirai :
-          Ne me craint pas jolie colombe, pour toi je ferai l’impossible ; je franchirai les cieux, je te défendrai s’il le faut mais soit à moi, je t’aime comme un fou.
Cette idylle durait depuis un an et tous les oiseaux plaignaient le pauvre hibou, la blanche colombe l’ignorait et volait avec son compagnon.
Un jour, un incendie dévasta la forêt et le hibou sauva la colombe épuisée. Elle lui offrit une fleur qu’elle cueillit pour lui :
-          Merci gentil hibou, tu seras mon ami, nous ne sommes pas faits pour nous marier mais je ne t’oublierai pas, adieu !
-          Au revoir jolie colombe, je t’aimerai toujours !
Chacun partit de son côté, la colombe avec son compagnon et le hibou tout seul, il vécut longtemps en solitaire. Parfois son humeur plus gaie lui permettait de conter son bel amour platonique !

Elena 

lundi 10 juin 2013

ENFANT


Dans la nuit frissonnante étirant ses longs voiles,
L’enfant rêvait d’aller décrocher les étoiles
Et des rayons de lune eût voulu se vêtir !
Sur la mousse des bois il aimait se blottir
Bercé par le refrain léger des cantilènes
De la source bleutée où boivent les phalènes.

Elena 2013

vendredi 7 juin 2013

GUETTEURS D’OURS BLANCS


A Svalbard, au Nord de La Norvège, on cherche des guetteurs d’ours blancs. Pour avoir ce poste il suffit de prévenir les scientifiques dès qu’on voit un ours blanc. C’est pour une durée de 3 semaines à partir de fin juin, pas très bien payé mais logé.
 Il faut dire que pour une population de 2400 habitants il y a 3000 ours arctiques et les rencontres sont assez fréquentes. A Ny-Alesand à Spitzbverg, la ville est la plus septentrionale et on y trouve surtout des chercheurs,  leur travail demande qu’ils sortent et leur demeure n’est jamais fermée à clef alors les ours rentrent comme ils veulent. Ils ferment que la nuit car le jour ils travaillent en commun.
Ils en ont assez de sortir avec un fusil mais c’est la seule façon de faire fuir un ours.
Quand j’y suis allée je me souviens qu’il y avait des hommes de bord de notre croisière qui nous suivaient de loin avec des fusils à la main. Pourtant les ours attaquent rarement l’homme, il faut vraiment qu’ils n’aient rien d’autre à manger, au contraire ils se sauvent quand les chiens aboient après eux : mais il y a des exceptions et là on en parle beaucoup.
On ne peut pas téléphoner d’un portable car on ne reçoit pas, par contre à Ny-Alesand internet est très rapide et cela permet aux hélicoptères de venir secourir en cas d’urgence médicale.
Elena 2013




jeudi 6 juin 2013

NORVEGE

NORVEGE
Nous avons fait une croisière jusqu’à Spitzberg, même plus loin, jusqu’à ce que nous puissions voir des icebergs. C’était en juillet, période des nuits blanches, à mon grand étonnement cela ne m’a pas perturbé et je pouvais me lever à deux heures du matin pour voir un magnifique glacier et me rendormir aussitôt.
L’ile de l’ours est souvent dans le brouillard, l’hiver on y trouve des ours et l’été surtout des oiseaux : la plus forte concentration de Svalbard. Les oiseaux émigrent en France et sont tués par nos chasseurs.
Lofoten est une ville de pêcheurs, on voit sur la photo des filets de pêche avec les poissons qui y sont durant des mois.
La ville la plus septentrionale est Longyearbyen, c’est une cité scientifique mais on y trouve des enfants et des habitants toute l’année. Il faisait 2 ° en juillet.
Lorsqu’on est descendu dans la baie de la Madeleine il y avait un gardien qui y vivait et il avait toujours son fusil avec lui au cas où un ours surgirait, cela arrive et même un homme d’équipage avait son fusil.  Il y avait beaucoup de sternes, ils avaient leurs nids à terre et si on s’approchait ils nous donnaient des coups de bec sur la tête pour protéger leurs petits.
Nous avons assisté à une séance cinématographique sur les ours et le film était amusant, on y voit un ours qui s’approche du poisson séché près d’une habitation. Le fermier lâche ses deux chiens et l’ours se sauve alors que les chiens aboient et le poursuivent.
Nous avons assisté au coucher du soleil au Cap Nord et nous avons fait partie des dix % des privilégiés qui peuvent voir le spectacle car le ciel est dégagé. En revenant par le car nous avons croisé des rennes qui paissaient tranquillement comme nos vaches. Il y a eu une petite ville où nous avons vu deux rennes se promener au centre sans que cela gène les habitants.
Nous avons eu droit à une houle un peu forte, tous les passagers se terraient et nous étions seuls sur le pont. C’était une gymnastique pour se tenir et pouvoir avancer, j’ai eu peur de photographier de peur de perdre mon appareil mais quel beau souvenir une fois redescendu.
Ce fut les vacances les plus dépaysantes de ma vie, les plus vivifiantes et les plus froides, j’y retournerai avec plaisir mais les prix sont trop élevés. J’en garde un merveilleux souvenir et des centaines de photos me rappellent ce pays !

Elena

mardi 4 juin 2013

CINQ MINUTES

Un éclair foudroyant déchira le ciel, les éclairs se succédèrent. Les gens tombaient foudroyés, les voitures brûlaient, les arbres s’écroulaient. Quelques personnes essayaient d’aider les plus touchés. Une journaliste redonnait du courage aux gens ayant tout perdu !
Dans ce chaos Marc décrivait tout ce qu’il voyait, son ordinateur ne fonctionnait plus, il prit un cahier et un crayon et continua à tout noter. Il était  venu à Paris pour suivre des cours de journalisme ; cette catastrophe était un grand scoop pour lui ; il en oubliait sa peur !
Le toit d’en face venait de s’écrouler, il voyait les tuiles tomber sur la foule massée en bas, il prit son appareil photo et mitrailla les éclairs, les ruines et la foule.
Personne ne savait comment tout avait commencé ! A la radio on parlait d’une collision entre navettes spatiales, d’autres disaient qu’ une bombe atomique avait explosé, personne ne savait d’où elle provenait. Marc penchait pour une catastrophe naturelle attendue depuis plusieurs années, elle serait due au réchauffement et à la pollution.
Une secousse ébranla le jeune homme, il se retrouva couché malgré lui. Marc ouvrit la porte, un spectacle terrifiant l’immobilisa : l’escalier s’effondrait pris dans les flammes. Il ne pouvait plus sortir ni sauter par la fenêtre, vivant au sixième étage. 
L’étudiant essaya son téléphone, les pompiers ne répondaient pas, il fit le quinze sans plus de succès. Il s’affola un peu, essaya d’appeler ses amis puis sa famille mais le téléphone restait obstinément silencieux.
Désespéré Marc s’allongea sur son lit attendant la fin du monde ou celle de Paris. Il revit sa vie en un éclair, il pensa à sa mère et ses sœurs ; une larme coula sur sa joue. Isabelle, sa fiancée, vivait près des siens, il se demanda si tout allait bien à Montluçon, pays d’où il venait. Il voyait des éclairs, ça lui rappela un feu d’artifice, ce furent ses derniers souvenir. Un éclair enflamma la fenêtre et la chambre s’embrasa, Marc disparut avec les flammes. 
Il ne restait plus une seule maison debout, Paris s’était effondré le tout avait duré cinq minutes !

Elena