mercredi 28 février 2018

AIMEE


Elle venait de fêter les noces d’or, ils n’avaient pas d’enfants mais beaucoup d’amis et de la famille, nièces, cousines…
La fête fut somptueuse, Aimée était heureuse, son mari restait égal à lui-même, calme et pondéré. Une fois les invités partis, il lui dit :
  • Je suis épuisé, bonne nuit chérie ;
Elle l’embrassa et s’endormit, ils n’étaient plus tout jeunes, elle pouvait comprendre son attitude.
Le lendemain matin, elle se réveilla et ne trouva pas son compagnon, elle alla à la cuisine où elle trouva une enveloppe, elle l’ouvrit et resta stupéfaite, il écrivait qu’il partait pour toujours, il voulait être libre et profiter de ces dernières années de vieillesse.
Elle resta là le mot dans les mains ne comprenant pas ce qui avait pu se passer, une fois la stupeur un peu passée, elle essaya de s’organiser. Elle remarqua qu’il ne lui avait laissé aucun papier ni même d’argent.
Ils avaient un magasin d’antiquaire au nom du mari, elle ne pouvait plus s’en occuper, la retraite était minime, elle n’avait rien fait pour prouver qu’elle travaillait avec son mari. Elle vit un notaire, ensuite un avocat, ce fut en vain, elle se retrouvait à 71 ans sans rien, à part l’appartement qu’il lui avait laissé, il était au nom des deux, elle pouvait le garder.
La famille se mobilisa ainsi que les amis, dès qu’une famille avait besoin de faire garder les enfants, elle s’adressait à elle, Aimée était contente de rendre service et l’argent qu’on lui donnait lui permettait de se nourrir et payer un minimum.
Elle finit dans la misère, avec l’âge elle ne pouvait plus garder les enfants. Personne n’a jamais su ce qu’est devenus son époux, malgré les recherches qu’elle avait fait au début, elle ne sut pas quand il mourut ni si elle vécut plus longtemps ou moins que lui.
Elena

lundi 26 février 2018

Lndi soleil

#Lundi : soleil
février : rouge
rouge : le soir la mariée a quitté sa robe blanche pour une robe traditionnelle rouge de son pays, c'est la seule photo que j'ai prise et j'attends celles du photographe,
Elena 2018

vendredi 23 février 2018

JEU FUTURISTE (nouvelle science fiction qui a eu le 1er prix à Biscarosse)


Depuis deux ans je vis sur l’île, si seulement je savais où elle se situe ? Je ne vois pas de bateaux, et les rares avions ne me voient pas.
Michel est parti, il m’a laissé seule. Il cherche comment revenir à la civilisation, je doute qu’il trouve le moyen de fuir cette maudite île, à moins de construire une barque… Mais avec quoi ? L’île est déserte même pas un arbre !
Je cherche des yeux les oiseaux, ils sont tous partis,  émigration du début de l’hiver. Les quelques baies existantes ne donnent plus de fruits, heureusement qu’il reste la pêche, pas facile de ramener des poissons à la main, la mer devient froide, il faut avoir très faim pour s’y mettre encore. Ensuite  il faut vite s’habiller, nous n’avons pas de chauffage.
Il serait plus simple d’énumérer ce qu’il nous reste : quelques citernes d’eau, un paquet de sucre, un petit pot de nescafé et notre cabane, nous ne l’avons pas détruit pour chauffer, elle nous protégera plus longtemps qu’un feu de bois.
Nous n’avons aucun meuble, si un lit en fer, aucun moyen de communiquer avec les autres… Pourquoi suis-je ici ?

Je me revois, avant notre départ, Michel m’avait poussé à accepter ce jeu, il disait
-         tu verras nous vivons en couple depuis 4 ans, aucun nuage entre nous, il est normal qu’on gagne. Il suffira d’être patient. Comme il se trompait, je l’ai cru, je l’ai suivi.
La chaîne 9A (Radio planétaire, dépendante de la télé) proposait un jeu, il suffisait de partir sur une île inconnue, nous ne devions pas connaître la destination, et là nous devions y rester 3 ou 4 mois maximum, le dernier gagnant était resté 4 mois et 10 jours . Les organisateurs nous laissaient une cabane, quelques provisions,  pour un mois environ, de l’eau en assez grande quantité , ensuite à nous de nous débrouiller. Ce jeu était destiné aux couples mariés ou pas, le couple le plus résistant gagnait une somme rocambolesque, elle nous permettrait d’avoir notre maison, faire un voyage et vivre un an sans travailler.
Nous sommes partis une vingtaine de couples, chacun de nous étaient dispatchés sur des îles différentes. La règle nous interdisait tout objet pour se repérer. Nous avions avec nous un sac contenant des vêtements, le nécessaire de toilette sauf ciseaux ou rasoir (pas d’objets coupants), nous n’avions pas de montres, bref juste quelques livres.  Il était impossible de savoir où nous allions, chaque couple était dans une cabine séparée, impossible de se parler, il faisait nuit, des volets fermaient les hublots, les verrous empêchaient l’ouverture.
Michel avait compté dix jours de traversée et moi neuf, première petite divergence.

Quand le bateau s’arrêta pour la quinzième fois, une personne entra et nous fit descendre. Nous nous sommes retrouvés sur un île grande de quelques kilomètres à vue d’œil. La personne nous montra le cabanon, sans un  mot elle repartit sur le bateau, j’essayai de poser quelques questions en vain.  Michel me tira gentiment en me montrant la vue splendide sur les fleurs sauvages, les baies, les rochers. Il s’en dégageait un côté sauvage et pittoresque. Nous étions frappés, il n’y avait pas d’arbres, juste des buissons, cela donnait du charme à notre île. Dans le cabanon nous trouvions de quoi manger pour un mois et plus d’après nos estimations, une boîte d’allumettes, ensuite il fallait apprendre à faire du feu ... L’eau ne manquait pas et cela nous a tout de suite rassuré – Nous pourrons vivre d’amour et d’eau fraîche dit Michel.
Dans un coin il y avait un lit en fer et à côté une boîte bizarre, je la tournai dans tous les sens –Lâche-là me lança Michel en colère, je la laissai tomber – C’est un désastre cria Michel affolé. Je le regardai sans comprendre ?
- C’est la boîte qui nous permettait de les rappeler pour revenir, comment fera-t-on maintenant dit-il – Il y a bien un autre moyen pour les joindre demandais-je ?- Non, justement pas, il réfléchit et continua – Ils nous ont parlé de cette boîte, ils avaient dit qu’ensuite le seul moyen de revenir serait d’être très malade, ils avaient un appareil qui permettait de savoir à distance si l’un de nous devenait très malade. Je me tais le cœur gros. Par ma faute notre arrivée a très mal débuté.

Une fois installé, tâche très simple avec un grand sac en toile, nous faisons le tour du propriétaire. Je remarque qu’il y a surtout des pierres et quelques vipères, le manque d’arbres m’inquiète un peu, je n’en parle pas à Michel,  j’avais déjà fait assez de bêtises. Les fleurs étaient vraiment splendides, je regrettai l’interdiction de prendre sa caméra ni appareil photo.  Les framboisiers étaient les bienvenus, au moins nous ne risquions pas le scorbut, d’autres baies se trouvaient sur l’île.
-Viens nager me cria Michel en se déshabillant. Je courus dans l’eau et nageait avec un  immense plaisir – Regarde les poissons Michel, tu pourras pêcher dis-je en riant.
Après notre bain, nous avions fait l’amour, nous recommencions notre lune de miel.
Le lendemain, nous avons commencé à nous exercer à faire du feu avec deux pierres, au bout de deux jours Michel avait réussi à faire des étincelles, le manque d’arbres nous empêchait d’avoir des branches, nous pouvions juste allumer les quelques buissons séchés au soleil puis gardés dans le cabanon comme provision.
Le manque de bois fut notre premier gros souci, d’autres suivirent…

Les pluies commencèrent, nous n’avions rien pour chauffer, il ne faisait pas froid, se promener toujours mouillés nous rendait de moins bonne humeur. Michel s’exerça à la pêche, nous n’avions ni fil ni appât, il fallait attraper les poissons à la main, cela demandait une très forte adresse de sa part. Pendant ce temps, je cueillais les fruits, les plantes et herbes qui nous servaient de salade, nous les mastiquions longuement. L’idée venait de Michel, comme nous n’avions aucun moyen de partir sauf si on décelait une maladie conséquente par ordinateur, il fallait tester les herbes, en s’empoisonnant on tomberait malade et les secours viendraient nous chercher.
C’est ainsi que Michel s’intoxiqua deux fois avec certaines plantes, il resta malade un temps assez long, je ne le quittai pas, il vomissait, je pense qu’il avait une forte température puis il se remit de lui-même. A partir de ce jour notre inquiétude augmenta. Fallait-il mourir pour qu’on vienne nous chercher ?

Nous comptions, les jours, mois puis années avec les pierres, il n’en manquait pas sur l’île de la mort, comme nous l’avions appelé au bout de quelques mois. Pendant les essais de Michel avec les plantes toxiques, ne sachant pas pêcher, j’appris à taper sur les serpents pour les tuer , cuire et les manger. Je me munissais de pierres et je les lançais sur le serpent, ensuite j’en prenais une plus grosse et je l’achevais. Nous avions de la viande pour quelques jours, c’était mieux que rien. Michel avait ramené des rats ou autres bêtes du même genre. Les ennuis commencèrent vraiment au début de l’hiver, les fruits ne poussaient plus, les plantes mangeables non plus ; il nous restait la pêche, la chasse aux rats ou vipères.
Nous avions commencé à nous tourmenter sérieusement sur notre avenir, les disputes aussi faisaient partie de notre quotidien :
-         Comment veux-tu construire un bateau sans bois disait Michel – Faisons un feu ripostais-je, on nous verra d’un avion – Gourde, Robinson Crusoé c’est un roman pas la réalité rétorquait Michel. Je me retenais pour ne pas pleurer, je ne voyais pas comment on allait s’en sortir.

Nous avons tenu deux ans, j’ignore combien je pèse mais sûrement 1/3 de moins qu’en venant, idem pour mon compagnon. Que pouvait-il faire ? Il y a dix jours notre dispute fut plus forte que les autres et il partit en disant – Je m’enfuirai, tu verras, peut-être sans toi… Puis je n’ai plus eu de nouvelles, j’ai fait toute l’île dans tous les sens en l’appelant sans résultats. Déjà  deux ans et 10 jours,  il y a de quoi être inquiète , seule c’est  devenu intenable. La fatigue, le froid et la faim m’empêchent de réfléchir clairement.
J’entend un avion, le premier depuis des mois, je regarde stupéfaite, il s’approche et va se poser sur l’île. Avec mes dernières forces je cours vers lui. Une équipe de secours descend en me demandant – Où se trouve le malade ? Ahurie je ne répond pas, un déclic et je crie – Michel, c’est sûrement lui, je ne l’ai pas trouvé, j’ignore où il est.
L’équipe part d’un pas vif et je la suis avec mes dernières forces. Nous le trouvons entre deux pierres évanoui.
Une heure plus tard nous montons dans l’avion, Michel avait repris des couleurs, il me sourit – Je l’ai fait exprès, tu sais les plantes qui m’ont rendu malade, j’en ai repris et tu vois ça marche chuchote-t-il. Fatigué il s’endort appuyé contre moi.

En avion le trajet me paraît assez court, personne ne nous  dit où était située l’île d’où nous venons. Ils acceptent uniquement de nous nourrir , donner à boire, surveiller le pouls de Michel.
Au retour, nous nous sommes retrouvés dans la même salle qu’au départ, la direction de la chaîne nous félicita, donna le chèque, et nous renvoya chez nous après des vagues félicitations. Une personne héla un taxi pour nous, et maintenant il fallait qu’on se débrouille. Michel est trop fatigué et je le laisse se remettre, je réfléchis à ce qui vient de se passer – Pourquoi ils n’ont rien répondu, ignorant mes questions ? Ils ne voulaient pas notre mort me demandais-je un peu effrayée.
Premier but, nous soigner, après comprendre ce qui s’est passé.

Le médecin vient de partir, je commence à me sentir un peu mieux, Michel revient aussi à la surface, il peut parler plus longtemps. Il m’ explique qu’il a fait exprès de se fâcher pour pouvoir exécuter son plan, il savait que je ne le laisserai pas faire.
Maintenant que fait-on ? Pense-t-il tout haut – Je crois qu’il faut revoir les organisateurs du jeu , ils doivent savoir pourquoi personne ne s’est inquiété de nous durant si longtemps dis-je- Mes parents font le tour du monde, ils n’ont pas pensé qu’on risquait quoi que ce soit et les tiens … Je me tus, ils étaient fâchés depuis plus de trois ans. Oui… fit Michel il faut essayer d’éclaircir les choses, trop de ténèbres dans cette affaire.

La chaîne 9A n’était pas au courant de notre départ depuis 2ans, la robotique s’occupe de tout, dès qu’un couple veut revenir il suffit d’appuyer sur le bouton de la boîte et nous sommes prévenus, vous avez cassé la boîte, il était impossible de venir vous chercher dit la responsable – Pas possible que personne ne se soit aperçu de notre longue absence ? rétorque Michel – Vous êtes des milliers à suivre différents jeux, nous ne pouvons pas surveiller chacun de vous, l’ordinateur s’occupe de tout, nous ne sommes que cinq personnes pour tout organiser finit par dire la responsable, comment voulez-vous qu’on voit tout ? J’explose – Alors, on ne fait pas de jeux aussi dangereux si on ne peut pas assumer les imprévus criais-je ! Elle hausse les épaules et quitta la salle.
Michel me prend  le bras et m’emmène à la maison, il téléphone à son avocat, un ami d’enfance, celui-ci lui répond qu’il ne gagnerait pas le procès contre la production, il le lui déconseille fort d’autant plus qu’on a touché une belle somme en tant que gagnants.
Tu te souviens nos parents disaient, dans les années 2008 "ces jeux dans les îles finiront mal", nous ne les avons pas crus fit Michel – Tu as raison, les miens prédisaient qu’il y aurait obligatoirement des accidents sans la surveillance de l’homme sur la robotique, dire que nous avons perdu deux ans et personne ne nous les rendra même pas l’argent qu’ils nous ont donné, ces deux ans de notre jeunesse pourrons-nous les retrouver dis-je en soupirant ?
Michel haussa les épaules et m’embrassa tendrement, il n’avait pas la réponse. Il fallait réapprendre à vivre dans un monde déshumanisé.
Elena


























mercredi 21 février 2018

LE REVENANT


Albertine avait deux fils jumeaux, Julien et Albert, tous deux partirent à la guerre de 1940. Julien mourut en héros et pour Albert elle reçut une lettre disant qu’il était disparu.
  • Disparu ce n’est pas mort disait Albertine avec espoir à chaque fois qu’on lui demandait des nouvelles.
  • Ne te fais pas trop d’illusions répondait Benoît son mari !
Le temps passa et Albert ne revenait pas mais sa mère était convaincue qu’il avait été fait prisonnier et qu’il reviendrait prochainement.
Martine la fille aînée avait retrouvé son fiancé et voulait un beau mariage avec une robe blanche mais sa mère disait :
  • Tu attendras qu’Albert revienne, on ne peut pas faire un mariage sans lui !
  • Et s’il ne revient pas ripostait sa fille,
  • Ce n’est pas possible, je sens qu’il reviendra.
L’aînée se maria civilement et n’eut pas sa robe blanche, avec son mari ils partirent dans une autre ville et Martine venait peu voir ses parents, elle n’avait pas pardonné pour le mariage.
Un jour une lettre arriva disant qu’on pouvait considérer Albert comme mort puisqu’on ne voyait plus où il pouvait être et beaucoup avaient sautés sur une mine près du lieu de sa garnison. Le père pleura mais la mère refusa d’y croire :
  • Il n’est pas mort, je le sens, une mère sait quand son enfant est mort.
Albertine était trop têtue pour qu’on la contrarie sur ce sujet et on laissa passer le temps. Martine venait présenter ses enfants, sa mère serrait le bébé dans son bras et disait :
  • Dire qu’il aurait pu être celui d’Albert !
  • Maman c’est le mien et je suis ta fille.
Sa mère s’éloignait et martine n’avait plus envie de venir voir sa mère, elle voyait son père à part.
Le temps passa et Albertine espérait toujours de voir revenir son fils, elle ne pouvait imaginer le contraire. En travaillant à la ferme elle murmurait :
  • je sais bien que tu es toujours prisonnier ou sur la route du retour, n’oublie pas que je t’attends mon Albert et je vieillis, ne tarde pas trop.

Et les jours passèrent sans atteindre la mère qui espérait toujours que le retour était possible.
Dix ans passèrent, les parents vieillirent et Albertine apprit qu’elle avait un cancer du sein mais qu’on l’avait détecté trop tard, le médecin lui donnait six mois à vivre environ.
Benoît souffrait et savait que tant qu’elle ne verrait pas son fils sa femme ne pourrait mourir tranquille. Il en parla avec sa fille qui lui conseilla d’aller voir sosie parmi les acteurs, il pourrait faire illusion quelques heures.
En ville le père trouva les sosies et un quadragénaire pouvait faire l’affaire, il suffisait de l’arranger un peu et lui expliquer ce qu’on attendait de lui.
Le surlendemain Albertine resta couchée, la douleur était trop forte, elle regardait la fenêtre quand soudain elle s’écria :
  • Benoît regarde c’est Albert, je viens de le voir à la fenêtre. Ouvre vite la porte, je savais qu’il reviendrait.
  • Tu délires ma pauvre femme. Mais il avait comprit et ouvrit la porte.
L’homme entra et alla embrasser la vieille femme, elle recula un peu, le fixa puis cria :
  • Ce n’est pas lui, allez-vous-en !
Epuisée par l’émotion elle ferma les yeux pour ne plus les rouvrir.
Une lettre arriva d’Allemagne disant qu’Albert venait de mourir, il s’était marié avec une Allemande, il avait eu un fils nommé Benoît et que sa femme Marlène viendrait présenter le petit.
Elena

lundi 19 février 2018

Lundi soleil

#Lundi : soleil
février : rouge
rouge : Linaé, la chienne de ma petite-fille avec son manteau rouge,
Elena 2018

vendredi 16 février 2018

Après la fin (suite et fin)


Les mois passèrent, maintenant nous buvons l’eau de la pluie, pour la nourriture nous avons compté qu’il nous restait six mois de survie en faisant attention. Nous ne pouvions rien faire pousser, trop dangereux malgré nos vaccins anti nucléaires. Aucun végétal ne poussait, après bien des recherches nous avions trouvé des petites bêtes inconnues, personne n’en avait vu de pareilles avant l’accident. Elles ressemblaient vaguement à des rats ou loutres, mélange de plusieurs espèces , entre le rat et le chat en grandeur. Bill proposa … Nous pourrions en goûter une , si la personne n’est pas malade, les autres pourront en manger aussi – Je veux bien servir de cobaye fit-il… Non, on a besoin de médecin répondis-je, je vais essayer mais Alain m’interrompit … Vous écrivez, il faut trouver la personne la moins indispensable. Cécile, une vieille dame proposa l’essai, elle n’avait personne et voulait aider la communauté. Nous avons accepté d’un commun accord. Bill ramena une bête qu’il découpa en morceaux et lui tendit, elle ferma les yeux et goûta. Nous la regardions avec une grande attention…
Cécile survécut à son repas, et nous avons surnommé la bête «survie », les autres en mangeaient aussi, je ne dirai pas que c’est bon, le principal était de continuer à vivre.
Nous avons trouvé d’autres vélos, cela nous permettait de chercher de plus en plus loin les survivants. Nous en avons compté une centaine, dont trente assemblés dans notre groupe, une autre trentaine formait deux autres clans et les autres étaient devenus fous. Bill avait réussi à avorter Anne presque de force, depuis elle déprimait, c’était un souci supplémentaire dont on se serait bien passé.
Un bruit sourd, nous levâmes tous la tête, un objet volant passait en hauteur, on l’entrevit, il tournait autour de notre zone mais impossible de définir si c’était une navette ou un avion ? Après nous être concertés , l’objet resta un un objet non identifié volant . L’espoir commença à naître dans nos cœurs.
Quelques jours plus tard, plusieurs engins tournèrent dans le ciel, il était difficile de les voir vu qu’il faisait toujours gris sombre. Puis le bruit s’amplifia et des avions se posèrent où ils pouvaient, il ne risquaient pas de détruire plus. Tous coururent vers eux, dernier espoir de vie. Des hommes sortirent, ils avaient tous des masques à gaz pour respirer. Ils avaient aussi des hauts parleurs, l’un d’eux nous arrêta de la main et cria dans son haut parleur – Vous êtes en quarantaine, nous ne savons pas encore le danger que vous représentez pour notre population alors n’approchez pas de nous où nous serons obligé de tirer. La stupeur nous arrêta net – D’où venez-vous demanda Alain ?
Nous venons d’Amérique, l’Europe est détruite presque entièrement et ce qui ne l’est pas est contaminé répondit un des hommes masqués. Ouf pensais-je mes enfants sont sain et sauf –Combien de temps sommes-nous en quarantaine et pouvez-vous transmettre une lettre en Californie demandais-je … Pas possible répondit l’homme au micro, si vous êtes contagieux nous ne prenons rien de vous, il faut attendre plusieurs mois pour voir les effets, nous ignorons la cause exacte de la destruction, il semblerait que plusieurs bombes sont tombées ainsi que 3 centrales nucléaires ont explosées en même temps. Il hésita puis comme personne ne disait mot il lança – Nous allons vous laisser des conserves et de l’eau puis nous reviendrons dans cinq mois. Sans rien ajouter il partit et monta dans son engin, les autres avaient mis en tas des packs d’eau et des conserves.
Nous nous précipitâmes vers les provisions, je criai à Bill de partager parmi les 3 groupes. Il était le seul qui avait de l’autorité sur les 3 groupes, il soignait tout le monde sans s’occuper à quel groupe il appartenait, cela lui donnait une certaine autorité. Il se plaça près du tas et partagea en part égales, nous allions festoyer, les survies faisaient partie de la nourriture quotidienne. Seul point noir, il faudrait encore attendre 5 mois pour les revoir, malgré le bon repas nous ne parlions pas beaucoup terrassés par l’idée de solitude totale durant une si longue période, terrassés de savoir que l’Europe était rayée de la carte. Les hommes commencèrent à se disputer à propos de la cause de ce désastre, je craquai et leur dit – Peu importe si c’est un fou qui lança sa bombe ou les rivalités qui essayèrent leur nucléaire, le résultat est là et à qui ferez-vous un procès ? Ils se turent.
Je repensai à mes enfants et je pleurai discrètement, d’autres ne reverront jamais les leur donc je n’avais pas le droit de me laisser aller.
Cinq mois passèrent assez vite, la vie était devenue une recherche quotidienne de nouvelles, de nourritures, de surveillance. Enfin nous entendîmes les mêmes bruits que l’autre fois et les engins se posèrent pas loin de nous, il y en avait beaucoup plus que la dernière fois. Un homme descendit et nous demanda de nous grouper sans rien prendre, ils nous emmenaient en Amérique. Nous partîmes une soixantaine, les autres étaient morts ou devenus trop fous vivant cachés pour ne pas venir. Il y avait d’autres personnes dans les avions, les américains avaient fait le tour de l’Europe et ramenaient les survivants. Combien étions-nous, 300 ou plus ? Je ne voulais pas y penser, la tête me tournait en voyant ce désastre. Je ne voulais penser qu’aux enfants.
Après quelques heures nous nous sommes posés à New York , la ville était entière, cela nous revigora. On nous changea nos vêtements, les autres partirent au feu, puis on passa à la désinfection de là direction hôpital spécialisé du nucléaire pour un mois.
Le mois se passa en analyses, radios, visite de psychiatre, questions pour les journalistes habillés en blouse spatiale, pour éviter toute contagion.
Je voyais parfois Anne qui s’était reprise, elle m’a dit – Je pense que quand tout sera fini je pourrai essayer d’avoir un enfant. Je souris sans répondre, comment savoir les risques, je ne voulais pas être encore celle qui lui gâche son rêve, un autre le lui dira.
Bill passait aussi, il avait beaucoup aidé les autres et la fatigue commençait à se ressentir sur lui. Les clans avaient cessé dès qu’on monta dans l’avion, nous étions tous à la même enseigne et nous avons pu parler à d’autres, devenus plus proches.
Enfin le jour « J » arriva et on nous laissa sortir, nous donnant une petite somme d’argent, des baraquements et quelques conseils pour trouver du travail.
Je fis mes adieux et partit pour la Californie rejoindre les enfants. Avant, je pris l’adresse de Bill, Anne et son mari ainsi que celle d’Alain, nous étions devenus proches.
Quelle ne fut pas ma surprise en sonnant à la maison, voir l’ébahissement des enfants.
Je leur racontai ce que je vécus, ils ignoraient presque tout, on leur avait dit qu’il était impossible de retourner en Europe car une maladie contagieuse sévissait et personne ne devait s’y approcher. Alors leur inquiétude devenait intense, ils n’avaient pas de nouvelles de leur père, vivant en Espagne.
Le plus invraisemblable fut le comportement du gouvernement, il avait menti. On ne parlait plus d’Europe, à part nous, qui savions qu’elle n’existait plus ? ils avaient trop peur de la panique que cela susciterait.
Je m’étais installée avec les autres dans le baraquement, devant économiser pour les études des grands.
Je m’étais liée avec le jeune couple, Bill et moi étions devenus très proches, nous projetions de vivre ensemble. Certains avaient bien essayé de dire d’où ils venaient, on les prenait pour des fous alors ils s’étaient tus ... Anne m’avoua qu’elle était de nouveau enceinte, je souhaitai que son bébé fut normal.
Il fallut attendre deux mois avant que l’Amérique avoue que l’Europe était rayée de la carte.
Un pilote amateur avait entendu l’histoire de Bill, curieux il décida d’aller voir, il ne put pas revenir, faute de ravitaillement mais il téléphona et raconta ce qu’il vit. Depuis j’essaie de revivre en Californie, j’ai appris il y a peu de temps que les autres continents existaient et n’avaient pas été touchés à part une petite partie de l’Asie.
La vie continue son cours, les enfants apprennent à l’école qu’un continent a disparu.
 Nous parlons peu du passé, pas plus du futur, le présent est déjà assez lourd à vivre. Mon ex mari est sans doute mort, nous ne vivions plus ensemble, les enfants pleurèrent au début puis l’acceptèrent assez facilement, ils le voyaient une fois par an environ.
Etant architecte, je retrouvai du travail, la vie continua.
Nous ne sommes pas malheureux, il faut juste s’habituer à l’idée qu’on ne reverra plus jamais notre continent, j’ignore si on y arrive un jour.
Elena



mercredi 14 février 2018

APRES LA FIN (je mettrai la fin vendredi car trop longue. J'ai eu le 1er prix de Biscarosse)


Il y a un an encore la terre existait, que reste-t-il ? Des arbres morts, des plantes grises ou brunes, plus de fleurs, ni fruits, ni végétaux, aucun animal. Il ne reste que des êtres humains à peine vivants, combien sont-ils, où vivent-ils ? Toutes ces questions auxquelles j’aimerai pouvoir y répondre.
Je suis témoin d’une catastrophe atomique ou nucléaire, comment savoir ? Il y a eu des bruits d’explosion à crever les tampons, la nuit est tombée brusquement à 15 h le 6 juin 2015. Je me suis précipitée dans la cave avec quelques personnes présentes dans l’immeuble. Un fracas terrible ouvrit l’immeuble, je m’évanouis à ce moment.
Quand je me suis réveillée, je me suis retrouvée seule, à la place de la cave il n’y avait plus que des pierres et quelques objets cassés. Péniblement j’ai commencé à chercher d’autres gens, j’appelai en vain. Un vide immense me fit peur, tout était détruit, aucun immeuble n’a survécu, je n’entendais aucun bruit, pas même un chat.
Le ciel était gris, il faisait une chaleur désagréable, difficile de la définir tout comme l’odeur persistante. Je cherchai mon téléphone, il ne fonctionnait plus, pas de télévision pour en savoir plus, ni radio, les voitures étaient cassées, tordues. Les plantes vertes sont devenues grises ou brunes. Je continuai à marcher, les magasins étalaient des fruits et légumes de couleur foncée, tous rabougris, sentant le pourri avec autre chose d’indéfinissable.
Mes enfants étudiaient en Amérique, cela me réconfortait un peu, comment les joindre ? Cette idée me désola plus que tout.
Au bout d’une semaine j’ai découvert des morts, des rescapés qui se terraient, il n’y avait plus d’oiseaux, plus de bruit, plus d’insectes : le désert encombré de pierres, d’objets déformés, des ruines. Il faisait tout le temps nuit, plus rien n’avait de couleurs, cela me manquait. J’avais des conserves, elles me permettaient de manger, il ne fallait pas compter trouver de la verdure. Comment savoir s’il y avait une vie ailleurs et où ? – Sans électricité, ni téléphone, je ne captais plus rien. Nous sommes revenus à l’âge de pierre. Peu importe si je pouvais réfléchir comme une personne évoluée, je n’étais plus rien dans ce monde détruit par l’homme, pourtant depuis des années on le pressentait.
J’ai décidé d’écrire ce qui nous est arrivé, si jamais un navire spatial passe par là un jour, il comprendra la fin de notre civilisation.
La veille, je parlais avec mes voisins, ils avaient un chat, il y avait des enfants qui jouaient dans le parc d’à côté. A la télévision ils parlaient bien des problèmes entre différentes stations nucléaires, les rivalités entre elles, on avait parlé d’un fou qui avait fabriqué une bombe atomique pouvant détruire trois ou quatre pays à la fois. Ce n’était que des propos répétitifs, on s’en lassait… Là j’ai eu tort de ne pas m’être plus concentrée, si je pouvais me souvenir exactement des dernières informations ? Je n’aurai pas pu changer le cours des choses, juste laisser un témoignage plus conforme.
Depuis quelques jours je vois des gens, ils cherchent à se nourrir, ils évitent les autres, j’ai essayé de parler à une femme, elle est devenue folle et je n’ai rien obtenu d’elle, puis j’ai réussi à parler à un homme, il a tout perdu, ne sait rien de plus que moi, ses enfants sont morts, sa femme a disparu. Après ça je n’ai plus osé interpeller les rares personnes entrevues, trop de misère les a rendu morts-vivants.
Un jeune couple est passé, ils étaient les seuls à garder une étincelle dans les yeux, je les ai abordé – Avez-vous besoin de conserves ? – Merci Madame, nous en avons aussi toute une réserve, par contre l’eau se fait rare. – Je suis désolée mais je ne peux vous donner qu’un pack, j’ignore combien de temps la situation va durer ! Les jeunes me regardèrent étonnés – Tout est fini, on peut survivre un ou deux ans peut-être dit l’homme – On devrait se réunir pour mieux cerner la situation, rien ne prouve que les autres pays sont détruits repris la jeune femme ? – Non, mais comment vérifier sans véhicule, téléphone ou autre moyen de communication rétorque son compagnon. Regroupons-nous entre gens pas trop touchés mentalement et essayons de trouver des idées concrètes dis-je. Les jeunes acceptèrent, chacun de nous devrait essayer de trouver d’autres personnes pas trop atteintes pour trouver un plan de survie. Je proposai de regrouper tout ce qui pouvait nous aider à vivre au quotidien, le reste on verra au fur et à mesure.
Quand les jeunes refirent apparition accompagnés d’un petite groupe de personnes, j’avais déjà eu le temps de trouver des objets utiles et réparables comme un vélo à peine tordu un caddy pour ramener les provisions des magasins d’à côté. Je me doutais que tout était irradié, heureusement que j’avais accepté le vaccin anti-radiation l’an dernier. L’eau était plus rare, bien que j’en avais vu dans une ancienne grande surface, il suffisait d’y aller : 10 km aller-retour environ.
Il n’y avait pas de voitures en état de conduire, à part ce vélo épargné je n’ai pas vu d’autres moyens de locomotion. Les nouveau ont amenés : meubles, provisions, un téléphone en assez bon état. Je pris le téléphone en remerciant la personne j’ essayai de joindre l’Amérique, je devais prévenir mes enfants vivant en Californie chez leur oncle.
j’entendis des bruits mais pas de tonalité habituelle, d’autres essayèrent de joindre, famille ou amis vivant ailleurs, en vain.
Il fallait mettre un plan d’action pour continuer à vivre dans un pays isolé.
Petit à petit nous nous sommes trouvés une cinquantaine dans le groupe. Nous avons pu régler le problème alimentaire, en partageant selon le nombre de personnes par famille, en général rare étaient ceux qui avaient survécu à deux et trois il n’y avait qu’un couple avec la mère, tous les enfants étaient morts à notre connaissance.
Nous avons trouvé un anesthésiste, il faisait office de médecin et dentiste à la fois, heureusement que certains ont trouvé des médicaments en bon état.
Il fallait absolument que nous sachions si d’autres humains ou pays avaient été épargnés, nous comptons sur eux pour nous aider à survivre.
Alain dit – Je vais prendre ma boussole, et aller jusqu’à l’Italie, si vous me prêtez le vélo, j’y serai en une semaine et nous saurons si elle a été épargnée, de là je peux voir en Suisse et en Allemagne puis je reviens, qu’en pensez-vous ?… L’idée est bonne répondis-je, vous êtes seul mais il faut voir pour les provisions, en vélo vous ne pourrez pas emporter grand chose… Ce n’est pas le plus important riposte-t-il , je trouverai bien d’autres provisions sur mon chemin ou même du monde… Tout le monde applaudit, il fut décidé qu’il partira dès qu’il sera prêt.
Alain parti, nous continuons à chercher tout ce qui peut servir dans les décombres. Le plus affolant ce sont les cadavres et épidémies qu’ils peuvent engendrer, nous sommes tous vaccinés contre les effets nucléaires mais pas contre la peste ou d’autres maladies de ce genre. Ne voyant aucun animal, nous avons de la chance de ne rien attraper. S’il y a des survivants pourquoi n’essaient-ils pas de nous joindre ? Je pense qu’ils sont comme nous bloqués, sans locomotion à moins qu’il n’y en a plus en Europe mais l’Amérique va nous aider, je pense aux enfants. Il est impossible qu’ils soient morts, si je lutte c’est aussi pour eux.
Depuis quelques jours j’ai remarqué que des clans se formaient, nous ne sommes plus qu’une trentaine, par contre d’autres personnes sont arrivées dans la région et forment un autre clan, il y en a trois. Je crains les rivalités et vol des objets qu’on a eu tant de mal à trouver. Nous faisons la garde à tour de rôle, le temps est toujours chaud, il fait gris tout le temps et on ne voit pas assez, les ombres peuvent se profiler sans que l’on puisse les voir. Je note tout consciencieusement, Marc et Anne, le jeune couple du début, m’ont annoncé en rougissant – Anne est enceinte…Oh non ! Il ne faut pas le garder criais-je …
-Allez voir Bill l’anesthésiste, il le fera passer. Anne me regardait en hésitant – Un enfant maintenant ? Comment vas-t-il survivre insistais-je doucement ? Ils partirent
sans répondre.
Il fallait prévenir Bill, d’autres personnes encore jeunes pouvaient faire des enfants, il ne fallait pas l’accepter, j’eus son appui, il promit de l’avorter de force s’il le fallait et d’en parler à tous les jeunes qu’ils verraient. Le lendemain une pancarte annonçait « Interdiction d’avoir des enfants provisoirement », c’est la première fois que je voyais un tel décret, pourtant on ne pouvait pas donner naissance sans savoir si la vie pouvait reprendre ou pas ! Nous ne voyons pas le temps passer, juste quelques chapardeurs, on ne pouvait pas faire grand chose, tout était ouvert, aucune maison n’était reconstruite, à quoi bon avec cette chaleur, un abri provisoire suffisait les jours de pluie. Il fallait tenir, continuer à vivre et espérer. Le nombre de gens augmentait, il y avait bien 10 ou 15 personnes dans les deux autres groupes, pas facile à compter.
Alain est revenu, Il n’a pas trouvé l’Italie, sans doute dans les décombres comme ici, par contre il lui a semblé que la Suisse n’était pas complètement détruite, il nous dit – On m’a arrêté quand j’ai voulu pénétrer dans la ville, il y avait des maisons debout, plus de monde que chez nous ; ils ont eu tellement peur d’être envahi par d’autres qu’ils m’ont écouté poliment, posé des questions sur la situation puis renvoyé poliment en me donnant quelques provisions. J’ai pu voir qu’ils sont un peu mieux lotis que nous mais aucune voiture ne roule et leurs téléphones ne fonctionnent plus. Je remerciai Alain pour ce compte rendu, il fallait chercher de l’aide ailleurs, mais où ?
(à suivre)

lundi 12 février 2018

Lundi soleil



#lundi soleil
février : rouge
rouge : la belle-fille de mon petit-fils qui se marie le 17 février qui est mon arrière petite-fille de cœur,
Elena 2018





vendredi 9 février 2018

ET L’AMOUR


Et l’amour arriva en grande pompe,
Le bonheur se lisait dans leurs yeux.
Des années ils s’aimèrent follement
Mais un jour l’amour s’envola.
Il laissa un homme écorché
Et, une femme déchirée.
Et l’amour se percha ailleurs
Y laissant des séquelles, telles
Qu’il partit loin, au ciel !
Elena

mercredi 7 février 2018

LA MARCHE


Il marchait sans se retourner, regardant droit devant lui. Cela faisait trois heures qu’il marchait, la fatigue commençait à le tenailler, pourtant il ne marchait pas vite !
Simon avait toujours marché du ruisseau à sa maison, au moins trois fois par semaine ; il y avait environ dix kilomètres. Dans sa jeunesse la promenade ne durait pas si longtemps mais avec le temps…
Il venait d’avoir quatre-vingt-dix ans, il devenait plus lent dans ses mouvements mais personne ne l’aurait empêché de faire cette promenade. Il était presque arrivé et ses petits-enfants l’attendaient pour l’accueillir ! Ce soir ils lui fêteraient son anniversaire et ils seraient une trentaine.
  • Bravo Papy dit sa petite-fille Annette !
  • Ce n’est rien, question d’habitude fanfaronna-t-il !
La femme de Simon ne marchait plus, elle le regarda avec un air de reproche, le médecin avait conseillé d’aller moins loin, son cœur se fatiguait. Le vieux têtu n’écoutait jamais les médecins, il n’y avait rien à faire à part l’attacher !
Simon se reposa un peu en discutant avec ses petits-enfants :
  • Alors ton fils va se marier bientôt Denis ?
  • Oui papy, j’espère bien que tu viendras !
  • Pour sûr, je ne vais pas rater ça !
Les arrière-petits-enfants l’entouraient, il avait toujours des bonbons pour eux. Il était aimé de la famille et se sentait heureux quand tous venaient à la maison.
La soirée se passa merveilleusement bien. Simon souffla les bougies avec l’aide des enfants, il reçut comme cadeau un bon pour une semaine en Tunisie avec sa femme. Il était heureux, il n’avait pas eu l’occasion de voyager beaucoup et ce voyage l’avait toujours tenté.
Après le repas, les invités se dispersèrent d’autres couchèrent dans la maison.
Le lendemain matin Marianne trouva son mari mort, il avait un sourire aux lèvres.
Elena


lundi 5 février 2018

Lundi soleil

#Lundi : soleil
février : rouge
rouge : le cirque Bouglione ou cirque d'hiver,
Elena 2018


vendredi 2 février 2018

DOMINGO



Véronique était une femme effacée, elle ne travaillait pas, elle avait élevé 4 enfants. Quand ses enfants furent adolescents elle se sentit plus libre et se consacra à des cassettes d’art lyrique. C’est ainsi que son mari lui offrit Carmen, joué et chanté par Placido Domingo et Julia Migenez. Son mari, travaillait à la bourse, rien d’autre ne l’intéressait sauf parfois le football, Véronique profitait des instants où elle était seule, pour regarder le film. C’est ainsi qu’elle tomba follement amoureuse de Placido Domingo, plus elle voyait le film et plus elle s’imaginait être à la place de Carmen, elle entendait les déclarations d’amour de sa part.
Véronique se découvrait une âme romantique, elle n’avait connu que labeur, devoir conjugal, tristesse, enfin elle découvrait l’amour ; platonique mais c’était un sentiment qu’elle ne connaissait pas encore.
En 1990 parut la cassette vidéo des 3 ténors, Véronique économisa pour se l’acheter, aussitôt elle le regarda. Il lui semblait que Placido chantait pour elle, il la regardait, lui disant des belles paroles qu’elle n’avait jamais entendues, pas même durant ses fiançailles assez banales.
Puis parut les 3 ténors en 1994,  Véronique l’acheta dès qu’il sortit, elle devenait passionnée, elle rougissait comme une jeune fille. Son mari lui fit un brin de cour la trouvant plus jolie mais il sentit vite sa réticence, il pensa qu’elle le trompait et demanda à un détective de la surveiller. Il apprit qu’elle restait seule à la maison et parfois s’achetait un DVD mais toujours de l’opéra, il sourit et oublia son épouse pour des choses moins futiles. Entre temps Véronique collectionnait tous les opéras tournés par Domingo, elle acheta le DVD des 3 ténors à Paris, elle fut un peu déçue, trouva qu’il avait vieilli, elle se rappela qu’elle aussi avait vieilli, s’ils devaient vieillir ensemble, elle devait l’accepter.
La vie continua ainsi jusqu’au jour où les enfants alertèrent leur père que leur mère n’était pas bien, elle passait la journée devant l’écran à regarder les opéras et soupirait en disant « Placido, tu seras mien un jour » Elle n’écoutait plus ses enfants, vivait dans un monde qui n’appartenait qu’à elle entre Paillasse, Carmen, les ténors et d’autres, sa collection était énorme maintenant.
Inquiet son mari fit venir le médecin qui conseilla le psychiatre, elle y alla sans trop savoir ce qu’elle faisait, parla de sa passion. Le psychiatre ne put rien pour elle, au bout d’un an il dit à son mari qu’elle ne guérirait pas en prononçant des noms savants qu’il ne comprit pas. Il voulut savoir ce qu’il devait faire. Le psychiatre lui dit :
  • Il est trop tard, elle n’est pas dangereuse, elle évolue dans un monde imaginaire. Laissez-la !
Le mari continua à travailler, encore plus, pour oublier sa femme défaillante, Véronique attendait que Placido Domingo vienne la chercher pour l’emporter dans un autre monde.
Les enfants partirent petit à petit, ils venaient très peu, leur mère n’était plus disponible pour eux. Un jour Véronique partit, elle avait entendu dire que Placido vivait seul aux USA, elle ne savait si c’était vrai ou pas, mais elle pensa que c’était le signe tant attendu, elle partit le rejoindre, il la reconnaîtrait même sans l ‘avoir jamais vu, elle en était certaine !
Elena