mardi 31 mars 2015

LA GRANDE ECOLE


J’avais appris à lire et à écrire avec mon père en russe, j’avais aussi des notions de calcul et d’autres matières comme l’histoire ou la géographie mais je ne parlais pas très bien en français par contre je le comprenais correctement.
A six ans ma mère, qui travaillait à domicile en peignant des châles, me présenta une grande fille  de treize ans nommée Yvette qui devait m’emmener et me ramener de l’école. Je n’avais pas fait la maternelle et je ne connaissais personne car mes parents ne me laissaient pas jouer dehors à cause de la rue où passaient les voitures.
A l’école je me sentis bien seule, j’eus beaucoup de réflexions du genre «  tu es d’où ? « Pourquoi tu parles pas comme nous ? » Mais le pire c’était quand je sortais, les garçons me lançaient des cailloux en me traitant de sale russe et Yvette avait du mal à le gérer. D’une part je détestai l’école car on me considérait comme un être à part et d’autre part je décidai d’écrire aussi bien que les autres et je m’appliquai beaucoup.
Un jour on nous demanda de poser pour une photo dans une cabine, c’étaient comme des photomatons, je ne connaissais pas et je me suis sentie effrayée, on le voit sur la photo car j’étais prête à pleurer ne comprenant pas ce qu’on voulait me faire. J’étais la première étant assise devant.
Malgré tout, le matin je traînai pour ne pas aller en classe.
Cette année papa ramena à la maison une radio et nous pouvions capter radio Moscou. Maman retenait les contes pour me les raconter et parfois j’entendais des chants russes. Ma sœur n’habitait plus chez nous et nous n’étions que tous les trois et la sérénité était revenue ou du moins en apparence.
Le soir il nous arrivait de jouer aux cartes, des jeux russes surtout pour enfants et un soir je dis en riant :
-        Je donne ma parole d’honneur que je n’ai pas la dame de cœur,
-        Montre ton jeu me dit papa d’un ton sec et bien sûr je l’avais.
-        On ne donne pas une parole d’honneur quand on a l’intention de mentir c’est très grave ce que tu as fais, la parole d’honneur ne se donne que pour des choses très importantes. Va te coucher, je ne joue pas avec une menteuse.
J’étais trop jeune pour bien comprendre mais ses mots sont restés gravés dans ma mémoire.
En même temps je commençais à percevoir qu’il y avait une différence entre les adultes et moi, ils pouvaient me mentir sans que ce soit important mais pas la réciproque, quand c’était moi ça devenait  très grave, ce problème me trotta longtemps dans la tête. J’étais déjà introvertie et je n’en parlai à personne, plus tard ce fut trop tard je l’analysais toute seule.
Au moins à la fin de l’année je savais me débrouiller pour lire et pour écrire, j’étais la deuxième de la classe et mes parents furent fiers de moi.

Je ne fis qu’une année scolaire à Villejuif et je connaissais très peu les enfants de la ville aussi quand je venais je restais avec maman.
Elena 2015

lundi 30 mars 2015

LE POEME


L’étincelle qui crée une œuvre de génie
Jaillit plus sûrement au feu de la douleur,
Et c’est pourquoi l’esprit qui cherche le bonheur
Las de désespérer très fréquemment le nie.
Chacun ayant sa part, c’est une calomnie
De la déblatérer dans un moment d’humeur.
Afin de s’épargner l’inutile clameur
Il faut se souvenir d’une époque bénie.
Car nous sommes atteints au cycle rituel
Et le destin agit comme un tyran cruel
Qui punit sans donner les raisons de son blâme.
Le poète inspiré, n’a pas à faire un choix :
Ses larmes sont le sang désincarné de l’âme
Comme la poésie envoûtante est sa voix.

Elena 2015

vendredi 27 mars 2015

EVTOUCHENKO (né 1932)


Poète russe qui fut l’un des premiers à s’élever pour la liberté d’expression après la mort de Staline. Je le cite :
Pour qu’on ne mette plus des orphelins au monde,
Pour que, toujours, les hommes mangent à leur faim
Pour que les innocents n’aillent pas en prison,
Pour que plus jamais un coup de feu ne résonne
Evgueni Evtouchenko
Il est venu en France où il fut très bien reçu, c’était pendant sa période de reconnaissance en tant que poète. Il écrivit « Les éclaireurs » puis prit la défense de Pasternak et fut renvoyé de l’ordre des écrivains pour un temps. Son œuvre la plus connue est Babi Yar écrit en 1961.
Il fut vite marié à une poétesse connue de l’époque Akhmadoulina.
Il est également acteur et réalisateur de cinéma.
IL est considéré comme le poète de la liberté qu’il défendit de son mieux en tant que pionnier.

Elena 2015

jeudi 26 mars 2015

JANNA


Janna est une belle chatte chartreuse, mon fils l’a depuis un an environ. Elle est très éveillée et arrive souvent à ses fins. Cela ne l’empêche pas d’être très gentille, câline et sociable sans oublier de jouer.
Mon fils met les croquettes dans un placard de la cuisine assez facile à ouvrir, il suffit de tirer à soi. Janna l’a observé et un soir où mon fils est rentré après le travail il trouva les croquettes par terre et, bien sûr Janna s’était bien servie. Depuis il est obligé de les enfermer dans un endroit où la porte se ferme bien.
Comme tous les chats elle a fait ses griffes sur le canapé et les rideaux mais elle a apprit toute seule à ouvrir le robinet d’eau et là c’était plus embêtant et mon fils a mis des objets devant les robinets qu’elle peut atteindre.
Ma petite-fille a trouvé un logement individuel, pas loin, mais avec Janna fiston ne s’ennuie pas, elle est bien trop vivante. Le matin sans miauler elle saute pour lui faire comprendre que c ‘est l’heure et parfois ils dorment ensemble, mais elle au bas du lit seulement.

Elena 2015

mardi 24 mars 2015

14 JUILLET - REVOLVER


Ma sœur est revenue avec ma nièce de 18 mois de Saigon en cachette de son mari. Je considérais ma nièce Tania comme ma petite sœur. Nat tomba amoureuse d’un certain André qui venait souvent à la maison mais mon beau-frère Alex était revenu chercher sa femme et sa fille. Mes parents inquiets par leurs disputes décidèrent de me cacher avec ma nièce et maman chez les voisins M et Mme Fontaine qui me gardaient parfois ; papa restait à la maison avec ma sœur.
Pour le 14 juillet Nat me proposa d’aller voir le feu d’artifice, j’ai accepté avec joie. Il fut merveilleux, ensuite elle me mit dans les bras d’un petit garçon nous demandant de danser pendant qu’elle dansait de son côté. La soirée fut formidable et nous revenions en bavardant toutes contentes. Soudain nous voyons Alex et son père venir vers nous tenant des revolvers à la main. Nat me chuchota « tu vas aller chez papa mais pas chez maman dès que je te le dis » j’opine, je n’ai pas la force de parler, j’avais déjà vu avec ma sœur des films policiers et les pistolets me faisaient peur.
-        Je veux Tania dit Alex braquant le pistolet sur ma sœur,
-        Laisse d’abord partir ma petite sœur, elle n’y est pour rien,
-        Elle pourra servir d’otage,
-        Tu ne ferais quand même pas ça, je ne te dirai rien si tu ne la laisses pas partir.
J’avais du mal à respirer et la peur me tenait au ventre.
Alex discute avec son père et accepte. Je cours le plus vite que je peux chez papa et j’arrive toute essoufflée mais il n’y a personne à la maison et la porte est ouverte, j’ai eu tellement peur que je ne me souviens plus comment se termina la soirée. J’ai appris plus tard que les deux hommes sont venus voir mon père et qu’il s’est sauvé jusqu’au premier bistrot pour appeler la police et je suis sûrement arrivée à ce moment.
Le lendemain je suis chez la voisine, il y a André et ma sœur ainsi que maman, ma nièce et moi.  Brusquement la porte s’ouvre et Alex fit irruption dans la pièce. Ma mère me fit glisser sous la table avec Tania en me demandant de la tenir pour qu’elle ne bouge pas. Les deux hommes se mirent à se battre pendant que ma sœur criait, un des deux avait du sang sur le visage. J’ai oublié la fin car j’étais trop tendue et inquiète. Ma sœur réussit à divorcer, ce fut long  et, mes parents lui demandèrent d’aller vivre ailleurs.
Nous apprîmes que des gens dans la rue avaient dénoncé notre habitat chez les Fontaine pour de l’argent, mon beau-frère les avait achetés.

Elena 2015

lundi 23 mars 2015

PRIERE


Seigneur, comprenez-moi
Je n’ai rien d’une sainte.
Connaître le paradis,
Lorsque je serai partie,
Ne m’offre aucune joie.
Par contre, je veux bien
Sans trop vous déranger,
Connaître un aperçu
Du paradis terrestre.

Elena

vendredi 20 mars 2015

Ivan Aïvazovski (1817 – 1900)


Peintre russe d’origine arménienne,  il peint surtout la nature en privilégiant la mer.
Après des études à l’académie impériale des Beaux-arts, il part en Crimée et dessine des peintures marines.
Il voyage en Europe et reçoit une médaille d’or à Paris, il est le premier artiste peintre étranger à en recevoir.
De retour en Russie il continue à peindre la flotte russe et voyage beaucoup. Il retourne vivre en Crimée où il décore sa maison en musée.
Il a laissé plus de 6000 œuvres et la moitié sont des marines.
Il est considéré comme un romantique réaliste, pas lui mais sa peinture.
Je vous mets deux de mes préférées.

Elena 2015


jeudi 19 mars 2015

ACCOUCHEMENT DANS LE NOIR (1969)


Carole attendait son premier enfant, elle devait accoucher à la clinique près de chez elle, Comme elle n’était qu’à huit mois elle ne s’inquiétait pas. Pourtant le soir, elle dit à son mari, « Je crois que j’ai des contractions » Inquiet, il demande s’il fallait l’emmener à la clinique, elle refusa et dit « Je te réveillerai si besoin »
Le mari travaillait, Carole le laissa dormir et se prépara, prit sa douche, prépara le sac avec les affaires du bébé, son sac à part. Brusquement elle sentit qu’elle perdait les eaux, inquiète, elle réveilla son mari et lui demanda de l’emmener, il fut vite près, et ils arrivèrent à la clinique. Quelle ne fut leur stupeur de voir que tout était éteint. Ils frappèrent, la porte était encore ouverte et ils purent entrer, ils montèrent au second étage, à la maternité. Le mari tenait son briquet allumé, il commença à appeler une sage femme. Une femme arriva suivie d’une auxiliaire de puériculture. La sage femme dit :
-        Nous avons une panne d’électricité, le groupe électrogène ne fonctionne pas, si vous avez le temps je vous conseille d’aller dans une autre clinique. Carole,  répondit :
-        Je ne sais pas, j’ai perdu les eaux. La sage femme l’examina avec une lampe électrique et dit :
-        Vous accouchez, vite déshabillez vous, Arlette, aidez-moi à tout préparer. Le mari ronchonnait, il ne tenait pas à ce que sa femme accouche dans le noir. La sage femme lui dit froidement :
-        Si vous voulez aider votre femme, vous lui tenez la main, s’il vous plaît pouvez-vous m’éclairer ? Il râla mais accepta.
La sage femme commença à surveiller l’avance du bébé, elle craignait qu’il n’y eut une complication car il n’y avait ni le docteur ni l’anesthésiste, comme elle aurait préféré qu’ils partent dans un endroit plus sûr.
L’accouchement avançait, elle dit à Carole :
-        Tout se passera bien, maintenant commencez à pousser en soufflant, je vous dirai d’arrêter. Carole obéissait, elle était consciente de la situation. Sylvie, l’auxiliaire puéricultrice aida la sage femme en poussant sur le ventre pendant les contractions.
-        Enfin la sage femme dit  au mari :
-        Éclairez bien s’il vous plaît, le bébé sort ! En effet, le bébé venait de naître dans le noir. A ce moment la lumière revint, Carole sourit soulagée.
 La sage femme lui coupa le cordon et l’attacha pendant que le mari éclairait en regardant son bébé. Sylvie prit le bébé et alla dans la pièce d’à côté pour enlever les glaires, et l’habiller.
Sylvie revint avec le bébé habillé et le donna à la maman, le mari, avait oublié pour la lumière, il admirait son premier enfant et souriait.
La mère fut installée dans sa chambre et remercia la sage femme pour cet accouchement fait dans des conditions aussi délicates.

Elena 

mardi 17 mars 2015

LES FAUX CILS


Ma sœur avait perdu ses cils et sourcils avec sa grossesse. Pour les sourcils elle se faisait un trait de crayon marron  ou noir ayant les cheveux châtain foncé comme maman. Pour les yeux, elle s’était acheté des faux cils, je la regardais se les poser et j’étais pleine d’admiration devant ses beaux yeux grâce aux faux cils. Un jour je n’y tins plus et une fois couchée je me relève doucement, je les prends, je les colle sur mes yeux en essayant de faire comme Nat puis je m’endors.
Le matin, je ne voyais plus rien, j’appelais maman affolée,  je croyais devenir aveugle, j’ai eu très peur. J’entendais Nat et maman me parler mais je ne voyais plus rien.
 Enfin, Nat comprit que c’étaient ses faux cils que j’avais pris, elle me lava les yeux, petit à petit je pus enfin voir autour de moi. Dès que j’allai mieux ma sœur se mit en colère :
-        Tu sais ce qu’ils m’ont coûté ?
-        Non, pardon Nat, je ne ferai plus,
-        Tu ne risques pas ils sont fichus et je ne peux pas m’en racheter d’autres.
J’avais eu tellement peur de devenir aveugle que la colère de ma sœur passa au-dessus de moi. Plus tard elle me raconta que pendant qu’elle jouait aux cartes j’avais mangé sa dame de cœur, je ne me rappelai pas de cet incident mais ce fut les plus grosses bêtises qu’elle put me reprocher étant petite.
Nat n’acheta plus jamais de faux cils de peur, peut-être, que ses enfants fassent comme moi. Ma nièce était une gentille petite fille mais aussi plus coquine que moi et ce genre d’idées aurait pu la traverser.
Nat était sévère avec moi et mes parents ne s’en mêlaient pas. Par exemple si je ne mangeais pas tout ce que j’avais dans mon assiette, je restais assise jusqu’à ce que l’assiette fût vide. Quand elle partait j’attendais que maman aille aux toilettes et je jetais tout dans la poubelle sinon je n’avais plus qu’à manger avant qu’elle ne rentre sinon elle me resservait le même plat au repas suivant. Je pense que maman le savait car c’est elle qui vidait la poubelle mais elle avait pitié de moi et ne disait rien.
Alors pour les cils,  je n’eus pas vraiment de remords !
Elena 2015




lundi 16 mars 2015

TROIS POUSSINS


Trois poussins jaunes se poussent
Trois poussins jaunes s’amusent.
Le plus vieux est à grand-père,
Le plus vif est à grand-mère,
Le plus jeune m’appartient,
C’est le plus beau, c’est le mien !
Le plus vieux est décédé,
Et grand-père l’a précédé.
Deux poussins jaunes se poussent
Deux poussins jaunes s’amusent.
Le plus vif partit un jour,
Et grand-mère le même jour.
Un poussin jaune grandit,
Un poussin jaune s’ennuie.

Elena 

vendredi 13 mars 2015

CHARLOTTE SALOMON (1917 – 1943)


Plusieurs livres furent écrits sur elle, le dernier que je viens de lire est de David Foenkinos.
Elle est juive allemande et connaît les difficultés de cette époque, son enfance fut semée de morts entre sa tante, sa mère, sa grand-mère et d’autres personnes du côté maternel. Son père est un médecin connu qui doit arrêter de par le fait d’être juif et sa seconde femme une grande cantatrice Paula qui de même fut interdite sous Hitler.
Charlotte était artiste peintre, elle tomba amoureuse d’Alfred, un enseignant écrivain, ils eurent une brève union mais qui la marqua tellement qu’elle le peignit de mémoire.
Son père insista pour qu’elle se réfugie auprès de ses grands-parents maternels sur la côte d’Azur, elle finit par accepter, après que son père fut revenu d’un camp.
En France, elle peint beaucoup en s’inspirant de musique ou en chantant, c’est ainsi qu’elle peint « Nuit de cristal »  cette fameuse nuit ou les Allemands pillèrent les boutiques juives, les cimetières et tuèrent beaucoup de juifs. Elle peignit aussi le célèbre : « Est-ce la vie ou du théâtre »
Elle peignit aussi son amour Alfred, elle de dos à la mer, sa famille, les atrocités qu’elle vit et ceux qu’elle connut comme tout les suicides familiaux.
Elle se maria avec Alexander, ils vivaient à l’ermitage lieu tranquille mais les Italiens laissèrent la place aux Allemands et elle fut dénoncée par un français anonyme.
Le couple se retrouva au camp d’Auschwitz, elle réussit à donner sa peinture à un médecin avant d’être arrêtée. Elle était enceinte de cinq mois et mourut gazée à 26 ans.
Son père et Paula s’en sortirent et réunirent tous les tableaux qu’ils envoyèrent en Israël après avoir fait une exposition.

Elena 2015

jeudi 12 mars 2015

ENTENDU A LA RADIO…


J’ai allumé ma radio sur France Musique comme je le fais souvent et j’entends le speaker raconter que dernièrement il y avait un concert à Budapest de Rachmaninoff, et tout le monde sait que c’était un grand pianiste et sa musique se joue toujours au piano. Le chef d’orchestre hésite une minute puis s’adresse au public :
-        Ce morceau de Rachmaninoff rendra beaucoup mieux au violon alors si vous vous voulez bien je vais demander à nos deux violonistes de l’interpréter sans l’aide du pianiste. Les deux violonistes étonnés se levèrent et jouèrent le morceau avec brio, la joie dansait dans leurs yeux. A la fin ils furent très applaudis et on sait que ce fut spontané, les violonistes n’étaient pas prévenus c’était une idée du chef d’orchestre.
Comme j’ai pris l’émission en cours de route j’ignore le nom du chef d’orchestre, des violonistes et du jour du concert, j’ai rapporté ce que j’ai entendu car j’ai trouvé ça intéressant et peu courant dans les concerts.

Elena 2015

mardi 10 mars 2015

L’HÔPITAL


Un matin, ma mère m’habille mieux que d’habitude, elle me dit :
-        Nous allons visiter un immeuble très grand, nous reviendrons rapidement,
-        Où maman ?
-        Tu verras, viens nous sommes presque en retard.
Nous arrivons devant un grand bâtiment, une dame habillée tout en blanc y compris une coiffe blanche sur les cheveux vient vers nous et me demande de la suivre,  je ne veux pas et je m’accroche à ma mère, j’ai presque cinq ans, j’ai peur, la dame me tire et ma mère part en me faisant un signe de la  main. Je me retrouve dans une grande salle où il y a plein d’enfants. On me demande de me déshabiller et de me coucher, j’ai les larmes qui coulent, une fillette me prévient :
-        Si tu pleures on va t’enlever des choses dans la gorge mais si tu es sage tu rentreras chez toi. Je la crois et je m’endors.
Le lendemain matin on m’emmène dans un bloc opératoire, un chirurgien ORL
m’enlève les amygdales et les végétations, ça je l’ai appris plus tard. J’ai eu une anesthésie locale et quand le chirurgien m’a retiré mes amygdales et végétations il m’a montré ce qu’il avait enlevé de ma gorge tout content de lui et posé le tout sanguinolent face à moi, j’avais envie de vomir. Puis on m’a donné une serviette et je crachais beaucoup de sang, j’étais effrayée malgré une infirmière qui m’a dit que c’était normal. En plus, je ne pouvais plus parler et la peur devenait intolérable. Mes parents sont venus me chercher dans l’après-midi, papa m’a acheté une glace, je lui trouvais mauvais goût il m’a forcé à la manger en m’expliquant que c’était pour ma guérison. Comme je ne pouvais plus parler, ma mère m’avait donné un cahier et un crayon, j’écrivais pour demander quelque chose ou répondre à une question. J’en ai voulu à mes parents pour l’hôpital et après je me méfiais des sorties surprises.
Deux semaines plus tard j’ai pu reparler par contre ma voix fut cassée et d’après ma mère je chantais moins bien après l’opération. J’ai eu en horreur la glace pendant des années. Heureusement qu’il n’y a plus de grandes salles comme avant et l’hôpital s’est humanisé. Quand il a fallu enlever les végétations à ma fille, je restai dans la même chambre qu’elle, la petite avait quatre ans et se sentait plus rassurée avec moi.

Elena 2015

lundi 9 mars 2015

LA MESANGE


La mangeoire est installée, nous avons remis un bloc vert de graisse et la mésange est revenue. Elle n’a pas peur de nous, pour la photographier je suis sortie de la cuisine et je me suis approchée d’elle, elle continuait à picorer. J’ai pu la photographier de plusieurs côtés elle n’a pas bougé de sa place. Elle n’est pas seule parfois une autre vient et j’ai vu aussi un rouge-gorge. Les gros oiseaux ne peuvent s’accrocher à la mangeoire ils cherchent leur nourriture ailleurs. Comme ils me mangent mes cerises, prunes et autres fruits je ne tiens pas à les nourrir l’hiver en plus mais la mésange est mon amie, elle fait son nid dans l’acacia boule et je le vois jusqu’au prochain printemps.
Les chats des voisins observent assis sur le muret mais ils ne peuvent pas faire du mal aux oiseaux, les branches sont trop hautes pour eux.

Elena 2015

vendredi 6 mars 2015

WALTER SCOTT (1771 - 1832)


Mon père me lisait beaucoup d’auteurs en russe et le seul qu’il a abandonné et que j’ai terminé seule fut « La prison d’Edimbourg » de W. Scott. Nous avions lu ensemble Ivanhoé et  Quentin Durward. 
J’ai entendu son chant de guerre Midlothian, première œuvre, étant jeune.
C’est un poète écossais qui a fait du droit ainsi que de la philosophie morale. Il parcourut Edimbourg et l’Ecosse pour écrire. On lui doit l’usage du kilt.
J’ai beaucoup aimé « la dame du lac » une légende avec tous ses mystères. Shubert a composé « Ave Maria » en l’honneur de « La dame du lac »
Il est connu aussi pour ses ballades écossaises mais j’en ai lu très peu et le lai du dernier ménestrel que j’ai entendu adulte déjà. J’ai lu aussi « La fiancée de Lammermoor » une tragédie qui m’avait émue dans ma jeunesse.
Marié père de 4 enfants, il fut connu en tant que poète et romancier. Il est très célèbre dans son pays !

Elena 2015

jeudi 5 mars 2015

LE PORTABLE


J’attendais mon train dans une salle d’attente, j’avais encore vingt minutes au moins. J’ai voulu ouvrir un livre mais à côté de moi j’entendais une mère de famille qui criait dans son portable :
-        Surtout n’oublie de fermer la porte à clef quand tu iras au collège, l’autre fois tu avais oublié !
De l’autre côté une jeune fille racontait à son portable :
-        Il est mignon, je suis folle de lui mais je ne sais pas s’il ne préfère pas Corinne
-       
-        Tu es sûre qu’elle ne l’aime pas, ce serait chouette si elle me le laissait !
Alors je levais la tête et je vis un homme en face de moi qui parlait de son travail sur son portable et un autre qui se plaignait de la politique actuelle. A vrai dire tout le monde avait son portable, j’étais la seule à l’avoir éteint et j’avoue que lire dans ce tintamarre était une performance que j’ai vite abandonnée pour aller me promener sur les quais.

Elena 2015

mardi 3 mars 2015

FAUX DEPART



Depuis le mariage de ma sœur, il y avait pas mal de remue-ménage à la maison. J’allais sur mes 4 ans, ma mère me dit « Nat, va partir rejoindre son mari en Indochine » je demandai si elle reviendrait tous les jours « Non dit ma mère, c’est trop loin ». Depuis mes pleurs ne me quittaient plus, ma sœur s’occupait de moi, je ne pouvais pas imaginer son absence. Un jour mes parents m’appelèrent pour m’annoncer :
 «  Tu  vas partir avec Nat »,  le bonheur m’envahit et je suivais ma sœur partout, elle avait plein de démarches à faire, des achats aussi, je ne la quittai plus. Elle m’expliquait le climat du pays où nous allions, répondait à mes questions, je voulais tout savoir.
J’avais,  de mon beau-frère, le souvenir d’un jeune homme très beau, gai et me portant sur les épaules, alors j’étais vraiment heureuse à l’idée d’aller le rejoindre dans un pays mystérieux.
Je me souviens des préparatifs, ma sœur commença par sa valise, elle prenait surtout des vêtements d’été, j’ai retenu qu’il faisait surtout chaud là-bas et aussi qu’il pouvait pleuvoir pendant une longue période, cela ne me gênait pas, du moment qu’elle m’emmenait avec elle.
Ma sœur allait sur ses 18 ans, elle était enceinte et se fatiguait vite,  parfois elle pleurait, je ne comprenais pas pourquoi ?
Enfin la veille du départ, on prépara ma valise, je pouvais choisir les robes que j’allais prendre, pas trop de jouets pour que le bagage ne soit pas trop lourd.
Le dîner fut amélioré, mes parents étaient tristes, ma sœur aussi, j’étais la plus heureuse de tous et je riais, plaisantais, posais des questions jusqu’à ce que ma mère me mit au lit un peu excédée.
Je ne dormis pas beaucoup cette nuit, je réalisais que j’  allais quitter mes parents, je les aimais beaucoup, je comprenais mieux leur tristesse. Je me promettais d’être sage, je savais que Nat allais avoir un bébé, il ne fallait pas la fatiguer. Au fond de moi je voulais une petite fille, je pourrais jouer avec elle, maman m’avait dit qu’on ne choisit pas et on saura à la naissance.
Le lendemain, nous nous préparâmes, je surveillais ma valise, tellement j’avais peur de l’oublier et ne plus pouvoir partir. Ma sœur m’avait dit qu’il y avait des écoles françaises là-bas. Tout était prévu à l’avance et la journée risquait d’être fatigante, entre le train et le bateau.
Mon père nous arrêta devant la gare et nous quitta pour aller travailler,  ma mère m’avait pris un coussin, un autre pour ma sœur pour dormir dans le train, le voyage durait longtemps.
Enfin le train est arrivé, nous sommes montées toutes les trois, ma sœur avait réservé sa place et je m’assis à côté d’elle avec mon coussin, ma valise était en haut, à côté de celle de Nat.
Brusquement maman me dit «  Nous allons acheter des bonbons », je la suivis sans méfiance. Ma mère me demanda de choisir les bonbons que je voulais, je le fis très sérieusement.
Instinctivement je tournai la tête à cause d’un bruit et je vis le train où je devais partir avec Nat s’éloigner, je criai « maman, il faut courir pour le rattraper », elle me prit dans les bras et me dit « Tu ne partiras pas, ce n’est pas possible – Et  ma valise ? – Elle est  vide répondit-elle – Pourquoi je ne pars pas criais-je en pleurant ? – Nat ne pouvait pas t’emmener – Alors pourquoi elle m’a dit que je partais ? –Ma mère ne savait plus quoi répondre et me donna les bonbons.
Je tenais instinctivement les bonbons dans les mains en regardant s’éloigner le train.
Je ne croyais toujours pas maman. Ma valise était dans le train, ma mère l’a raté et ne voulait pas me le dire
Nous sommes rentrées, j’étais toujours en larmes et là je vis mes affaires rangées dans l’armoire, en effet, la valise était vide.
Elena 2015




lundi 2 mars 2015

ECRIRE DES JOLIES CHOSES


J’aimerai écrire des jolies choses,
Oublier les nouvelles du jour ;
Vivre dans un monde magique,
Dans ma bulle comme à six ans.
J’aimerai voir un monde magnifique,
Où les oiseaux sont rois,
Parmi les plus belles fleurs du monde ;
Dans un royaume idyllique,
Comme on en rêve enfant !
J’aimerai tellement vivre ces choses,
Qui n’existent pas !
Je fermerai ma bulle,
Ensemble, nous serons bien !

Elena