mardi 20 janvier 2015

LE GEL


Il faisait froid sur la Seine et Jacques en marchant fut frigorifié ; pas facile dans ces conditions de penser à ce qu’il devait faire ! Toute sa vie fut un échec soit quarante ans, il en était conscient et aurait aimé ne plus vivre dans une chambre de bonne. Il s’arrêta devant une bouche de métro pour se réchauffer, ce n’est pas avec vingt centimes qu’il pourrait déjeuner. Il revit son père qui était tout le temps sur son dos, sa mère qui s’aplatissait devant son mari, sa sœur qui fut la seule à être choyée par ses parents. Après avoir raté son Bac il partit vivre ailleurs, justement dans la chambre de bonne où il vivait toujours. Il avait fait plusieurs petits métiers et aujourd’hui travaillait à la poste comme réceptionniste. Il est vrai que son mariage dura moins d’un an à cause du peu d’espace, depuis il devait donner une petite somme pour sa fille qu’il ne voyait pour ainsi dire jamais.
Le froid se faisait sentir de plus en plus et Jacques se sentait gelé, il ne sentait plus ses doigts et n’avait pas de gants ni même des poches pour les réchauffer.
Au fil des ans il avait bien essayé d’économiser mais sa chambre coûtait deux fois plus qu’elle n’aurait dû et il ne savait pas négocier. Depuis son enfance Jacques acceptait les aléas de la vie comme ils se présentaient, jamais il ne discutait ni ne marchandait. Ce trait de caractère plut à son épouse au tout début puis elle ne supporta plus qu’il baisse les bras en acceptant tout et ils se quittèrent, il n’essaya même pas de la retenir, il ne savait pas le faire.
Jacques vit un banc vide, par ce froid les gens marchaient vite et ne s’attardaient pas dans la rue, il s’étendit à moitié, avant de continuer son chemin. Il ne savait pas où aller, il ne travaillait plus depuis hier, il donna son compte après s’être fait agresser par une mégère : personne ne comprit sa réaction. Il n’avait rien en vue, pas la force de lutter pour lui-même, il ferma les yeux et se revit dans le jardin l’hiver quand il faisait un bonhomme de neige. Il ne sentait plus le gel, il était bien et ne voulait plus bouger, un homme le secoua puis il perdit connaissance et se retrouva à l’hôpital.
Grâce au gel il retrouva du travail par une assistante sociale de l’hôpital et reprit petit à petit goût à la vie, son ex femme l’autorisa à voir sa fille plus souvent et il chercha un logement plus décent.

Elena 2015

18 commentaires:

  1. "crise de la quarantaine" ! où on a l'impression d'avoir "raté" sa vie... on ne se souvient plus des moments heureux et on préfère s'enfoncer dans son "malheur"... pas simple de s'en sortir !
    je sais que c'était un petit livre... mais tu lis vite quand même !!! et il est "prenant" même s'il ne s'y passe pas grand chose... ça peut-être ça aussi un "grand" écrivain !

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  2. Un parcours de vie comme il y en a tant et tant !
    Mais il ne faut jamais baisser les bras.
    Amitié.

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  3. Une vie triste que le manque de volonté apparent du protagoniste n'arrange pas ! Heureusement la fin de l'histoire est un peu plus rose.

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  4. une belle histoire qui finit bien
    belle journée, Elena

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  5. Ouf ! il y a encore des histoires qui finissent bien !
    Bise et bon mardi Eléna !

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  6. Tout espoir n'est jamais perdu et quand on est au fond de la piscine, il n'y a plus qu'à taper du pied pour remonter ! Bonne semaine !

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  7. c'est un superbe texte , comme tout ce que tu écris ....
    mais ça fait 2 hivers que c'est humide , très très humide et pas de gel .... on a eu de la neige fondante et un peu de givre ...mais un paysage de gel c'est beau a voir

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  8. une belle histoire, triste et qui semblait partie pour mal se terminer, heureusement une main secourable est venue secouer un Jacques sans volonté, mais récupérable...bonne journée chere Ln bises

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  9. Comme quoi quand on croit que tout est fini, une petite étoile veille sur nous pour quelquefois nous secourir....! Je te souhaite une agréable journée gros bisous

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  10. combien de malheureux
    sont perdus
    deviennent S D F
    la faute à la Femme devenue intransigeante
    pasque mère ?

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  11. Bonjour Elena,
    Rien n'est jamais perdu.
    Bon mardi
    Bisous

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  12. dans son malheur il a eu de la chance !! un homme sans doute trop brave
    bonne soirée

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  13. bonsoir Elena ... une histoire édifiante ... il est en effet parfois nécessaire à l'homme de tomber bien bas pour ensuite donner le coup de pied salvateur ... ton histoire prouve aussi que la solidarité humaine existe et que tout le monde, un jour, croise sa chance ...
    bisous et bon mercredi

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  14. Un rescapé de la difficulté de vivre.
    merci de tes fidèles visites Elena. Bisous

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  15. Bonjour Elena,
    J'ai relu ton histoire, il y a toujours une lueur d'espoir.
    Bon mercredi
    Bisous

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