vendredi 19 novembre 2021

 

UN AMI

Il avait 45 ans,  Lisette n’en avait que 13, il était un ami de la famille et comme tel, venait régulièrement à la maison.

Lisette était habituée à le voir, il lui avait demandé de l’appeler Jean, elle avait accepté sans gène. Elle savait qu’il travaillait à la banque, un poste assez élevé, elle aimait le voir, il lui racontait ses voyages, parfois il lui ramenait des fleurs ou des bonbons.

Sa mère disait toujours :

-        Jean, vous la gâtez de trop ;

-        Mais non, elle est charmante ! Il lui lançait une œillade, elle se sentait complice avec lui.

Les jours passaient, Lisette n’avait guère de distractions et s’ennuyait souvent dans le vieux Lyon. La venue de Jean était la bienvenue, il racontait tellement de choses, il était si savant qu’elle recherchait sa présence.

Un jour sa mère s’absenta, elle lui dit :

-        Jean doit passer, tu lui rendras son livre et ne le retiens pas.

Elle opina, au contraire elle avait bien l’intention de le retenir, parler de tout avec lui, peut être jouer aux dames ou aux échecs. Elle alla se recoiffer, mit un pull qui lui allait mieux à ses yeux verts et descendit pour l’attendre, la sonnette retentit, il était là avec un sourire béat, elle lui dit bonjour en disant :

-        Attendez-moi dans le salon je vous ramène le livre que vous avez prêté à maman ;

-        Merci Lisette, ta mère t’a dit quand elle reviendrait ?

-        Pas avant deux heures, je pense, mais je peux vous faire un thé si vous voulez ?

-        Ce sera avec plaisir.

Elle prépara le thé, mit le livre près de lui sur le divan, prépara les biscuits, elle remarqua qu’il la suivait des yeux avec un regard qu’elle n’avait jamais vu, elle en fut un peu gênée mais pensa qu’elle se trompait.

Il la regardait, la laissant tout préparer comme une vraie petite maîtresse de maison, il pensa à son âge, se dit que dans certains pays les femmes étaient déjà mariées et ne voulut pas gâcher le plaisir de ce qu’il entrevoyait.

Lisette avait tout préparé et s’assit en face de lui, elle attendait à ce qu’il lui raconte une anecdote ou un voyage mais il la regardait de plus en plus intensément, elle se sentait gênée, il lui dit doucement :

-        Viens t’asseoir près de moi.

Elle se laissa faire, il commença à lui parler de ses beaux yeux, de sa bouche, de ses cheveux qu’il défaisait, elle n’était qu’un pantin qui ne savait plus se défendre, à un moment elle eut froid, elle remarqua qu’il l’avait déshabillée ; elle voulut bouger, se relever et partir mais une force l’empêchait, elle ne savait pas ce qu’on faisait d’elle, elle sentit une douleur, entendit des mots qu’elle n’avait encore jamais entendus, rougit et se sentit sale. Quand elle put se détacher, il était habillé et souriant, il lui dit :

-        Ce sera notre petit secret, à bientôt Lisette et il partit.

Elle alla prendre une douche, elle comprit clairement ce qui s’était passé, ne savait pas pourquoi elle n’avait pas su se défendre, sa vie était fichue car sa mère ne la croirait pas, elle lui avait déjà fait remarquer qu’elle était trop libre avec lui.

-        Je suis trop libre, maintenant je suis souillée pensa-t-elle douloureusement.

Elle réussit à se taire devant sa mère, elle évita d’être présente quand elle savait qu’il viendrait. Pourtant elle le rencontra dans le couloir, il la prit dans ses bras en la serrant dans ses bras,  elle hurla et sa mère ouvrit la porte ; elle vit la scène et lui demanda de ne plus revenir. Elle demanda à Lisette s’il s’était permis des privautés, elle avoua tout, sa mère la berçait comme une petite fille en disant :

-        Nous irons chez le gynécologue, c’est indispensable, il ne reviendra plus, ne t’inquiète pas, un jour un homme honnête t’aimera, tu oublieras peut-être.

La consultation chez le gynécologue fut très pénible pour Lisette, sa mère ne porta pas plainte pour ne pas la troubler plus avec cette histoire, Lisette avait refusé d’être ennuyée par les policiers et la justice en général.

Quand elle fut aimée, adulte et mère à son tour, elle regretta de ne pas l’avoir traduit en justice, elle aurait dû le faire pour les autres enfants. Elle-même s’en était sortie, elle put même en parler à son conjoint calmement mais d’autres ne le pourront jamais et leur vie sera finie à cause des hommes comme lui.

Elena



 

5 commentaires:

  1. A croire que dans tout homme vit un loup et son instinct passe avant toute autre considération .
    Joliment écrit ton histoire
    Douce journée ELENA
    Bisous
    timilo

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  2. Une histoire vraie...C'est bien que la parole se libère enfin et que les hommes prennent conscience du mal qu'ils font. bisous

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  3. il est très difficile de parler pour une enfant ou ado et souvent quand elle le fait, on ne la crois pas suivant la personne impliquée...un oncle ou autre, c'est dramatique car il faut des année pour s'en remettre et ce n'est jamais complètememt....doux vendredi. Bisous

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  4. terrible cette histoire, et ça arrive tous les jours , oui elle aurait du porter plainte, mais ça la regarde, elle a pu faire face, avec l'aide de sa mère , mais combien sont ravagés pour la vie ! filles ou garçons ! bonne fin de semaine amities et bises

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