Il y a un chemin qui monte vers le pigeonnier, il revient vers ma
maison par la route. Il y a deux endroits où coule l’Autize et mes chiens
adoraient cette promenade l’été, ils allaient se baigner.
Personnellement j’aimais y venir pour cueillir des mûres, en faire des
confitures, parfois les petits-enfants venaient avec moi et nous en trouvions
beaucoup !
Il y avait une maison un peu à l’écart, il m’est arrivé de voir la
fermière, elle me disait « Bonjour » ou c’était moi, c’était normal.
Hors, un, jour je cueillais des mûres et mon sac plastique était presque plein,
j’avais vu le fils qui passait le tracteur dans un champ et je lui avais
demandé la permission, il m’a dit :
-
Le chemin est à
tout le monde, vous avez le droit de cueillir des mûres
Je le remerciai et fis ma cueillette, le fils disparut entre temps, la
fermière vint à ma rencontre et me dit :
-
Vous »avions »
cueilli beaucoup de mûres ?
-
En effet, il y
en a beaucoup cette année !
-
Saviez-vous que
le chemin m’appartient ?
-
Non, cela pose
un problème ?
-
Peut-être bien
que oui ! Vous faîtes vos confitures au vitapris ?
-
Non, au sucre
cristallisé, pourquoi ?
-
Avec toutes mes
mûres que vous avez cueillies, vous pourriez me donner un pot !
-
Mais votre fils
m’a autorisé
-
Le chemin est à
moi, pas à lui.
-
Très bien, je
vous apporte un pot.
-
C’est pas de
refus dit la fermière.
Je rentrai très en colère, j’allais voir la
doyenne du village, je lui expliquai mon problème, elle me proposa :
-
Je vais venir
avec vous, ça ne se fait pas, je la connais bien, elle est avare !
Je la remerciai, je pris un pot de
confiture pas trop gros et allai chercher la doyenne, nous sommes allées en
voiture.
La fermière nous reçut en disant :
-
Vous avez ramené
du renfort !
La doyenne l’embrassa, elles parlèrent un
peu, je donnai mon pot et la doyenne en profita pour lui glisser :
-
Le chemin, il
est à tout le monde, la petite dame peut cueillir des mûres ?
-
Oui, je voulais
lui proposer de les cueillir avec moi, elle est partie avant.
-
Je ne viendrai
plus cueillir de mûres dans cet endroit lui répondis-je
-
Je dois vous
rendre le pot vide dit-elle ?
-
Non, gardez-le
pour la prochaine fois
La fermière me donna des pêches trop mûres
de son jardin et nous sommes parties avec la doyenne.
Elle m’avoua qu’elle avait toujours été
très avare.
J’évitai de cueillir des mûres à cet
endroit, j’en trouvai un autre.
Un jour, je jetai un coup d’œil au chien de
ma voisine, elle le laissait seul, il pesait dans les 85 kg. Il n’y a pas de
barrière et le chien se prélassait. Je vois la fermière qui m’a soutirée un pot
de confiture qui se promenait avec une amie, elle voit Charlie, recule instinctivement, il faut dire que
refaire le chemin à l’envers est un long parcours, je souris puis je m’approche
d’elle :
-
Vous avez un
problème ?
-
Le chien, il
mord ?
-
Je l’ignore, il
n’est pas à moi, je vais essayer de le calmer.
J’appelai
Charlie et le caressai le temps qu’elle passe, je savais qu’elle avait peur,
tout comme je savais que Charlie ne mordait pas, mais une minute de suspense
valait bien un pot de confiture !
Elena