Elle changeait à Caen pour rentrer à Paris, elle avait 1 heure
d’attente et souvent Liliane demandait l’autorisation de sortir, elle se
promenait un peu dans la ville et revenait dix minutes avant le départ du
train.
Ce jour-là elle revenait avec une nouvelle copine qui vivait à Paris,
elles avaient toutes les deux 15 ans, elles sortirent à Caen, se promenèrent et
oublièrent l’heure. Une grosse horloge montrait 20 heures, l’heure du départ du
train, Liliane se mit à courir, elle criait à sa copine :
-
Nous l’avons
raté, je ne sais pas s’il y en a un autre, presse-toi !
Elles arrivèrent essoufflées, le train partait au loin, le chef de gare
les regarda étonné en disant :
-
Je pensais que
vous étiez dans le train, vous êtes si ponctuelle en général ;
-
Oui, d’habitude
je suis seule ;
Liliane en voulait à son amie, elle oubliait qu’elle aurait pu
surveiller l’heure également. Elle demanda si elle pouvait téléphoner pour
qu’on vienne la chercher, sa valise était lourde et les métros peu sûrs, le
prochain train n’était qu’à 22 heures, il mettait 2 heures.
Elle alla téléphoner, son père
ne fut pas trop content, aller la chercher pour minuit ne l’enthousiasmait
guère d’autant qu’il travaillait le lendemain, elle se fit disputer pour sa
distraction. Sa copine lui avoua :
-
Je n’ai pas
assez d’argent, tu me prêtes pour que j’appelle mes parents ;
-
Il te faut
combien ? Demanda Liliane de mauvaise grâce ;
-
Dix francs et je
te rends la monnaie.
Elle lui tendit le billet sans rien dire, il ne lui restait plus rien,
même pas de quoi téléphoner si son père ne venait pas.
Le plaisir de leur sortie s’estompait, leur amitié s’ébréchait
rapidement. Elles attendirent le prochain train en parlant très peu, chacune
sortit un livre, il faisait nuit quand le train arriva, elles montèrent dans un
wagon vide. Liliane regarda son amie, elle pleurait, étonnée elle lui demanda
ce qui se passait, elle lui avoua :
-
Mes parents
m’ont dit de me débrouiller, à pied je suis à trois satinons de métro ;
-
Ils ne viennent
pas te chercher ?
-
Ils m’ont dit de
me débrouiller en raccrochant, en colère.
Liliane n’en voulait plus à son amie, elle pensa que ses parents
étaient bien inconscients s’ils ne venaient pas, ce n’était peut-être que des
mots pour la punir. Elle allait surveiller à la gare, en parler à son père
s’ils ne venaient pas.
Le train approchait de la gare Saint-Lazare, Liliane regardait les
gens, elle vit son père et se sentit soulagée, Elles descendirent, s’aidèrent
pour les valises. Liliane embrassa son père, elle vit son amie chercher des
yeux ses parents, ils n’étaient pas venus, elle en parla à son père à
l’oreille ; il dit :
-
Je vais vous
ramener mademoiselle, je suis en voiture et à cette heure il n’y a pas beaucoup
de circulation ; La jeune fille sourit reconnaissante :
-
Je vous
remercie, je pense que mes parents n’ont pas pu venir.
Liliane et son amie montèrent dans la voiture, son père laissa sa
copine devant la maison puis ils rentrèrent.
Le lendemain, sa copine lui téléphona, elle la remerciait, ses parents
avaient laissé les clés sous le paillasson, ils étaient sortis et n’étaient pas
encore rentrés quand elle arriva. Ils lui avaient donné de quoi la rembourser
et remerciaient son père.
Au retour, elles se retrouvèrent ensemble, sa copine se sentait un peu
gênée, Liliane la mit à l’aise :
-
Ne t’en fait
pas, ils avaient sûrement prévu leur sortie avant !
-
Ils savaient que
je rentrais, ils auraient pu refuser, je ne compte pas pour eux ;
-
Mais non, tu
vois tout en noir ;
-
Je sais ce que
je dis, ils ne sont pas sortis une seule fois avec moi ces 15 jours, ils ont
continué comme si je n’existais pas.
Liliane ne savait pas comment la réconforter, elle lui tapota la main
et dit :
-
La prochaine
fois, tu viens chez moi, nous sortirons ensemble, tu n’habites pas loin, ce
sera chouette !
-
Oui, je t’en remercie.
L’amitié se resserra au court du trajet, les amies ne se
quittèrent plus et firent le chemin en train ensemble les autres fois sans se
tromper, le père de Liliane raccompagnait l’amie avant de rentrer, au retour il
disait à sa fille :
-
Tout le monde
n’a pas la chance d’avoir un père comme le tien ;
-
J’en suis
consciente répondait Liliane en riant.
Elena