vendredi 27 septembre 2024

 

TRISTE MARIAGE

Elle savait que sa mère n’allait plus vivre bien longtemps, le cancer la rongeait, les médecins ne pouvaient plus rien pour elle ; ils la maintenaient en vie. Céline et son compagnon avaient décidé  de se marier surtout pour la mère de Céline, elle voulait tant voir son premier petit enfant !

Céline était enceinte, elle espérait que sa mère pourra tenir encore un peu pour voir son premier petit enfant.

Pour son mariage ils avaient organisé une fête dans une salle près de la mairie, sa mère ne pouvait pas marcher, son mari la soutenait mais elle voulait assister à la noce.

Le mariage à l’église fut prévu pour plus tard, il fallait que sa mère puisse récupérer un peu, ils se mariaient à l’église pour elle car ni l’un ni l’autre n’étaient vraiment croyants.

Céline souriait, elle savait que sa mère ne la quittait pas des yeux, elle ne voulait pas non plus décevoir son père qui avait déjà tellement de mal avec son épouse, il n’était plus qu’une ombre. Elle sentit un pincement en les voyant sur le premier banc, elle savait garder son sang-froid, il le fallait car toutes les têtes étaient bien tristes, ses oncles avaient déjà des têtes d’enterrement, ils oubliaient qu’ils étaient à son mariage et non à l’enterrement de leur sœur. Le reste de la famille n’était pas bien gai non plus, heureusement qu’elle avait ses amis, elle les regarda et se sentit soutenue par eux !

Après la mairie, tout le monde se retrouva dans la salle, Céline voulait tellement oublier que sa mère était finie, il n’y avait plus d’espoir, mais elle ne pouvait pas. Elle essaya de sourire, peu d’invités ne connaissaient pas sa mère, les autres adoraient sa mère et son proche départ, sa dégradation physique les touchaient plus que le mariage de Céline.

Elle regarda du côté de sa mère, elle essayait de lui sourire, ce n’était qu’un rictus fatigué. Elle luttait depuis si longtemps et elle en avait assez mais elle lutterait encore pour voir son petit-fils ou petite-fille.

La soirée ne se prolongea pas, les parents partirent assez tôt, les invités de la famille suivirent et Céline n’avait plus aucune envie de continuer de faire semblant. Sans sa mère elle aurait continué à vivre avec son compagnon, elle ne se serait pas mariée et l’enfant serait né quand même. Le pire sera bientôt l’église, elle le faisait aussi pour sa mère, elle n’en avait aucune envie, elle se disait « Cela n’a pas d’importance »

Le jour du mariage à l’église arriva, Céline était belle avec sa robe blanche, elle vit ses oncles porter sa mère, son père était à son bras, il était blême. Elle ne savait pas s’il était blême pour elle ou pour son épouse qu’il adorait ? Elle ne voulait pas se poser de questions, ce n’était pas le moment. Elle devait se souvenir de ce qu’elle devait faire, se concentrer. Tout se déroula normalement, il n’y a pas eu de bévue, son amie Valérie lui faisait des signes discrets quand elle ne savait pas.

Elle dit « oui » Après le baiser, tout le monde sortit pour la fameuse photo. Céline voyait que sa mère avait du mal à rester debout, même soutenue, elle demanda à ce qu’on commence à les photographier ensemble, ainsi sa mère put aller s’asseoir dans la voiture pendant la séance de photos.

Céline fut heureuse quand tout fut fini, elle était contente de rentrer chez elle avec son mari, elle ne voulait plus penser au mariage ni à ses parents ni au chagrin ; elle voulait pouvoir penser un peu à eux deux, à leur avenir. Elle devait rester sereine, son  bébé grandissait dans son ventre, le stress n’était pas bon pour lui, comment lui faire comprendre qu’il allait naître quand sa grand-mère allait mourir ?

Elle se rappela du mariage de sa sœur, il y a 3 ans, sa mère riait, elle était gaie, les gens autour étaient gais et sa sœur resplendissait, aujourd’hui elle sourit à peine et l’évita presque. A l’époque le charme de sa mère faisait des ravages, aujourd’hui elle était si légère que c’était impressionnant.

Céline se souvint que sa mère mit son enfant au monde alors qu’elle venait de perdre la sienne une semaine avant, elle espérait que ça ne se reproduirait pas pour elle. Pourtant elle prenait le même chemin, Céline alla se blottir dans les bras de son mari, elle avait besoin de sa tendresse. Il lui dit :

-        La vie et la mort sont liés, c’est naturel, pense à notre bébé ;

-        Je crois qu’il va bientôt bouger dit-elle.

Elena



mercredi 25 septembre 2024

 

LA MARCHE

Il marchait sans se retourner, regardant droit devant lui. Cela faisait trois heures qu’il marchait, la fatigue commençait à le tenailler, pourtant il ne marchait pas vite !

Simon avait toujours marché du ruisseau à sa maison, au moins trois fois par semaine ; il y avait environ dix kilomètres. Dans sa jeunesse la promenade ne durait pas si longtemps mais avec le temps…

Il venait d’avoir quatre-vingt-dix ans, il devenait plus lent dans ses mouvements mais personne ne l’aurait empêché de faire cette promenade. Il était presque arrivé et ses petits-enfants l’attendaient pour l’accueillir ! Ce soir ils lui fêteraient son anniversaire et ils seraient une trentaine.

-        Bravo Papy dit sa petite-fille Annette !

-        Ce n’est rien, question d’habitude fanfaronna-t-il !

La femme de Simon ne marchait plus, elle le regarda avec un air de reproche, le médecin avait conseillé d’aller moins loin, son cœur se fatiguait. Le vieux têtu n’écoutait jamais les médecins, il n’y avait rien à faire à part l’attacher !

Simon se reposa un peu en discutant avec ses petits-enfants :

-        Alors ton fils va se marier bientôt Denis ?

-        Oui papy, j’espère bien que tu viendras !

-        Pour sûr, je ne vais pas rater ça !

Les arrière-petits-enfants l’entouraient, il avait toujours des bonbons pour eux. Il était aimé de la famille et se sentait heureux quand tous venaient à la maison.

La soirée se passa merveilleusement bien. Simon souffla les bougies avec l’aide des enfants, il reçut comme cadeau un bon pour une semaine en Tunisie avec sa femme. Il était heureux, il n’avait pas eu l’occasion de voyager beaucoup et ce voyage l’avait toujours tenté.

Après le repas, les invités se dispersèrent d’autres couchèrent dans la maison.

Le lendemain matin Marianne trouva son mari mort, il avait un sourire aux lèvres.

Elena



 

 

lundi 23 septembre 2024

 


#lundi soleil

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vendredi 20 septembre 2024

 

 DEDOUBLEMENT

Elle se savait différente des autres enfants, elle jouait un double rôle et cela ne lui plaisait pas toujours mais comment faire autrement ?

A onze ans, Katia était une grande fille blonde, le midi elle s'achetait à manger, son père ne rentrait que le soir. Le repas expédié, Katia préfère jouer avec ses copains, elle n'a pas d'amies, les copains lui suffisent. Ensemble ils font du patin à roulettes, de la trottinette, ils jouent aux billes ou aux petites voitures et Katia se sent heureuse avec eux. Il y a une balançoire dans la courette et ils en font à tour de rôle.

Le soir son père rentre du travail et Katia redevient une fille bien élevée, elle ne dit plus de gros mots, elle s'intéresse à Tchékhov, Pouchkine mais aussi Maupassant ou Victor Hugo en passant par les BD. Elle a l'impression de vivre comme au temps où son père était jeune et riche;  malgré elle. Elle se conduit de la même façon , elle prend les manières des fillettes du début du XXe siècle, tout l'intéresse sur cette époque qu'elle n'a pas connu, elle oublie ses copains, le reste du monde, elle vit avec son père, les souvenirs de son père, les livres et le passé.

Si Katia a beaucoup de connaissances en russe, ses notes à l'école laissent à désirer. Son institutrice ne l'aime pas, elle ne la comprend pas, la trouve fière et se venge comme elle peut. Après plusieurs vexations, Katia se renferme et finit par ne plus jouer en récréation, elle attend la sonnette pour aller jouer avec les garçons de la rue, tous ont des problèmes mais ils l'ont accepté, avec eux ,elle est bien.

Son père ne comprend pas pourquoi cette année les notes ont tant baissé, il lui dit " pourquoi tu ne me demandes pas de t'aider, l'an dernier tu travaillais bien  pourtant ?" Oui, pense Katia, mais l'an dernier elle était dans une école privée et la maîtresse l'aimait bien c'était l'amie de grand-mère, depuis on a déménagé dans ce sous-sol, et j'ai changé d'école. La mort de grand-mère a tout changé, maman ne sait pas aider, elle ne peut rien  dire, et Katia baisse la tête respectueusement, elle aime trop son père pour le blesser.

Jeudi matin, Katia se lève plus tard, elle court dans la cuisine, son père lui laisse une illustration comique avec des vers l'accompagnant, c'est le meilleur moment de la journée, puis elle se prépare et court jouer avec ses copains, elle essaie de trouver une heure pour ses devoirs, elle a promis et une promesse doit être tenue.

Dehors, Katia voit un couple se disputant, l'homme rejette une femme qui se raccroche, un cri et la femme tombe, l'homme la laisse à terre et continue son chemin. Elle regarde discrètement si la femme a besoin d'aide, elle se relève et repart de l'autre côté en pleurant. Cet incident frappe la fillette, elle ne répond pas aux copains qui l'appellent et s'enferme chez elle. "Je jure que jamais cela ne m'arrivera" dit-elle pour conjurer le sort, elle prend un livre de Pouchkine et se laisse bercer par la fille du capitaine, elle se sent bien, son père la trouve ainsi, il lui sourit et la vie redevient normale, presque belle.

Ce soir-là M et ses 2 filles devaient venir à la maison, Katia les admiraient, elles étaient bien habillées, pas comme elle, étudiaient bien et son père en disait beaucoup de bien. A leur entrée elle sentit le mépris des filles, leur appartement était somptueux par rapport à leurs 2 pièces dans un sous-sol , la gène de Katia devant les autres filles, mieux loties, devenait paralysante. Elle leur montra ses derniers livres mais elles les avaient déjà lus puis les soeurs parlèrent ensemble oubliant sa présence, elle y était habituée malgré la douleur qui  montait.

Après le départ son père lui fit remarquer que les fillettes étaient très bien élevées, il était si content qu'elle ne lui dit pas qu'elle ne voulait plus les voir chez eux.

Son père était venu en France après la révolution, officier capturé, il s'est enfui pour rejoindre ses parents, il a fallu travailler dur pour élever ses frères de 15 et 16 ans plus jeunes que lui. Ses diplômes n'étaient pas reconnus, comme beaucoup de Russes il devint chauffeur taxi. De famille noble il côtoyait l'aristocratie russe, beaucoup étaient plus jeunes et avaient étudiés en France mais d'autres comme lui n'avaient pas beaucoup de moyens. Tous se voyaient chez les uns ou les autres, riches ou pauvres. Katia étaient habituées à tous les milieux et s'y adaptait assez bien tant que ce n'était pas chez elle. Elle ne savait pas ce qui la gênait le plus, ne pas avoir de mère comme les autres, elle ne l'avait pas élevée, l'appartement insalubre, ou leur pauvreté ? Ses sentiments lui faisaient honte, elle ne se sentait pas comme les autres pas plus parmi ses copains, ignorants tout de ses origines que parmi la famille ou amis de la même origine vivant autrement, le tout en fit une fillette solitaire plongée dans les livres, ne mangeant plus le midi.

Ainsi la médecine scolaire décerna une anomalie, après des examens, Katia apprit qu' elle avait un voile aux poumons et partirait au préventorium. Son père lui parla d'un mois ou deux mais ça dura un an.

Au retour Katia se sentit beaucoup plus française, elle n'éprouva plus le besoin de revoir ses anciens copains et fut presque contente de partir en pension.

Elle resta longtemps assise entre deux chaises, le jour où Katia alla en Russie, on fêta la Parisienne, et là elle comprit à quel point elle se sentait française.

Elena 2024

 

mercredi 18 septembre 2024

 

CHEMIN PRIVE

C’était le seul chemin qui ne grimpait pas et, Maryse le prenait tous les matins pour se tenir en forme, elle avait 80 ans passé.

Un matin en allant vers son chemin elle voit un camion au milieu du chemin, elle s’approche, un homme lui demande ce qu’elle fait là :

-        Je me promène sur ce chemin depuis plus de 60 ans,

-        Maintenant il faudra chercher ailleurs car il va être privé !

-        Mais pourquoi donc ?

-        Nous construisons une maison et tout cet endroit sera privé.

-        Je peux passer devant la maison tout de même.

-        Non, je crains que les nouveaux propriétaires n’aiment pas.

Maryse alla voir ses voisins et leur raconta pour le chemin. La plupart étaient au courant et assez remonté contre ce fait, il n’y avait pas de solution.

Depuis Maryse se promène entre les vingt maisons de la commune sans mettre les pieds sur le chemin privé mais le cœur est gros, elle ne voit plus la nature et les autres chemins montent de trop pour elle. Un jour elle ne sortit plus en dehors de sa cour et ce fut le début de sa fin. Le chemin continua à vivre sans se poser de questions !

Elena



lundi 16 septembre 2024

 


#lundi soleil

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#brun : Cabourg




vendredi 13 septembre 2024

 

CABOURG

Avec mon fils nous sommes allés à Cabourg quelques jours, c’est une charmante ville avec des énormes plages et vue sur la mer à l’infini !

Nous avons fait le bord de la mer de droite à gauche et aussi bronzette sur la terrasse de ma chambre d’hôtel qui donnait sur la mer. Nous avons eu un superbe coucher du soleil !

J’ai aimé les maisons normandes et je mets quelques photos de notre séjour.

Elena 2024












mercredi 11 septembre 2024

 

A LA VILLE

Le Parisien et sa femme invitèrent  leur hôtesse vivant  à la campagne. A la fin de la semaine il lui demanda :

-        Alors que pensez-vous de Paris, vous en avez vu des choses !

-        Trop de choses, trop de gens stressés, trop de bruit…

-        C’est tout ce que vous avez retenu de Paris ? Et la Joconde ?

-        Bof, on la voit aussi bien sur internet et de plus près et je ne fais pas la queue durant deux heures ;

-        Et les rues ?

-        Il faut tout le temps surveiller son sac, l’air est irrespirable et les gens à peine aimables.

-        Vous n’avez donc pas aimé la capitale !

-        Il faut la voir une fois, mais je suis heureuse de retrouver mes fleurs et le chant des oiseaux demain dit-elle en riant !

-        Je crois que l’on ne devrait pas partir en vacances, nous ne serions pas déçu conclut le citadin !

-        Je suis du même avis renchérit la villageoise et ils sourirent tous les deux.

Ce qu’elle ne savait pas c’est que le parisien revenait toujours avec joie à Paris et ne pouvait rester plus d’un mois à la campagne mais il ne dit rien pour ne pas la vexer !

Elena



lundi 9 septembre 2024

 

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