mardi 29 septembre 2015

LA VILLAGEOISE ET LA PARISIENNE


La parisienne demande :
-         Comment avez-vous vécu l’occupation ?
-         Dame cela n’a rien changé pour nous, on avait toujours autant de travail
-         Mais vous les voyiez les Allemands ?
-         Oui, ils venaient dans la région mais ils ne nous dérangeaient pas,
-         Vous acceptiez le gouvernement de Vichy ?
-         Cela n’avait aucune différence pour nous, on travaillait toujours.
-         Et la résistance vous connaissiez ?
-         Après la guerre quand tout le monde en parlait.
-         Comment avez-vous réagi à la libération ?
-         Pour nous c’était pareil, cela ne changeait rien, nous avions toujours autant de travail.
Découragée la Parisienne ne posa plus de questions, elle en savait déjà de trop !

Elena 2015

vendredi 25 septembre 2015

BLOK

BLOK
L’inconnue
Le soir, un vent fiévreux et lourd oppresse
Parmi la rue où sont les restaurants,
Alors que juin à des clameurs d’ivresse
Mêle son âme aux souffles altérants.

À peine si quelques voix d’enfants crient.
À peine si l’on voit se détacher
Loin, sur l’ennui morne des closeries,
L’enseigne au croissant d’or d’un boulanger.

Et chaque soir par delà les barrières,
Entre les verts talus de gazon ras,
Les fins roués aux expertes manières
S’en vont, chacun une fille à son bras.

Parmi l’étang le jeu des rames sonne,
Parfois un cri de femme retentit –
Et dans le ciel, qui de rien ne s’étonne,
La lune au croissant blême s’arrondit.

Ainsi le soir, tout au fond de mon verre
Tel un ami fidèle me sourit ;
Et je le vois dans la liqueur amère
Se fondre avec mon visage attendri.

Quelques servants, près des tables voisines,
Errent d’un pas somnambulique et las ;
Des hommes saouls aux prunelles sanguines
Clament en chœur : in vino veritas.

Et chaque soir je revois m’apparaître,
— Ou bien d’un songe seul suis-je leurré ? —
Un corps de femme, au vague des fenêtres,
Svelte, et de soie et de velours paré.

Spectre frôlant les tables par rangées,
Que toujours seule ainsi l’on aperçoit,
Et de parfums et de brouillards chargée
Auprès d’une fenêtre elle s’assoit.

L’on sent peser un monde de ténèbres
Parmi sa robe aux frôlis lents et doux ;
Son grand chapeau s’orne en plumes funèbres,
Ses frêles mains sont lourdes de bijoux.

Telle elle semble à mon âme hantée.
Sous sa voilette, alors plongeant mes yeux,
Je vois s’ouvrir une rive enchantée,
À des lointains purs et mystérieux.

Les sens brûlés d’incorruptible flamme,
Des plus obscurs secrets je suis témoin ;
Tous les replis ténébreux de mon âme
Sont transpercés par l’âpre éclair du vin.

Je crois alors sentir dans ma cervelle
Les grands, les noirs plumages osciller ;
Je vois ses yeux dont bleuit la prunelle
Comme des lis, à l’horizon, briller…

Ainsi je porte un trésor, dont sans cesse
La clé magique obéit sous ma main…
Tu disais vrai, monstre à face d’ivresse :
La Vérité pour moi gît dans le vin.
Blok

Ce fut son poème le plus connu mais d’autres ont suivi. Il fut un grand poète du XXe siècle.  Né en 1880 il est mort à 40 ans, l’alcool mais surtout les prostituées et les maladies vénériennes. Il aimait son épouse mais avait besoin des prostituées pour se sentir bien. Il fut reconnu comme un grand poète symboliste russe.

Elena 2015

mardi 22 septembre 2015

LE PORTE-MONNAIE


Caroline avait tout juste 20 ans et elle venait à Paris pour la première fois. On l’avait prévenue qu’il y avait beaucoup de pickpocket et qu’elle devait se méfier de tout le monde en prenant le métro ou le RER.
Ce lundi, elle devait rendre visite à sa tante malade et elle avait noté les stations de métro qu’elle devrait prendre ainsi que les changements. Elle prit son billet de train en payant comptant puis s’éloigna de la caisse et c’est là qu’elle vit un jeune homme louche habillé d’une manière décontractée et les cheveux relevés en queue de cheval, aussitôt elle se méfia d’autant qu’il s’approchait d’elle en criant « Mademoiselle… » Caroline se mit à marcher vite mais comme il la poursuivait en l’appelant « Mademoiselle attendez… » Elle eut peur et se mit à courir jusqu’au moment où elle trébucha et s’étala par terre.
Le jeune homme louche l’aida à se relever puis lui tendit son porte feuille en disant d’un air moqueur :
-         Vous l’avez laissé tomber en prenant votre porte-monnaie !
-         Merci, je suis confuse répondit-elle en rougissant.
-         Ce n’est pas mon jour de vol répondit le jeune homme en riant et il s’éloigna.
Caroline continua son chemin, dans la rue, une fillette l’accosta pour lui demander 5 € pour prendre son train,  elle avait un gentil sourire et Caroline ouvrit son porte-monnaie c’est là que la gamine vola un billet de dix € qui dépassait et se sauva.
A qui se fier se demanda Caroline avant de rentrer chez sa tante ?
Elena 2015


vendredi 18 septembre 2015

COULEUR


J’étais tout en sueur
Dans un lit tout blanc,
Il y avait des fleurs
Et des hommes en blanc.
Lentement je me tournai et là, une lueur,
J’ai vu une couleur
Qui m’a éblouie !
Elle a disparu,
C’était un éclat
Trop flou pour revoir.
Depuis j’ai cherché
Parmi toutes les fleurs
Cette fameuse couleur
Qui m’a éblouie.
Je n’ai pas trouvé
Elle vient de trop loin
Mais dans ma mémoire
Elle brille certains soirs !

Elena 

mardi 15 septembre 2015

SOUVENIRS

Voici mon dernier livre « SOUVENIRS »
Il retrace mon enfance et s’arrête à mon mariage. J’ai déjà mis des extraits sur le blog.


LES BLOCAGES DE MAMAN
Ma mère avait souvent des blocages, surtout quand elle ne voulait pas faire une chose. A commencer par le fait qu’on ne parlait pas d’accouchement ou de la perte de virginité. Maman était du signe vierge et elle décida de nous faire croire qu’elle était vierge malgré nos naissances ; c’était un peu gros et nous la taquinions sur sa virginité comme Marie. Elle ne me prévint pas pour les règles, heureusement que ma sœur m’en avait parlé. Je ne vis jamais maman sans sa robe.
Quand un sujet la gênait maman  disait :
-         poussin tu ne parles plus de ça sinon je ne répondrai plus.
Si j’insistais, elle pleurait. Elle n’avoua jamais qu’elle descendait de Gengis Khan et je l’appris après sa mort.
Maman me fit croire que ses frères et sa sœur étaient blonds mais quand je vis les photos d’eux adultes ils étaient bien bruns.
Aux échecs maman refusait de jouer si je lui prenais sa dame, elle disait :
-         tu as gagné, faisons une autre partie !
Il y avait aussi les médicaments : elle refusait de prendre les pilules si elles étaient roses, c’était au médecin de changer l’ordonnance car elles ne les prenaient sous aucun prétexte.
Je n’avais pas d’arguments pour les idées fixes de ma mère, il y en avait une liste, parfois avec ma sœur nous en riions !


vendredi 11 septembre 2015

LES FRELONS


Quand nous sommes venus, la dernière fois, dans le Poitou notre voisin nous a dit :
-         Au-dessus de votre cheminée il y a plein de guêpes qui volent,
-         On pourrait faire un feu répondit mon mari,
-         Bonne idée cela les enfumerait.
Mon mari fit un feu dans la cheminée et les guêpes arrivèrent dans la salle à manger par les ouvertures de la cheminée qui n’est pas calfeutrée.
J’ouvris la fenêtre et je me mis à les chasser dehors, comme il y en avait de plus en plus j’ai téléphoné aux pompiers :
-         Bon Monsieur, nous avons plein de guêpes, elles arrivent de la cheminée et depuis que mon mari a fait un feu il y en a encore plus,
-         Eteignez le feu tout de suite c’était à ne pas faire puis faites venir un service spécialisé.
Entre-temps le voisin est venu affolé :
-         il y en a partout, elles sont affolées et ma femme et mes filles aussi,
-         nous allons faire venir un service spécial…
-         Tenez j’ai une adresse, je les ai appelé pour nous débarrasser des souris.
Mon mari a téléphoné et le spécialiste a promis de venir le lendemain à 18heures.
Le lendemain, il est venu à l’heure, il a regardé les bestioles mortes et nous a dit :
-         ce ne sont pas des guêpes mais des frelons et ils sont dangereux !
Ensuite il nous a demandé d’aller dans une autre pièce fermée, il prévint les voisins pour qu’ils ferment leurs fenêtres et il monta en haut de la cheminée, habillé en scaphandrier. Au bout d’une heure environ il revint et nous dit :
-         c’est fini, il reste des frelons morts dans la salle à manger malgré le papier que j’ai mis pour tout fermer mais il n’y a plus de risques.
Cela nous a coûté 180 € alors que dans le temps les pompiers le faisaient pour moins cher mais on n’avait pas le choix et le travail fut bien executé.

Elena 2015

mardi 8 septembre 2015

DEPART

Bonjour,
nous repartons dans l'Essonne et j'ignore quand je pourrai écrire sur les blogs. J’essaierai de venir régulièrement mais ça ne dépend pas de moi.
A plus tard

lundi 7 septembre 2015

CHAMPIGNONS


Août mois des girolles,
Des trompettes de la mort
Et les rosés des prés.
Nous quittions le bois
Dans un silence de mort,
Pour pas nous faire surprendre
Pour aller dans les près
Cueillir les rosés.
Quand venait septembre
Nous allions cueillir
Des bolets et des cèpes.
Chacun de nous avait son coin,
Nous n’en parlions à personne
Et le garde champêtre
Fermait les yeux.
On l’arrosait avec du rosé.

Elena 2015

vendredi 4 septembre 2015

CHALIAPINE (1873 – 1938)


 Il est né en Russie et mort en France où il vécut depuis 1922 (il a fui le régime de l’époque). Il est connu pour avoir une des plus grande voix de basse Russe et il était chanteur lyrique bien qu’il a joué aussi au théâtre. Toute petite mon père me mettait « La puce » de lui et je riais en l’entendant, le sujet est amusant un personnage illustre est exaspéré par une puce que personne n’arrive à capturer.
Plus tard quand je suis allée dans l’ex Leningrad  chez ma vieille amie tante amour, elle m’a offert toute la collection de Chaliapine en disques vinyles et en rentrant je les ai écoutés avec beaucoup de plaisir.
Boris Godounov fut un rôle tout à fait pour lui et il y était remarquable !
Ayant vécu en France il y fut enterré  mais maintenant ses cendres reposent à Moscou .
Je vous mets le morceau de « La puce »

Elena 2015

jeudi 3 septembre 2015

LUCILE


Marc avait épousé Lucile pour la vie, du moins c’est ce qu’il avait cru. Elle était très belle, pétillante et ne prenait pas la vie au sérieux. Il n’était pas beau mais avait un charme discret et du charisme sans oublier de la tendresse à revendre.
La première année le couple fut uni et il n’y eut que peu de disputes. L’année suivante, Marc ne vit plus beaucoup Lucile, elle sortait souvent le soir et il ne posait pas de questions.
Un jour Marc rentra plus tôt et surprit son épouse dans les bras d’un  bel éphèbe, il ressortit de la chambre et s’enferma dans la salle de bain tellement il avait envie de pleurer.
Lucile annonça qu’elle partait et demanda le divorce. Marc accepta et se retrouva seul, il lui fallut deux mois avant d’apprécier sa vie de célibataire sans reproches et sans l’appréhension d’être encore trompé.
Il revit Lucile, ils sortirent à nouveau et il connut le piège quand elle lui annonça qu’elle était enceinte. Ils venaient de se remettre ensemble mais avant elle avait peut être connu un autre homme et Marc doutait sur sa paternité. Il accepta l’enfant et le remariage mais le couple s’enlisa et même le petit Luc qui naquit ne put les réconcilier. Ils vécurent ensemble jusqu’aux 18 ans de Luc puis Marc divorça pour la seconde fois et se promit de ne plus se marier, promesse qu’il réussit à tenir.

Elena 2015

mardi 1 septembre 2015

LES GROS MOTS


Mes parents m’avaient appris à être polie et ne disaient jamais de gros mots,  ce qui fait qu’en russe je n’en connaissais pas. J’en appris un peu en lisant, dans les deux langues, je n’éprouve pas le besoin d’en dire.
Un jour, j’avais entre quatre et cinq ans, j’ai joué avec la fillette qui venait parfois chez la patronne, dans le jardin, et elle a prononcé plusieurs fois « merde » je lui demandai ce que ça voulait dire et elle a ri sans répondre alors je suis montée voir ma mère et je lui ai dit :
-        Merde !
J’ai reçu une fessée, sûrement la première de ma mère, je me mis à pleurer en lui expliquant que je ne sais pas ce que ça veut dire et elle m’a répondu :
-        C’est un très vilain mot que tu ne dois plus prononcer et si je le dis à papa il sera très en colère. Maman ne répétait jamais rien à mon père, elle aimait la paix et je le savais.
Depuis je n’ai jamais dis de gros mots devant mes parents mais devant ma sœur cela m’arrivait. A vrai dire j’avais pris le pli et j’étais rarement grossière.
Pour les fessées j’en ai eu une de mon père bien méritée à dix ans. Il m’a surpris en train de jeter des cailloux à une fenêtre avec des copains, pour demander à une copine de descendre jouer. Je n’ai plus jamais recommencé et je n’ai pas compris comment je me suis laissé entraîner. Ma sœur m’en a donné pas mal et des gifles quand je fut adolescente mais pas des tonnes non plus.
Je ne me souviens pas d’autres fessées de maman mais je me rappelle de l’avoir fait pleurer en ne lui obéissant pas, par exemple, elle me mettait une chaussette,  pendant qu’elle mettait l’autre je l’enlevais pour ne pas aller chez la voisine ou à l’école plus tard. Maman pleurait disait qu’elle ne pouvait plus s’occuper de moi puis se calmait car je n’aimais pas la voir pleurer et je redevenais sage. La seule fois ou je me suis défoulée ce fut chez grand-mère, j’étais seule et elle m’avait mis hors de moi. J’allais en face de l’icône et je m’adressai au Christ en lui disant qu’il était méchant, tout allait de travers et que je ne croyais plus en lui et ne l’aimait pas ou qu’il me le prouve son existence.
 Je n’avais entendu en russe, en tant que gros mot, juste la phrase « que le diable t’emporte » par je ne sais qui et je l’ai retenu, ce jour je l’avais dit à l’icône ou plutôt à Dieu qui m’entendit ou pas !

Quand ma grand-mère revint elle était d’humeur charmante et m’offrit des friandises pour se faire pardonner son accès de sévérité non mérité.
Elena 2015