KRILOV (1769-1844) et La FONTAINE
(1621-1695)
Enfant ma grand-mère nous apprenait les
fables de Krilov en été. Beaucoup d’entres elles étaient des traductions de
celles de La Fontaine mais je ne le savais pas. En entrant à l’école quand
j’appris » Le corbeau et le renard » je dis à ma maîtresse que ce
n’est pas La Fontaine qui l’a écrit mais Krilov, je la lui récitais même en
russe. Elle fut obligée d’écrire un mot à ma grand-mère qui m’expliqua le soir
que Krilov avait traduit La Fontaine et j’étais fort déçue.
J’ai retrouvé une petite fable de Krilov
que je mets ci-dessous et il en écrivit plusieurs qui sont bien de lui aussi.
« Le sac
Relégué dans le coin d’une antichambre
obscure,
Un sac vide et poudreux tristement
languissait ;
Le dernier des valets qui près de lui
passait
Sur ses fils éraillés nettoyait ses
chaussures.
Un beau jour, relevant ce sac tombé si bas,
La main d’un financier vint l’emplir de
ducats. »
Krilov
L’HOMME ET SON OMBRE.
Un plaisant, pour saisir son ombre,
Se donnait un jour grand tracas ;
Il fait un pas, deux pas, trois pas,
Elle en fait aussi pareil nombre.
Il court et l’ombre court encor,
Sans jamais céder ni se rendre :
On dirait vraiment un trésor
Qui ne veut pas se laisser prendre !
Notre original, un beau jour,
Mieux avisé, court en arrière,
Et c’était l’ombre, alors moins fière,
Qui poursuivait l’homme à son tour !
Ô femmes ! Parmi vous plus d’une…
Eh bien quoi ? Qu’allez-vous
penser ?
Je ne veux pas vous dénoncer ;
Parlons plutôt… De la Fortune :
La quinteuse a des fruits si doux,
Que chacun veut mordre à sa grappe ;
Courez après : elle s’échappe ;
Tournez le dos : elle est chez
vous !
Krilov
Elena