vendredi 30 septembre 2022

 

DOMINGO

 

Véronique était une femme effacée, elle ne travaillait pas, elle avait élevé 4 enfants. Quand ses enfants furent adolescents elle se sentit plus libre et se consacra à des cassettes d’art lyrique. C’est ainsi que son mari lui offrit Carmen, joué et chanté par Placido Domingo et Julia Migenez. Son mari, travaillait à la bourse, rien d’autre ne l’intéressait sauf parfois le football, Véronique profitait des instants où elle était seule, pour regarder le film. C’est ainsi qu’elle tomba follement amoureuse de Placido Domingo, plus elle voyait le film et plus elle s’imaginait être à la place de Carmen, elle entendait les déclarations d’amour de sa part.

Véronique se découvrait une âme romantique, elle n’avait connu que labeur, devoir conjugal, tristesse, enfin elle découvrait l’amour ; platonique mais c’était un sentiment qu’elle ne connaissait pas encore.

En 1990 parut la cassette vidéo des 3 ténors, Véronique économisa pour se l’acheter, aussitôt elle le regarda. Il lui semblait que Placido chantait pour elle, il la regardait, lui disant des belles paroles qu’elle n’avait jamais entendues, pas même durant ses fiançailles assez banales.

Puis parut les 3 ténors en 1994,  Véronique l’acheta dès qu’il sortit, elle devenait passionnée, elle rougissait comme une jeune fille. Son mari lui fit un brin de cour la trouvant plus jolie mais il sentit vite sa réticence, il pensa qu’elle le trompait et demanda à un détective de la surveiller. Il apprit qu’elle restait seule à la maison et parfois s’achetait un DVD mais toujours de l’opéra, il sourit et oublia son épouse pour des choses moins futiles. Entre temps Véronique collectionnait tous les opéras tournés par Domingo, elle acheta le DVD des 3 ténors à Paris, elle fut un peu déçue, trouva qu’il avait vieilli, elle se rappela qu’elle aussi avait vieilli, s’ils devaient vieillir ensemble, elle devait l’accepter.

La vie continua ainsi jusqu’au jour où les enfants alertèrent leur père que leur mère n’était pas bien, elle passait la journée devant l’écran à regarder les opéras et soupirait en disant « Placido, tu seras mien un jour » Elle n’écoutait plus ses enfants, vivait dans un monde qui n’appartenait qu’à elle entre Paillasse, Carmen, les ténors et d’autres, sa collection était énorme maintenant.

Inquiet son mari fit venir le médecin qui conseilla le psychiatre, elle y alla sans trop savoir ce qu’elle faisait, parla de sa passion. Le psychiatre ne put rien pour elle, au bout d’un an il dit à son mari qu’elle ne guérirait pas en prononçant des noms savants qu’il ne comprit pas. Il voulut savoir ce qu’il devait faire. Le psychiatre lui dit :

-        Il est trop tard, elle n’est pas dangereuse, elle évolue dans un monde imaginaire. Laissez-la !

Le mari continua à travailler, encore plus, pour oublier sa femme défaillante, Véronique attendait que Placido Domingo vienne la chercher pour l’emporter dans un autre monde.

Les enfants partirent petit à petit, ils venaient très peu, leur mère n’était plus disponible pour eux. Un jour Véronique partit, elle avait entendu dire que Placido vivait seul aux USA, elle ne savait si c’était vrai ou pas, mais elle pensa que c’était le signe tant attendu, elle partit le rejoindre, il la reconnaîtrait même sans l ‘avoir jamais vu, elle en était certaine !

Elena



mercredi 28 septembre 2022

 

 

GUITARE

Ils étaient des amis de la famille et lorsque j’allais à Moscou, je passais la soirée chez eux. Ce soir-là il y avait ma fille et mon correspondant avec qui je venais de faire connaissance autrement que par photo.

Après le dîner Michel alla chercher sa guitare, sa femme (Tania) s’installa près de lui et ils nous interprétèrent Boulat, Vissotsky et des chants tziganes en passant par des chants classiques. Elle avait une très belle voix et il jouait très bien de la guitare, nous battions des mains et des pieds, parfois nous fredonnions.

Vers minuit ils s’arrêtèrent et nous sommes partis avec regret. Je n’ai plus eu l’occasion de les voir chanter ensemble mais cette soirée fut pour moi une soirée inoubliable !

Elena



lundi 26 septembre 2022

 

)#lundi soleil

Septembre 2022 : automne

https://www.bernieshoot.fr/

https://www.facebook.com/groups/LundiSoleil/

automne : Mazeau Vendée




vendredi 23 septembre 2022

 

EUGENIE

Elle était une femme autoritaire, pieuse, à sa façon et quand ça l’arrangeait, elle savait aimer ou détester mais ne connaissait pas bien le milieu !

Elle avait deux petites-filles à sa charge en même temps,  elles avaient le même âge mais l’une était la fille de son fils préféré et l’autre de son fils peu aimé, cela se répercuta sur les fillettes de 8 ans.

Un jour Ariane, la petite peu aimée, demanda l’autorisation de jouer dans le parc avec un petit garçon :

-        A condition que tu sois responsable de ta cousine

-        Oui grand-mère !

Les deux fillettes firent du vélo à tour de rôle, le petit garçon, le leur prêta volontiers. Malheureusement, Aurélie tomba et se blessa à la jambe, Ariane courut prévenir grand-mère qui la disputa très fort. Elles allèrent aux urgences pour faire des points de suture et pendant tout le temps Eugénie accabla Ariane :

-        Si tu n’avais pas fais de vélo et refusé à Aurélie de monter dessus cela ne serait pas arrivé, tu es fautive !

-        Mais grand-mère, Aurélie a mon âge elle aurait pu refuser, je ne savais pas qu’elle ne savait pas en faire…

-        Tais-toi, tu es responsable de sa blessure.

Plus tard, la cicatrice ne fut pas très belle et à chaque fois que les cousines se voyaient, Ariane voyant la cicatrice se sentait coupable et une gêne persistait entre les deux cousines.

Elena



mercredi 21 septembre 2022

                                                                       AUTOMNE

 

Orange, rouge ou jaune

Tombent les feuilles d’automne,

Dansent au gré du vent

  Volent, au firmament

Chutent sur le sol gisant.

Orange, rouge ou jaune

Couleurs de l’automne,

Tentent les poètes,

Les peintres, les bohèmes,

Couleurs chaudes

Ravivent nos artistes.

Couleurs de l’automne,

Soyez les bienvenues,

J’oublie ma tristesse

Voyant les feuilles voler.

                                                                        Elena 



lundi 19 septembre 2022

 

)#lundi soleil

Septembre 2022 : automne

https://www.bernieshoot.fr/

https://www.facebook.com/groups/LundiSoleil/

automne : bois de Boulogne bis




vendredi 16 septembre 2022

 

Isaac LEVITAN

Né en 1860 et mort en 1900, il est considéré comme un des plus grands peintres russes. D’une famille juive pauvre mais cultivée il réussit à faire des études à l’académie et se lie avec Tretiakov ainsi qu’avec Tchekhov. Il est surtout connu pour ses paysages bien qu’il ait peint quelques portraits.

A sa mort il fut enterré dans un cimetière juif mais en 1941 on le transporta dans le cimetière russe où se trouvent toutes les célébrités.

Je vous mets quelques paysages que j’aime :

Elena











mercredi 14 septembre 2022

 

JOGGING

Comme tous les dimanches il courrait seul autour du lac, il aimait courir mais il aurait préféré courir avec sa femme Céline mais celle-ci préférait faire de la gymnastique.

Une idée lui transperça l ‘ esprit et il rentra tout joyeux.

-Tu as rencontré quelqu’un demanda Céline ?

- Oui, j’ai couru avec Sophie !

- Je ne vois pas qui c’est ?

- La sœur de la pharmacienne, Lucie avec qui tu es amie.

- Ah oui ! Elle a bien été Miss d’une ville ?

- Je l’ignore mais c’est une beauté, excuse-moi mais c’est vrai !

Après cette conversation Céline ne dit rien de la journée, elle boudait, et lui, bouillait de joie, il allait réussir son plan grâce à la jalousie de sa femme.

Le soir elle lui dit :

-        Si tu veux dimanche prochain je t’accompagnerai, cela me fera du bien de courir un peu.

-        Pas de problème, nous pouvons courir à trois !

-        Oh non ! Je veux bien courir avec toi mais nous n’avons pas besoin de Sophie, si je la vois je ne lui dirai même pas bonjour.

-        Comme tu veux ma chérie.

Il lui cacha sa joie et ne s’inquiéta pas pour Sophie, elle ne courait jamais, mais elle lui servit de prétexte pour arriver à ses fins.

Elena



lundi 12 septembre 2022

 

)#lundi soleil

Septembre 2022 : automne

http://www.bernieshoot.fr/

https://www.facebook.com/groups/LundiSoleil/

automne : ma création graphique





vendredi 9 septembre 2022

 

CONFESSION

Michèle se tenait devant le lit de son mari, il voulait lui parler avant de mourir.  La fin était proche, elle s’approcha de lui pour mieux entendre ce qu’il avait à lui dire.

-        Te souviens-tu de Marianne ?

-        Celle qui était étudiante en médecine avec toi ?

-        Oui, j’ai toujours nié mais aujourd’hui je veux que tu saches que je l’ai aimé. J’ai même failli partir avec elle si nous n’avions pas eu un fils…

-        Tu es content André, tu as soulagé ta conscience ! Maintenant comment je vais le vivre ? Tu viens de déchirer tous les bons moments que nous avons passés ensemble !

-        J’avais besoin de te le dire, excuse-moi !

-        Non, tu es croyant et tu penses aller au paradis après ta confession mais moi je ne suis pas croyante et l’enfer je vais le vivre ici,  après toi.

Michèle était rouge de colère, « Il aurait pu se taire » pensa-t-elle surtout qu’elle s’en était doutée mais pas au point qu’il l’aurait quitté si elle n’avait pas eu François. Elle se leva lui souhaita un bon repos et partit.

Le soir même son fils lui téléphonait pour annoncer la mort de son père :

-        Je pensais te trouver à l’hôpital dit-il !

-        Et bien, je suis rentrée prendre d’autres affaires et j’allais venir, ne t’inquiète pas j’arrive. Il ne devait pas savoir ce que son père lui avait dit dans la matinée et elle essuya        ses yeux plein de larmes.

Elena



mercredi 7 septembre 2022

 

LA JOIE CHEZ NOUS

Quand Nicole et Jacques achetèrent une maison pour l’été, la mère demanda aux enfants de choisir un nom. Ils étaient trois : Louis, Viviane et Lisette qui était la plus jeune, elle dit :

-        Je veux que ce soit « La joie chez nous »

-        Bonne idée renchérit Louis l’aîné

Viviane n’avait plus qu’à accepter, il est vrai que ce nom lui convenait aussi.

Les parents firent graver le nom sur la pierre près du toit. Les enfants pouvaient jouer sur 2500 m2, parmi ce terrain il y avait des sentiers,  des arbres, une mini-rivière. Ils avaient planté une tente d’indien pour jouer, ils avaient eu une balançoire la première année. Le matin, les enfants courraient dans le jardin, Bobby les attendait, il sortait de sa niche et jouait avec les enfants. Après la séance de câlins, ils allaient voir si les fruits étaient enfin mûrs. Vers 9 heures, leur mère faisait sonner une clochette, les enfants accouraient déjeuner. Il y avait la brioche de la région avec de la confiture maison, du jus de fruit et du chocolat.

Pendant les vacances les enfants pouvaient se préparer plus tard, ils avaient jusqu’à 10 h 30, cela leur permettait de se sentir plus libre que durant leur scolarité.

La sieste n’était pas obligatoire, ils pouvaient jouer ou lire. Vers 15 heures, par temps chaud ils allaient se baigner au lac qui se trouvait à 10 km, ils y allaient avec les parents en voiture. C’était un endroit ombragé, les collines rendaient l’eau verte, en face un énorme rocher permettait aux grands de sauter dans l’eau.

Une fois par semaine, ils faisaient une sortie culturelle, elle était décidée à l’unanimité, parfois ils allaient voir un spectacle, une autre fois un musée ou une curiosité de la région.

Ainsi s’écoulait le mois, le père partait travailler, leur mère restait un mois de plus étant institutrice.

Leur père venait un week-end sur deux. Fin août, ils cueillaient des mûres dans les chemins avec leur mère, ils l’aidaient à préparer les confitures.

Plus tard les trois enfants regrettèrent la maison « La joie chez nous » Les parents durent la vendre, ils avaient des larmes aux yeux, leur enfance partait avec la maison.

Elena



lundi 5 septembre 2022

 

)#lundi soleil

Septembre 2022 : automne

http://www.bernieshoot.fr/

https://www.facebook.com/groups/LundiSoleil/

automne : bois de Boulogne 1962




vendredi 2 septembre 2022

 

FEMMES CHINOISES

Dans la province lointaine du Hunan, au XIXe siècle, la majorité des fillettes avaient les pieds bandés aussi bien dans les familles riches que pauvres. Les femmes vivaient dans une pièce retirées des hommes, la pièce pouvait se transformer en chambre à coucher le soir si la famille était pauvre.

Toutes les femmes avaient en commun dans cette province, elles apprenaient le nu shu, et chantaient les légendes pendant leurs travaux de broderie et de trousseau à préparer.

Dans la pièce des femmes les fillettes souffraient pendant qu’on leur bandait les pieds. Cela durait pendant des mois, il fallait que les os se cassent pour qu’enfin le pied puisse ne pas dépasser 7 cm de long. Les marieuses insistaient sur l’importance des petits pieds, les hommes n’appréciaient que les petits pieds et pouvaient être plus amoureux des pieds que du reste. Beaucoup de fillettes mouraient pendant le bandage des pieds mais pour les mères les filles étaient nées pour appartenir à la future famille du mari et elles ne s’attachaient pas de trop à leurs filles.

Les fillettes pouvaient avoir des sœurs des cœur et plus rarement une laotang (sœur d’âme) ensemble elles préparaient leurs trousseaux de mariage en chantant les légendes anciennes, elles inscrivaient également les chants nouveaux sur des cahiers qui plus tard seraient brûlés mais à force de chanter toujours les mêmes litanies et légendes les femmes connaissaient les paroles par cœur et le transmettaient à leurs filles.

Une fois mariées les épouses continuaient à vivre dans la chambre des femmes et continuaient soit à réciter soit à chanter les légendes de leur pays ou région, elles avaient d’autres sœurs de cœur pour les accompagner en brodant,  mais pour les laotang c’était pour la vie.

Quand une femme mourait ses anciennes sœurs de cœur venaient brûler les cahiers de la morte pour qu’elle les emporte au ciel avec elle et elles chantaient son éloge en même temps.

En dehors de la procréation, la femme avait une vie entre femmes et les hommes vivaient entre eux. La vie entre les femmes pouvait être calme mais parfois très passionnée et pas simple à vivre et le mari ne désirait pas être pris entre les histoires de femmes. Dans tous les cas les bons mariages se faisaient grâce au bon bandage des pieds et de la connaissance du nu shu.

Elena