vendredi 29 août 2014

SIMON


(histoire vraie arrivée à une de mes amies, j’ai été son chauffeur bénévole. J’écris à la 1ère personne car cela m’est plus simple pour me mettre dans sa peau.)

      Il était PDG dans les tissus, tout le monde le connaissait sous le nom de « Simon » avec ou sans monsieur. Je l’ai rencontré dans un cabaret russe où chantaient des amis d’enfance. Ivan à qui j’avais expliqué ma situation financière au bord du gouffre décida de me le présenter. Il s’assit en face de moi et mon amie, je n’aimais pas aller seule au cabaret. Nous avions une trentaine d’années chacune et lui, le double. Il nous apprit qu’il était polonais mais parlait  un russe impeccable. A sa troisième vodka il me parla des grands écrivains, sa culture était colossale et je le trouvai vraiment intéressant. Seulement je buvais de l’eau et lui de la vodka, au bout d’un moment il ne savait plus trop ce qu’il disait.
-        Je vous invite au cabaret « L’Etoile de Moscou «  dit –il. Je savais que c’était le meilleur cabaret de Paris et qu’il coûtait horriblement cher, je regardai Ivan,
 il opina et me dit discrètement « il peut, il est très riche et si ce n’est pas nous ce seront d’autres » J’acceptai sans remords ainsi que mon amie. Entre temps il invita d’autres personnes à venir avec nous, il nous proposait de dîner ou prendre un pot là-bas.
Ivan et ses amis jouaient bien de la guitare mais ils chantaient vraiment mal, ils ne connaissaient pas bien la langue russe. Je pensai aussi que je n’aurai pas d’autres occasions d’aller à  « L’Etoile de Moscou » et j’étais contente de l’occasion qui s’offrait à moi.
Nous sommes rentrés une dizaine, les serveurs serviles se précipitèrent vers lui faisant du « M. Simon »  lui trouvant une grande table devant pour bien voir le spectacle,  il était presque à sa fin.
Des jeunes chanteuses et danseuses sont venues embrasser Simon, lui parler comme à un enfant gâté, il roucoulait au milieu de son fan club. Il n’était plus le même mais un homme qui invitait tout le monde généreusement, payait sans rechigner. J’ai compté qu’il avait  dépensé une somme folle dans la soirée. Ivan me dit à l’oreille « Il le fait presque tous les soirs, ne t’en fait pas il est millionnaire » J’avoue que je ne m’en faisais pas du tout.
J’avais commandé un jus de fruit à son compte et j’admirai le spectacle, les pitreries d’un vieil homme soûl ne m’amusaient nullement.
A cette époque j’étais au chômage et j’en profitai pour lui glisser un mot de mon état précaire. Il me rassura aussitôt :
- Viens me voir demain au café en face du métro La Bastille à 18 heures, j’ai quelque chose pour toi, ma secrétaire vient de prendre sa retraite, cela t’intéresse ?
- Oui, merci beaucoup ! Seule avec une fille pré adolescente j’aurai accepté n’importe quoi, il me tenait, il me fallait absolument cet emploi.
Le lendemain j’attendais au café de la Bastille depuis deux heures mais à 20 heures 30 je partis et allais voir si je trouvais le vieux Simon au cabaret où je l’avais rencontré. Il y était avec une nombreuse cour. Me voyant il me fit signe de venir, je répondis :
-        Je n’aime pas les lapins ! Et j’allai m’asseoir un peu plus loin froissée qu’il m’ait oublié.
Ivan vint me dire qu’il était beaucoup sollicité et qu’il ne fallait pas lui en vouloir, la prochaine fois il m’aidera. Il me proposa même de lui parler de mon cas presque désespéré avec ma gamine de douze ans passé.
Trente minutes plus tard Simon me fit signe et je rampai vers lui oubliant mon orgueil. Il me promit de venir au même café le lendemain à la même heure, il serait plus libre et la place était toujours disponible pour moi.
Le lendemain, j’attendis encore plus de deux heures, je n’avais que son téléphone à domicile et il ne fallait pas appeler à cause de sa femme jalouse. Après avoir consommé deux menthes à l’eau je partis le cœur lourd, il me tenait, je n’avais aucune perspective et je devais trouvais trouver un travail d’urgence.
Au bout de cinq jours de rendez-vous remis,  de dîners au cabaret gratuits, car le vieux Simon m’invitait à manger ainsi que d’autres : des jeunes couples et surtout des courtisans ; je n’arrivais pas à refuser tellement j’étais juste financièrement, je décidai de retourner chez ma mère où j’avais laissé ma fille et de trouver un poste de caissière ou de femme de ménage, bref ce qui se présenterait dans les journaux.
 A ce moment Simon me dit :
-        Ne t’inquiète pas tu l’auras ta place, attends un peu !
Je ne répondis pas, j’allais voir Ivan qui m’expliqua :
-        Laisse tomber, il te fait tourner en rond, il est si sollicité que ça l’amuse.
Je le remerciai et je rentrai chez moi.
Le lendemain matin le vieux Simon me téléphona comme il faisait souvent :
-        Bonjour, je t’attends à la Bastille au café face au métro, ce soir je n’ai rien je serai là.
-        Bien sûr, j’y serai. Ce furent les derniers mots que je lui dis. J’achetai le journal et je trouvai plusieurs places de secrétaires, le problème était que je n’avais aucune formation pour la place, je l’avais juste exercé dans le cadre d’une association contre la faim.
La chance voulut qu’un chef de personnel accepte de me prendre dans son entreprise et je retrouvai un emploi. C’est là que je remarquai à quel point le vieux Simon m’avait rongé, et tenu en son pouvoir. J’étais devenue toute maigre, les yeux cernés et nerveuse. Je laissai ma fille quelques mois chez ma mère le temps d’avoir un contrat fixe. Le temps s’écoula et je repris des forces goût à la vie, ma fille vint vivre avec moi. Malgré tout je n’oubliai jamais le vieux Simon et quand Ivan me dit au téléphone :
-        Tu te souviens de Simon ?
-        Oui, bien sûr,
-        Il est mort, il buvait beaucoup de trop et avait un cancer de la gorge.
Une parcelle de ma vie se referma avec cette nouvelle et j’en fus presque soulagée.
Elena 2014



jeudi 28 août 2014

ECHEC ET MAT


-        Échec dit Nathalie !
-        Tu n’as pas encore gagné sourit son père.
Cette partie d’échecs avait une importance capitale, Nathalie avait parié qu’elle se marierait avec Alex si elle gagnait. Michel savait que sa fille pouvait être excentrique mais il n’avait pas cru au pari, il pensait qu’elle s’amusait à le défier. Elle avait un amour excessif pour son père et il souhaitait vraiment qu’elle se marie malgré ses 17 ans, il pensait qu’elle deviendrait plus adulte et moins possessive.
Nathalie réfléchit un bon moment avant de jouer, elle voulait gagner cette partie et prouver qu’elle épouserait Alex qu’elle connaissait à peine, si seulement son père pouvait l’arrêter à temps avant qu’elle ne commette cette erreur !
-        Echec et mat cria Natalie,
-        Bravo, je ne l’avais pas vu ; tu joues de mieux en mieux !
-        Tu sais ce que ça veut dire ? Je vais me marier…
-        Tu l’aimes au moins ?
-        Je ne sais pas !
Nathalie regardait son père songeur, il ne l’empêchera pas de se marier, il ne l’aime pas assez pour voir que c’était un défi. Elle se retint de pleurer et sortit avec l’échiquier.
« Pourquoi fait-elle tant d’histoires si elle aime Alex, il est beau garçon et en plus si serviable » Pensa le père.
Les jeux étaient faits !
Elena



mardi 26 août 2014

Ivan Kramskoï


Peintre russe du XIXe siècle qui fit partie de « la révolte des quatorze » ce mouvement opposa la peinture académique à la peinture réaliste. Il est surtout connu pour ses portraits et aussi les tableaux concernant les paysans, son art se voulait démocratique. On trouve ses œuvres à la galerie Tretiakov.

Je vous mets mes préférés.

Elena 2014





lundi 25 août 2014

COULEUR


J’étais tout en sueur
Dans un lit tout blanc,
Il y avait des fleurs
Et des hommes en blanc.
Lentement je me tournai et là, une lueur,
J’ai vu une couleur
Qui m’a éblouie !
Elle a disparu,
C’était un éclat
Trop flou pour revoir.
Depuis j’ai cherché
Parmi toutes les fleurs
Cette fameuse couleur
Qui m’a éblouie.
Je ne l’ai pas trouvée
Elle vient de trop loin
Mais dans ma mémoire
Elle brille certains soirs !

Elena 

vendredi 22 août 2014

GLINKA


Compositeur de musique russe né en 1857 et mort en 1905 . Il commence par apprendre le piano et le violon dans une école de la noblesse de St Pétersbourg, il y rencontre Alexandre Pouchkine avec il sera ami jusqu’à la mort du poète.
Il part en Europe et subit l’influence de l’Italie, l’Allemagne et la France mais rentré en Russie il devient fondateur de l’école musicale russe. Il construit une harmonie nouvelle s’inspirant des chants populaires russes.
Glinka est l’auteur de deux opéras très connus en Russie :
-        Une vie pour le tsar d’après Soussanine
-        Ruslan et Ludmila d’après Pouchkine
Parmi ses œuvres on peut entendre des romances et musiques de chambre. Il est l’auteur de l’hymne national de la Fédération de Russie.
Il est enterré à St Petersburg.
Ruslan et Ludmila : ouverture :

Elena 2014

jeudi 21 août 2014

LE ROI (conte russe)


Il était une fois un roi qui n’était jamais satisfait, il avait les plus beaux habits mais il voulait toujours plus. Un jour il appela ses ministres et leur dit je veux être en or, trouvez-moi de l’or pour enduire sur mon corps, c’est ainsi que doit être un roi qui se respecte.
Les ministres ont cherché longtemps puis ils lui apportèrent de la peinture solide qui ne se dissout pas car le roi voulait rester en or jour et nuit.
Les valets peignirent le roi en or, tout fier le roi sortit pour que ses sujets puissent l’admirer, les gens applaudirent puis restèrent étonnés, le roi ne bougeait plus.
Les ministres s’approchèrent et virent que le roi était devenu une statue, l’or avait séché et il était mort dans l’or, ainsi le roi était resté dans son parc royal en statue dorée.
Le prince qui prit sa place eut la sagesse de ne pas se déguiser en or.

Elena 

mardi 19 août 2014

LA PRINCESSE DE KAPURTHALA


Anita Delgado , danseuse andalouse a 17 ans quand le maharajah de Kapurthala la remarque et décide de l’épouser. En 1908 ils se marient et partent pour l’Inde, elle est sa 5e épouse.
Elle vit avec son mari dans le palais, voyage avec lui et le couple est très amoureux.  Anita lui donne un fils et c’est la consécration. Puis avec le temps le maharajah se lasse un peu d’elle et voit d’autres femmes, il la trompe aussi avec des femmes européennes lors de leurs séjours à l’étranger et Anita l’accepte mal. La solitude s’installe dans son cœur et elle tombe amoureuse de Kara, fils du maharajah,  ils deviennent amants en France mais rentrés en Inde le fils a honte et devient méfiant L ‘amour est plus fort et ils ont des relations continues. Elle devient enceinte et sa servante le dit à son mari qui ne met plus les pieds dans son appartement, il découvre pour son fils qu’il renvoie ailleurs et oblige Anita à se faire avorter, elle est enceinte de 3 mois. Puis il l’expulse de son pays et elle se retrouve en Espagne. Elle a vécu un peu plus de 18 ans en Inde !
 Elle a beaucoup d’argent et avec le temps le maharajah accepte de la voir dans les pays d’Europe et cela lui permet de voir son fils Ajit, quand il fait ses études en France elle le verra régulièrement. Puis son amant vient parfois, Kara garde des relations amoureuses avec elle lors de ses voyages, cela ne l’empêche pas d’être marié et père de famille.
Anita s’ennuie de l’Inde et voudrait y retourner mais on lui refuse toujours son visa et elle comprend que même si son ex mari accepte de la voir à l’étranger il ne veut plus d’elle à Kapurthala. Elle meurt en 1962 à Madrid dans les bras de son fils, elle fut enterrée à Malaga car elle fut refusée à la capitale.

Elena 2014

jeudi 14 août 2014

PAUSE

Mes enfants sont arrivés hier, je fais une pause jusqu'au 19. A bientôt !

mardi 12 août 2014

CHOPIN


2010,  année de Chopin, France musique en a parlé beaucoup.
Sa vie est connue que se soit avec George Sand ou ses amours malheureux !
Ce qui m’a surtout intéressé ce fut : comment il est devenu connu ?
Il voulait juste jouer du piano, les autres instruments ne l’intéressaient pas ; et l’on peut comprendre la raison.
Il avait une technique très avancée pour le piano, ses doigts avaient une posture déformante, il jouait sur les blanches avec les trois derniers doigts et avec les deux premiers sur les touches noires, technique très compliquée à réaliser ! Par contre le son qu’il obtenait devenait merveilleux, les autres ne savaient pas le reproduire ! Jusqu’au bout, il créa des nouvelles techniques pour piano et travailla beaucoup. Il fut heureux en France même si la Pologne lui manquait. Par contre il ne connaissait pas le folklore polonais. Il était aussi d’origine française par son père.
Après sa rupture avec Sand, il a dit «  8 ans c’est beaucoup pour avoir une vie rangée » Il mourut peu de temps après d’une tuberculose en restant toujours dandy !

Elena 

lundi 11 août 2014

Belle journée



Nous sommes allées au bois,
Le soleil nous chauffait,
Les oiseaux chantonnaient
Les papillons volaient.
Ma chipie, mon Arvie,
Dans l'eau, tu t'es  baignée,
Pataugé dans l'Autize.
Je t'ai photographiée,
Nous avons bien marché,
Les fleurs sentaient si bons,
Les arbres se coloraient.
Nous étions très heureuses,
Ce fut une belle journée !

Elena

vendredi 8 août 2014

ALEXIS


Il est venu de Kharbin en 1960, dans le groupe de Wladimir, dans une maison de retraite russe. Il avait été  enseignant, puis travaillé pour les chinois et appris le livre rouge de Mao, il avait aussi changé plusieurs fois de nationalité. Alexis avait eu plus de chance que d’autres, il avait épousé une chinoise et avait pu trouver du travail plus facilement, après l’enseignement on l’autorisa à être vendeur avec son épouse. Un fils naquit de leur union, quand le fils eut 8 ans, sa mère mourut d’un cancer, et le père fut prié de choisir parmi un pays d’Europe ou d’Amérique, il choisit la France et put emmener son fils avec lui.
Le groupe comportait un garçon de 10 ans qui s’appelait Vassia, enfant très typé ressemblant plus à la mère qu’au père.

Au début la Directrice trouva un établissement pour Vassia qui pouvait étudier le russe et le français, le gamin ne parlait que russe et chinois. Le fils vivait dans l’établissement scolaire et revenait pour les vacances scolaires voir son père.
Un enfant s’élève avec de l’argent malheureusement et la Directrice proposa à Alexis d’apprendre le métier de pope, il n’avait fait aucun effort pour travailler : il était plutôt mou. C’est ainsi qu’il étudia le métier de pope, il réussit l’examen, il travaillait dans différentes églises russes et rentrait dès qu’il avait fini un remplacement. Il n’était pas vraiment croyant et son camarade Wladimir le faisait enrager, il n’avait pas le choix.
La vie coulait doucement et Vassia eut 18 ans, il voulait aller dans une école supérieure, il n’en était pas question, la paye de son père ne le permettait pas. Un jour la Directrice les fit venir, elle était triomphante, elle avait réussi à obtenir une bourse pour le gamin, le père n’y avait même pas pensé. Vassia fit des études supérieures et réussit à avoir son logement, un métier intéressant et une épouse.
Alexis, n’était pas très dégourdi, il n’aimait pas son travail, pas la vocation, il n’allait pas toujours où il était envoyé, il n’avait presque pas de moyens mais vivant dans une maison de retraite il ne se plaignait pas.
Son fils finit par ne plus venir, la dernière fois qu’il le vit se fit pour le mariage, il ne sut pas s’il était grand-père ? Il avait l’âge d’être grand-père avec son fils, s’étant marié sur le tard.
La vie continua, Wladimir partit ailleurs, Alexis s’ennuya mais ne le montra pas, il vivotait avec l’espoir de revoir Vassia.
Le vit-il, je ne sais pas,  je l’ai perdu de vue ?

Elena 

jeudi 7 août 2014

LE CHOCOLAT


Grand-mère avait offert une tablette de chocolat à chacun de ses petits-fils, l’aîné asticotait le plus jeune :
- Tu n’es pas cap de manger mon chocolat !
Alain fixa Michel :
-        Je te dis que je suis cap ! Et il mordit dans la tablette de chocolat.
-        Mais c’est mon chocolat, celui que mémé m’a donné !
-        Tu m’as provoqué, je t’ai prouvé que j’étais cap répondit Alain fièrement.
Michel reprit la tablette de chocolat et mordit dedans également, les deux frères se regardèrent et éclatèrent de rire. Ils mangèrent les deux tablettes de chocolat qu’ils avaient reçu de leur grand-mère sans s’arrêter de rire.
-        Je suis cap disait Alain qui avait à peine 9 ans,
-        Oui, tu es cap répondait Michel de 2 ans son aîné en riant !
Leur complicité s’accrut et ils se rappelèrent toujours du chocolat de mémé.

Elena 


mardi 5 août 2014

FEMMES CHINOISES


Dans la province lointaine du Hunan, au XIXe siècle, la majorité des fillettes avaient les pieds bandés aussi bien dans les familles riches que pauvres. Les femmes vivaient dans une pièce retirées des hommes, la pièce pouvait se transformer en chambre à coucher le soir si la famille était pauvre.
Toutes les femmes avaient en commun dans cette province, elles apprenaient le nu shu, et chantaient les légendes pendant leurs travaux de broderie et de trousseau à préparer.
Dans la pièce des femmes les fillettes souffraient pendant qu’on leur bandait les pieds. Cela durait pendant des mois, il fallait que les os se cassent pour qu’enfin le pied puisse ne pas dépasser 7 cm de long. Les marieuses insistaient sur l’importance des petits pieds, les hommes n’appréciaient que les petits pieds et pouvaient être plus amoureux des pieds que du reste. Beaucoup de fillettes mouraient pendant le bandage des pieds mais pour les mères les filles étaient nées pour appartenir à la future famille du mari et elles ne s’attachaient pas de trop à leurs filles.
Les fillettes pouvaient avoir des sœurs des cœur et plus rarement une laotang (sœur d’âme) ensemble elles préparaient leurs trousseaux de mariage en chantant les légendes anciennes, elles inscrivaient également les chants nouveaux sur des cahiers qui plus tard seraient brûlés mais à force de chanter toujours les mêmes litanies et légendes les femmes connaissaient les paroles par cœur et le transmettaient à leurs filles.
Une fois mariées les épouses continuaient à vivre dans la chambre des femmes et continuaient soit à réciter soit à chanter les légendes de leur pays ou région, elles avaient d’autres sœurs de cœur pour les accompagner en brodant,  mais pour les laotang c’était pour la vie.
Quand une femme mourait ses anciennes sœurs de cœur venaient brûler les cahiers de la morte pour qu’elle les emporte au ciel avec elle et elles chantaient son éloge en même temps.
En dehors de la procréation, la femme avait une vie entre femmes et les hommes vivaient entre eux. La vie entre les femmes pouvait être calme mais parfois très passionnée et pas simple à vivre et le mari ne désirait pas être pris entre les histoires de femmes. Dans tous les cas les bons mariages se faisaient grâce au bon bandage des pieds et de la connaissance du nu shu.

Elena 2014

lundi 4 août 2014

LE BOULEAU ET LA BAIE


Un jour le bouleau et la baie blanche tombèrent amoureux. Le jeune arbre tentait de se pencher vers la baie, celle-ci s’étirait vers lui mais sans aucun succès. Les amoureux se disaient « je t’aime » avec les yeux ; l’effort de se pencher les affaiblissait tous les deux.
Leur amour était voué à la mort !
Le bouleau penchait et petit à petit se desséchait, la baie blanche à force de s’étirer se cassa et ses branches flétrirent à leur tour.
Un jour le bouleau fut déraciné et la baie arrachée, c’est ainsi que leur amour contrarié périt tristement !
Ce genre de conte les chanteurs et tziganes russes chantent avec une si forte détresse dans la voix que les  cœurs pleurent !

Elena 

vendredi 1 août 2014

LES LAOTONG


Dans une province de Chine au XIXe siècle les femmes apprenaient le nu shu qui était l’ écriture des femmes, les cahiers étaient brûlés à la mort de la propriétaire pour aller rejoindre son âme. De même il y avait des sœurs de cœur, elles étaient plus que des amies jusqu’au mariage et dès que l’une se mariaient les autres jetaient les cahiers où elles écrivaient les légendes qu’elles chantaient ensemble pendant qu’elles brodaient ou cousaient. Les sœurs de cœur ne se voyaient plus après le mariage et d’autres se formaient au cours du mariage.
Plus fort que les sœurs de cœur qui étaient 3 à 4 il y avait la sœur d’âme « une laotong » Pour le devenir cela demandait plusieurs conditions, les mêmes dates de naissance, la même pointure des pieds bandés, vivre dans deux villages différents, avoir les mêmes traits de caractères et d’autres choses que devait trouver l’astrologue.
Une fois les fillettes d’environ 7 ou 8 ans désignées pour devenir laotong les familles devait passer un contrat tout comme pour un mariage et les enfants se devaient fidélité toute leurs vies. Elles pouvaient se voir une fois mariée, n’avaient pas de sœurs de cœur et se devaient une amitié profonde jusqu’à la mort. Une fois une des deux mariées, elles correspondaient en nu shu et se racontaient tout et lorsqu’une allait voir l’autre elle dormait à côté de sa laotong et le mari ne devait rien dire.
Cette amitié devait rester pure et durer toute la vie, elle était souvent plus importante dans la vie d’une femme que son mariage. Elles inscrivaient tout sur un évantail ou un cahier qui devait être détruit après la mort de la dernière des deux.

Elena 2014