mardi 29 juillet 2014

LE NOIR


Au village il y avait un événement de taille, il faisait jaser depuis un mois. Figurez-vous que le père Foussais avait trouvé un nouveau locataire pour sa vieille maison, celui-là n’était pas comme tous les autres qui défilaient, il était noir !
Le père Foussais n’arrivait pas à vendre sa maison, il en demandait de trop, il avait résolu le problème en demandant un petit loyer conjugué de gros travaux à exécuter. Beaucoup passaient, restaient quelques mois, las ils repartaient. Cette fois le père Foussais avait dit :
-        Celui-là il va rester, il va même acheter la maison, je vous le dis !
Il y avait les sceptiques qui disaient :
-        C’est pas parce qu’il est noir qu’il travaillera mieux, je voudrais bien voir ça !
Les discussions allaient bon train, petit à petit la doyenne du village réussit à avoir une liste de renseignements sur le futur locataire, elle alla trouver Marie et lui dit :
-        Tu savais, toi, que le noir avait une femme blanche et un enfant ?
-        Non, et toi d’où le sais-tu ?
-        Je peux pas le dire, tu verras il ne restera pas longtemps, j’aime autant je n’ai jamais vu de noir, je crois bien que j’aurai peur !
-        Dame s’il est trop noir je ne lui vendrai pas mes œufs tellement j’aurai peur renchérit Marie.
Le grand jour arriva, les nouveaux locataires arrivèrent, Francis était un homme noir d’origine africaine,  sa femme était blanche et l’enfant d’un joli métissage : il ressemblait à un ange.
Les arrivants dirent bonjour aux voisins tassés pas loin d’eux et se mirent à tout ranger, ils avaient du travail et n’avaient pas le temps d’écouter ce qui se disait.
Marie parlait à la doyenne :
-        Boudiou, j’aurai jamais cru qu’on puisse être aussi noir, c’est bien la première fois que je vois ça ! J’aurai peur de passer devant.
-        Moi de même, sa femme n’a pas peur du noir avec lui, répondit la doyenne.
Les cancans faisaient le tour du village, il faut avouer que certains n’étaient pas du tout du même avis, ils étaient même allés rendre visite aux nouveaux arrivants, leur proposant de l’aide. L’enfant jouait dans la cour, son sourire éclairait son joli petit visage, les gens ne pouvaient s’empêcher de lui sourire, dire un mot gentil. L’enfant charma le village y compris les mauvaises langues, la femme travaillait beaucoup dans la maison pour l’arranger et le week-end le couple travaillait à deux.
Au bout d’un mois ou un peu plus, Francis invita le village pour fêter la fin du gros des travaux, il faisait un barbecue dans le jardin.
De nouveau les langues se délièrent, la question était vitale « Faut-il aller chez le noir ?» Certains l’appelaient encore comme ça ! Le dimanche arriva et les 2/3 du village fut rassemblé chez les nouveaux locataires, la curiosité de voir la maison rénovée joua beaucoup dans la décision. Francis avait un caractère jovial, il était aussi très serviable,  à la fin de la soirée il avait promis d’aider deux paysans. Le village l’accepta, même Marie vendit ses œufs à sa femme, elle aimait voir l’enfant et le gâtait.
Un an passa, un jour Francis annonça qu’il partait pour un autre village à 50 km de là, il allait acheter une maison à retaper, cela lui reviendrait moins cher. Les gens s’affolèrent :
-        Qui c’est qui va venir à votre place ?
-        Massias et sa famille répondit Francis.
Le choc fut dur, pendant ce mois on ne parla plus que de Massias. Il faut dire qu’il vivait avec sa nièce, le curé n’a pas voulu les marier, le maire a refusé, ils ont deux enfants, les gens disaient : « C’est y pas malheureux ! »
La doyenne alla voir le père Foussais et lui dit très en colère :
-        Père Foussais, pourquoi donc vous ne baissez pas le prix à Francis au lieu de louer à un mécréant ?
-        Faut savoir ce vous voulez la mère, vous « n’avions » pas voulu du noir et maintenant vous refusez un blanc ? je ne connais pas de jaune répondit le père Foussais en riant. Vexée la doyenne ne répondit pas.
Francis invita le village pour faire ses adieux, tout le village fut réuni, certains étaient émus par le départ, il promit de revenir régulièrement une ou deux fois l’an.
Il y eut de la peine après le départ, la doyenne dit à Marie :
-        Je savais bien que les noirs étaient comme nous !
-        Même mieux que certains, pour sûr répondit Marie.
Francis revint régulièrement, il rendit service à plusieurs agriculteurs, les gens l’invitaient avec un plaisir immense. A sa dernière visite, il annonça une nouvelle grossesse pour sa femme, il dit :
-        Je vous inviterai à venir chez moi quand le petit naîtra.
-        Je viendrai avec vous, je n’ai pas d’auto dit Marie. La doyenne demanda la même chose, Francis sourit et leur dit :
-        Vous n’avez plus peur de moi maintenant, vous ne pensez plus que je suis cannibale ? Il riait en disant ça et ses yeux pétillaient de malice.
Les deux femmes ne se sentaient plus si à l’aise que ça, elles ne savaient plus quoi dire. La doyenne répondit fermement :
-        Dame, quand on ne connaît pas, on ne sait pas, maintenant nous vous connaissons.
Ainsi continua l’amitié de Francis avec le village, la vie reprit avec des nouveaux cancans à propos des nouveaux locataires.

 Elena

16 commentaires:

  1. je n aimerais pas habiter ds un bled les mauvaises langues le patelin on n est moins libre ke ds ls grdes villes c terrible ls aprioris :/ j aime bien les "sangs mélés" il y a un coté au delà ds frontieres et des préjugés! bizes bne journee!

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  2. Comme elle est belle cette histoire qui prouve qu'on a toujours peur de ce que l'on ne connaît pas ! et on a pourtant souvent de bonnes surprises.
    C'est une belle leçon contre le racisme.
    Belle journée à toi.

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  3. Belle histoire....c'est sûr il faut d'abord connaître....
    quand je suis arrivée à l'aéroport de Bangui, je n'ai vu que du noir et c'était impressionnant...
    bisous et bonne journée Elena

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  4. Une belle histoire qui fait réfléchir
    Belle journée, Elena

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  5. bravo belle histoire, voilà comment nait le racisme, de la difference, de l'ignorance, ensuite quand on se connait ça va généralement bien mieux ! merci chere Ln, bonne journee bisous

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  6. tu as deja mis ce texte non? ou alors j'en ai lu un similaire ....
    bonne journée

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  7. noir ou blanc ?
    MOI JE PREFERE CARAMEL
    OLLE OLAIT

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  8. il me semble avoir déjà lu l'histoire..mais bon j'aime bien
    j'ai pensé à toi en lisant un article dans un magazine (salle d'attente) sur Marina Tsvetaeva, j'avais même copié le nom pour m'en souvenir, un article qui aurait pu être écrit par toi !!

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  9. on ne peut empêcher les cancans et les apriori
    ça fait partie de L'Homme
    je te souhaite une agréable fin de journée


    bisous du jour

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  10. salut
    ah ces cancans , s'il n'y avait pas ça dans les villages on s'ennuierait
    bonne journée

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  11. Bonsoir Elena,
    La différence est souvent mal acceptée, et pourtant nous sommes tous de chair et de sang, mais combien ces incompréhensions peuvent être blessantes.
    Très belles soirée à toi.
    Bisous
    Prima

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  12. hihihiihihi c'est un autre "clochemerle" ton village, ma chère Elena et tu sais, je retrouve aussi dans ton récit, mon propre village en ardèche ... tous ces cancans, c'est ma foi fort plaisant et jubilatoire .. quand on en fait pas les frais .... j'espère que Massias et sa famille ont enfin réussi comme francis, à être acceptés .... bisous bon mercredi

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  13. Bonjour

    ce matin un superbe soleil mais hier après midi gros gros orages avec inondations, fortes dans les villes autour et ici les caves aussi , et comme les ouvriers étaient là avec les boites en cartons et leurs tuyaux , le restes des chaudières tout étaient trempés!

    un vrai carnaval , ils sont partis a 21h le temps de tout sauvés ... ou presque ...

    dans ma cour 12 cm d'eau car l'égout n'avalait plus rien! mais comme tout est en hauteur sur des palettes ça va ... jusque 85 litres d'eau!! 3 orages se sont rejoint!

    qui a dit qu'on aurait un été sec?

    enfin là ça redevient normal .... du moins chez moi car ailleurs les pompiers sont encore au boulot! .....

    bisous

    et j'espère ne plus voir d'orage pendant quelques jours ....

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  14. la différence dérange ...
    belle journée.

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  15. petit coucou
    Je te souhaite une agréable soirée
    Gros bisous Elena

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