vendredi 16 mars 2018

UN AMI


Il avait 45 ans, Lisette n’en avait que 13, il était un ami de la famille et comme tel, venait régulièrement à la maison.
Lisette était habituée à le voir, il lui avait demandé de l’appeler Jean, elle avait accepté sans gène. Elle savait qu’il travaillait à la banque, un poste assez élevé, elle aimait le voir, il lui racontait ses voyages, parfois il lui ramenait des fleurs ou des bonbons.
Sa mère disait toujours :
  • Jean, vous la gâtez de trop ;
  • Mais non, elle est charmante ! Il lui lançait une œillade, elle se sentait complice avec lui.
Les jours passaient, Lisette n’avait guère de distractions et s’ennuyait souvent dans le vieux Lyon. La venue de Jean était la bienvenue, il racontait tellement de choses, il était si savant qu’elle recherchait sa présence.
Un jour sa mère s’absenta, elle lui dit :
  • Jean doit passer, tu lui rendras son livre et ne le retiens pas.
Elle opina, au contraire elle avait bien l’intention de le retenir, parler de tout avec lui, peut être jouer aux dames ou aux échecs. Elle alla se recoiffer, mit un pull qui lui allait mieux à ses yeux verts et descendit pour l’attendre, la sonnette retentit, il était là avec un sourire béat, elle lui dit bonjour en disant :
  • Attendez-moi dans le salon je vous ramène le livre que vous avez prêté à maman ;
  • Merci Lisette, ta mère t’a dit quand elle reviendrait ?
  • Pas avant deux heures, je pense, mais je peux vous faire un thé si vous voulez ?
  • Ce sera avec plaisir.
Elle prépara le thé, mit le livre près de lui sur le divan, prépara les biscuits, elle remarqua qu’il la suivait des yeux avec un regard qu’elle n’avait jamais vu, elle en fut un peu gênée mais pensa qu’elle se trompait.
Il la regardait, la laissant tout préparer comme une vraie petite maîtresse de maison, il pensa à son âge, se dit que dans certains pays les femmes étaient déjà mariées et ne voulut pas gâcher le plaisir de ce qu’il entrevoyait.
Lisette avait tout préparé et s’assit en face de lui, elle attendait à ce qu’il lui raconte une anecdote ou un voyage mais il la regardait de plus en plus intensément, elle se sentait gênée, il lui dit doucement :
  • Viens t’asseoir près de moi.
Elle se laissa faire, il commença à lui parler de ses beaux yeux, de sa bouche, de ses cheveux qu’il défaisait, elle n’était qu’un pantin qui ne savait plus se défendre, à un moment elle eut froid, elle remarqua qu’il l’avait déshabillée ; elle voulut bouger, se relever et partir mais une force l’empêchait, elle ne savait pas ce qu’on faisait d’elle, elle sentit une douleur, entendit des mots qu’elle n’avait encore jamais entendus, rougit et se sentit sale. Quand elle put se détacher, il était habillé et souriant, il lui dit :
  • Ce sera notre petit secret, à bientôt Lisette et il partit.
Elle alla prendre une douche, elle comprit clairement ce qui s’était passé, ne savait pas pourquoi elle n’avait pas su se défendre, sa vie était fichue car sa mère ne la croirait pas, elle lui avait déjà fait remarquer qu’elle était trop libre avec lui.
  • Je suis trop libre, maintenant je suis souillée pensa-t-elle douloureusement.
Elle réussit à se taire devant sa mère, elle évita d’être présente quand elle savait qu’il viendrait. Pourtant elle le rencontra dans le couloir, il la prit dans ses bras en la serrant dans ses bras,  elle hurla et sa mère ouvrit la porte ; elle vit la scène et lui demanda de ne plus revenir. Elle demanda à Lisette s’il s’était permis des privautés, elle avoua tout, sa mère la berçait comme une petite fille en disant :
  • Nous irons chez le gynécologue, c’est indispensable, il ne reviendra plus, ne t’inquiète pas, un jour un homme honnête t’aimera, tu oublieras peut-être.
La consultation chez le gynécologue fut très pénible pour Lisette, sa mère ne porta pas plainte pour ne pas la troubler plus avec cette histoire, Lisette avait refusé d’être ennuyée par les policiers et la justice en général.
Quand elle fut aimée, adulte et mère à son tour, elle regretta de ne pas l’avoir traduit en justice, elle aurait dû le faire pour les autres enfants. Elle-même s’en était sortie, elle put même en parler à son conjoint calmement mais d’autres ne le pourront jamais et leur vie sera finie à cause des hommes comme lui.
Elena

13 commentaires:

  1. la vie c'est se nourrir pour se reproduire,elle a anticipé....C'EST TT'DD'MM DEGUEU,po^vre demoizelle!
    TWITER MITIGE !

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  2. eh oui de nombreuses histoires comme ça, tues volontairement, et qui marquent pour la vie "notre petit secret" ! combien de filles souillées par des proches, n'oseront jamais parler? merci pour cette histoire, porte toi bien chere Ln, bisous

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  3. un sujet très sensible bisous et très bien écrit ELENA

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  4. un sujet de plus en pus d'actualité alors que cela existe depuis des siècles,ton texte est fort, bravo. celine

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  5. bonjour
    sa maman a su gérer la situation semble-t-il
    pour les processions nous étions assis
    bisous

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  6. Que de douleurs ! Je m'inquiète pour ma petite fille si jolie. J'espère que jamais elle ne rencontre ce genre de pervers. Bisous Elena

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  7. Un sujet qui ne doit pas rester tabou .. Il faut dénoncer ces hommes-là
    joliment écrit
    Bon et doux weekend ELENA
    Bisous
    timilo

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  8. Une histoire, hélas, qui se produit trop souvent ...
    Bon week end, avec le froid qui revient ...
    Sans commentaire sur ma santé. Voir sur mon blog.
    Bisoux, chère elena
    dom, triste

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  9. Une histoire tellement triste mais si réaliste !! Voilà pourquoi tant de femmes devenues adultes portent plainte des années après...Il faut bien que la parole à un moment donné panse les plaies pour qu'elles commencent à cicatriser. Bisous et une douce journée

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  10. Bonjour Elena,
    Une histoire comme on en entend de plus en plus souvent , bien qu'il en était certainement de même malheureusement autrefois, mais il y avait, je pense, le silence !
    C'est bien triste,
    Très belle journée à toi.
    Bisous
    Prima

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  11. Salut
    Une douloureuse histoire comme il en existe malheureusement.
    Incroyable ce que certains se croient tout permis grace à leur argent ou leur notoriété..
    Bonne journée

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  12. Une histoire qu'on entend trop souvent hélas ! Il faudrait toujours dénoncer, mais cela ne doit pas être facile.

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  13. Des amis comme ça, il y en a beaucoup trop et les mères doivent se méfier d'eux !
    Passe un bon dimanche, chère Eléna.

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