LA MOUMOUTE

A 15 ans ma mère avait déménagé dans un village de Seine et Marne, toute contente j’avais emmené mon vélo. Ne connaissant personne je faisais le tour du village en vélo, parfois des garçons me sifflaient mais je passais mon chemin sans les voir, timidité de l’époque. Je me souviens, j’avais acheté une moumoute et je la mettais comme une natte en la faisant tenir avec beaucoup d’épingles à cheveux, mes cheveux étant très fins il a toujours été difficile de me coiffer à mon goût.

C’est ainsi qu’un jour venteux je faisais mon tour de vélo dans le village, il y avait plusieurs garçons qui me regardaient passer. Brusquement j’entendis des éclats de rire et le mot « moumoute » Je rougis comme une tomate, ma moumoute était tombée et je n’avais plus qu’à la ramasser, je le fis sans un mot et je rentrai couverte de ridicule, du moins je le ressentais ainsi. Je racontai tout à ma mère puis j’allais ressasser ma déception dans ma chambre. Ma mère sortit l’après-midi et revint avec deux jeunes gens : le fils de l’épicier et celui du facteur. Elle me les présenta, ils faisaient partie des garçons qui avaient vu ma moumoute tomber et j’étais toute honteuse mais ma mère réussit à rendre l’atmosphère sympathique et sans me rendre compte à la fin de la journée, ils furent mes meilleurs copains durant des années. Ils me firent connaître d’autres garçons et aussi des filles et nous formions un groupe uni, basé sur un solide  sens de camaraderie. Par contre, je jetai ma moumoute sans aucun regret.

Elena