II – Ils allèrent au bureau des réfugiés
russes, Boussia leur avait donné l’adresse. Il y avait un monde fou dans l’établissement, ils durent
demander plusieurs fois leur chemin, enfin ils se trouvèrent devant le bon
bureau. L’employé prit leurs coordonnées, il leur expliqua poliment :
-
Nous ne pouvons
pas loger tout le monde, vous serez dans les baraquements en face, si vous
trouvez du travail, prévenez-nous. Au bout d’un certain temps nous vous
dirigerons vers un autre pays si vous ne trouvez pas.
-
Mais nous
parlons essentiellement l’allemand dit Michel ;
-
Nous n’avons pas
le choix !
Ils ressortirent et se dirigèrent avec les
papiers vers les baraquements, on leur avait dit qu’ils auraient une pièce par
famille mais un lit pour chaque enfant. Ils se regardèrent dépités ! La
pièce n’était pas trop grande, on pouvait mettre un rideau de séparation. Ils
pouvaient cuisiner dans une cuisine commune ou prendre les repas avec les
autres pour un ticket à prix modéré. Ils décidèrent de faire selon leur choix,
le premier soir ils allèrent à la cantine, ils voulaient voir s’ils ne
trouvaient pas d’autres connaissances.
Ils reconnurent plusieurs familles, ne plus
se retrouver seul les aida moralement, ils se retrouvaient à plusieurs et
faisaient des projets, refaisaient également le monde ; ils se croyaient
presque à Petersburg !
Eugénie avait suivi des cours d’infirmière
en même temps que la tsarine, elle avait son diplôme et trouva du travail en
premier, Michel n’avait pas trouvé de travail, ils habitaient toujours dans les
baraquements. Ce fut à cette époque qu’ils entendirent parler d’Alexis, il
cherchait sa famille depuis un certain temps. Des amis lui indiquèrent où il
pouvait les retrouver.
Quand il frappa à la porte, Eugénie ouvrit
et s’évanouit à sa vue. Elle avait eu un fils très beau et là elle retrouvait
un fils défiguré, il avait tout juste vingt deux ans. Elle alla trouver le
grand-oncle du tsar, Nicolas Romanov et lui expliqua dans quel état se trouvait
Alexis. Il proposa de payer les opérations pour refaire un visage correct à son
fils. Alexis accepta stoïquement treize opérations du nez, puis il
s’écria :
-
Peu importe mon
physique, je ne veux plus qu’on me touche !
Aucun argument ne le fléchit et il resta
brûlé par le tank.
Alexis était officier, il se trouvait dans
le tank quand il prit feu. Responsable, il sortit après les autres, il n’y eut
qu’un vivant c’était lui, il se traîna durant deux jours dans la neige jusqu’au
prochain campement. L’infirmière s’évanouit en le voyant tellement il était
défiguré, le médecin le soigna de son mieux et le conseilla de se faire opérer.
Alexis partit à pied à la recherche de ses parents. En Pologne il rencontra une
jeune femme chez qui il vécut quelques mois, cela le réconforta, il était un
homme même défiguré. Puis il passa chez les cousins Boussia et apprit que sa
famille se trouvait en Allemagne. Il réussit à les rejoindre après des longues
marches à pied. Il y avait bien eu des officiers soviétiques qui voulurent
l’embaucher pour faire travailler leur armée, il se sauva un mois après, il
voulait retrouver sa famille.
Alexis n’était pas un V… mais B… il
descendait d’un Khan tatar Mengli Guereï. Son père donnait des cours de
mathématiques au lycée Smolnoï, là où se trouvaient les jeunes filles nobles,
il tomba amoureux d’Eugénie qui avait quinze ans. Les parents acceptèrent
qu’elle se marie à seize ans et à dix-sept elle eut son fils.
A cinq ans son père Nicolas fit une légère
déprime en faisant des recherches mathématiques, il alla dans une maison
de repos. Un jour il prit une barque et se noya, il ne savait pas nager, sa
femme se trouva veuve à vingt deux ans.
Elle se remaria neuf ans plus tard avec un
homme ayant dix ans de moins qu’elle, la famille de Michel était généreuse et
s’occupa d’Alexis pendant les deux ans que durèrent leur voyage de noce en
Europe.
Après les premiers moments de joie pour les
retrouvailles, la promiscuité se fit sentir. Eugénie alla au bureau d’aide pour
essayer d’avoir une pièce supplémentaire, l’agent regarda le dossier et
décréta :
-
Cela fait trop
longtemps que vous êtes chez nous sans que votre époux travaille, nous allons
vous envoyer en France ;
-
Mais nous
parlons mieux en allemand !
-
Désolée madame,
je n’ai pas le choix.
Eugénie avait beau être têtue elle n’obtint
rien, ils avaient un mois pour quitter le pays pour la France.
Michel fut un peu déçu, Alexis et les
garçons aussi, d’autres familles devaient partir pour la France prochainement,
ils en connaissaient plusieurs.
Le temps passa vite, ils se retrouvèrent à
la gare direction Paris. Eugénie dit à Michel :
-
Te souviens-tu
de Maxim’s ?
-
N’y pense
plus, nous n’aurons plus les moyens d’y
aller répondit-il en souriant !
Le voyage se passa bien, ils se
retrouvèrent dans un baraquement provisoire, le temps qu’ils aient un travail,
mais il ne fallait pas tarder.
III – Eugénie inscrivit les enfants à
l’école, ils avaient quelques problèmes en français mais l’instituteur dit que
ça devrait s’arranger rapidement. Alexis aurait bien aimé reprendre des études,
il avait fait cadet uniquement à cause de la guerre mais il fallait élever ses
petits frères et sa mère avait déjà vendu ses bijoux, il lui en restait très
peu. L’argent filait plus vite que les rentrées ! Michel et Alexis
travaillèrent un moment comme porteur à la gare du Nord, ils rougissaient de
honte lorsqu’on leur donnait un pourboire.
Chacun d’eux chercha un travail plus
intéressant, Michel réussit à trouver du travail dans une imprimerie, ce
n’était pas trop fatigant et il pouvait ramener du papier chez lui. Alors
Alexis décida d’apprendre le métier de chauffeur de taxi, ses amis l’y
poussaient. Il est vrai qu’il serait indépendant, plus de patron, il s’accrocha
ferme et réussit ses examens. Au début il travailla pour une société mais très
vite il économisa pour son propre taxi et y réussit !
Ils s’installèrent dans un appartement plus
spacieux ! Les garçons avaient une chambre pour eux et pouvaient étudier
tranquillement, Alexis dormait dans la salle à manger et il restait une chambre
pour Michel et Eugénie. Tous les jours ils recevaient des nouvelles par un
journal russe « La pensée russe » Ils s’étaient abonnés, ainsi ils
savaient ce qui se passaient en Russie. Malheureusement les bolcheviques
tenaient le pays. Au début Eugénie pouvait correspondre avec sa sœur, elle
était même venue la voir, d’autres amis aussi écrivaient, ils ne voulaient pas
partir. Puis les lettres s’espacèrent et la censure empêcha la correspondance
durant de nombreuses années.
Le gouvernement
donnait le passeport Nansen, certains prirent le passeport soviétique, tout en
désirant vivre en France. Il y eut même des divergences parmi les émigrés. Il y
avait une forte communauté à Paris ainsi qu’à Nice, les Russes avaient
leurs églises orthodoxes, au moins cinq à Paris, leurs magasins avec des
produits russes, leurs restaurants, cabarets, il y avait aussi des maisons de
retraite russes ainsi que des colonies et autres organisations comme celle des
écrivains « Les moldorossi »
(suite)
J'ai lu la suite de ton article et cela me rappelle mon enfance où mes parents me racontaient le courage des immigrés Russe qui étaient bien souvent des chauffeurs de taxi à Paris et quand j'habitais paris j'allais souvent dans un cabaret russe où j'étais toujours très bien accueilli Bonne journée chère Eléna. Gros bisous
RépondreSupprimerIl y a comme ça des histoires qui valent la peine d'être partagées...merci Elena
RépondreSupprimerBisous et bonne journée !
fontaine
à demain donc pour la fin de ce récit passionnant;
RépondreSupprimerbelle journée;
bonjour elena .. ta nouvelle est supperbement bien écrit, et on imagine aisément les tribulations de tes personnages ... pauvre Alexis !!! heureusement, le physique n'est pas tout, derrière il y a le coeur .... je t'avoue .. chez maxim's j'aurais bien voulu aussi y aller !! hihihihih
RépondreSupprimerbisous et bon vendredi
ballotés de pays en pays
RépondreSupprimerde langue en langue
sans trop d'argent
avec leurs rêves
puis le temps qui passe
et on s'habitue mm
à la pluie de Normandie
il faut le faire cependant
et puis on oublie le pays
sauf la nuit ds un sommeil éveillé
po^vres gensses
Certains de gôche içi diront
bien fait, les colons dehors
vous vous êtes bien rempli les pôches
(sic)
et la grand mère, encore digne ds son vieux
manteau de zibeline, usé
verse une larme
et le prolétaire français
se frotte les mains de plaisir
"les riches paieront" !!!
ici je vais souvent acheter des produits chez une arménienne, elle a des produits russes très bon, elle a aussi tout quitter pour venir ici .... elle est partir en bus avec sa fille tout bébé ...puis faut apprendre la langue, les coutumes d'ici .... ont a beaucoup d'immigrés en Belgique et pas trop de tentions sauf parfois avec les musulmans du Maroc , il y a 180 nationalité qui vient a Bruxelles moi j'aime ce mélange ... mais c'est pas le cas de tous ....
RépondreSupprimerj'essaye d'imaginer le courage et la volonté nécessaire pour continuer à vivre dans de telles conditions...l'amour de la vie reste le plus fort chez chaque individu...mais il faut une forte dose de volonté pour s'en sortir....j'aime ta manière de relater ces aventures vécues....bonne journée...bisesssssssssss
RépondreSupprimerpour hier je suis retourné voir plus rien dommage que je n'ai pas fais un copié collé...j'ai vu cela chez d'autres et chez moi aussi...c'est pénible...
claude
ce récit me rappelle l'époque de l'indépendance de l'Algérie, le retour des rapatriés, à par que ces derniers n'étaient pas des étrangers, pas cette barrière de la langue
RépondreSupprimerbravo pour ce récit
c'est encourageant de savoir qu'ils n'étaient pas seuls dans ce cas
RépondreSupprimerc'est assez stressant comme situation
douce soirée
ti bo du soir et très bon weekend
tres interessant et bien ecrit c tres bien cousu" je me demande d ou viennent ts recherches ou alors c l histoire en partie de la russie en ts cas bravo bne soiree Lna et bizous
RépondreSupprimerBonne fete, enfin si tu fetes le 14 juillet? ici c'est le 21 , le roi abdique pour son fils se jour là .....
bisous et bon dimanche