Quand grand-mère m’a vue elle eut une mine de dégoût, je mangeais comme
une petite paysanne et elle était horrifiée par ma façon de parler, elle me
tint ce discours :
-
Je te préviens
dès demain je ne te parlerai qu’en russe et tu as intérêt à vite retrouver ta
langue maternelle et tes bonnes manières !
Mon père ne dit rien il ne me regarda pas et mon cœur se serra. Je
m’endormis en pleurant en appelant maman Jeanne qui s’était occupée avec amour
de moi durant un an.
Je me souviens d’avoir vu ma sœur qu’une seule fois, elle était venue
avec Yves son nouveau mari. Grand-mère me posa la question :
- Es- tu contente d’avoir un nouveau beau-frère ?
- Non, je préférai quand Nat n’était pas mariée, j’aimais plus Alex.
Cela jeta un froid sauf ma grand-mère qui rit et m’envoya jouer.
Grand-mère était très sévère et un jour elle me montra ses ceintures en
me disant :
-
Elles peuvent
servir de knout (fouet en russe).
J’étais aussi la seule de l’école à avoir un carnet de note de conduite
et si j’avais moins de neuf j’étais punie.
Durant cette année mon père ne se mêlât pas de ce que faisait sa mère,
je me souviens peu de lui. Pour Noël il nous donna un texte à apprendre à moi
et mon cousin, et cousines pour une pièce de théâtre et s’occupa de tout. Un
autre jour il me garda car grand-mère avait le cancer et se sentait mal, c’est
ce jour que je lui avouai que je ne croyais plus en Dieu, il faut dire que
grand-mère était très croyante, elle m’en faisait voir de routes les couleurs.
Je devais apprendre le catéchisme, me confesser au prêtre, elle me trouvait même les pêchés à confesser.
Papa m’avoua qu’il n’était plus
croyant non plus mais qu’il ne fallait pas le dire. Ce fut deux moments
privilégiés que j’ai eu avec lui cette année.
Puis, comme ça n’allait pas bien pour grand-mère, une femme officier
anglaise venue apprendre le russe chez nous proposa de me prendre chez elle.
Nous partîmes en Angleterre en bateau, au début Cristina prit des
vacances et nous sommes allés à la mer avec son fiancé, c’est là que j’ai
appris à nager et il faisait chaud. Puis nous sommes revenus à Londres et je
restais dans un square pendant qu’elle travaillait, les enfants se moquaient de
moi car je parlais très peu en anglais. Tous les soirs je parlais seule en
français car j’avais peur de l’oublier, elle parlait le russe mais pas le
français. Au bout de trois mois, grand-mère mourut et je rentrai chez papa qui
me recueillit à la gare de Paris.
J’étais revenue seule, une personne allant à Paris avait promis de
surveiller pour que je descende. Je n’ai pas correspondu avec Christina, je
pense avoir été assez capricieuse ou maussade ne supportant plus d’être livrée
d’une personne à une autre sans rechigner.
Elena 2015
salut
RépondreSupprimerben dis donc ta vie d'enfant n'a pas été franchement agréable
bonne journée
Tu as été bien ballotée, pauvre petite fille !
RépondreSupprimerC'est bien là qu'on voit qu'une maman est indispensable.
Bon mardi.
pas drole tous ces changements , normal que tu sois grognon apres toutes ces allées et venues chez des personnes differentes, bon mardi chere Ln, bisou
RépondreSupprimerles changements ouvrent l'esprit mais quand on est enfant c'est parfois dure trop de changement ...
RépondreSupprimerbisous et douce journée
PÖVRE TITE HELENA /
RépondreSupprimerTRANSBALLEE de dame en dame?,
de langue en langue,
de pays en pays .
Toussa ssa donne ou bien :
le gou^t du voyage ou de son coin casanier !!!!
Tu as su te servir de tes épreuves de vie pour écrire ....Je pense que la résilience a été ton leit motiv ...Je suis toujours admirative de ceux qui font une force de ce qui aurait pu les détruire ....Bisou ....Betty
RépondreSupprimerattention, on n'est pas en Egypte, ce n'est que l'un des Nils
RépondreSupprimerbelle journée Elena
attention, on n'est pas en Egypte, ce n'est que l'un des Nils
RépondreSupprimerbelle journée Elena
Une enfance un peu" bousculée" ....te permet d"évoquer si bien et de partager tous ces souvenirs ...
RépondreSupprimerBisous et excellente journée Elena
bonjour, souvent les rapports avec la grand-mère sont d'une autre nature, plus affectueux, du moins ce que je garde de mon enfance
RépondreSupprimerpour le voyage courant Juin.
Une enfance bien chaotique qui a dû vous marquer, mais que vous avez su positiver !
RépondreSupprimerUne enfance particulière un peu douloureuse au plan affectif mais riche en événements et émotions. Bisous
RépondreSupprimerBonjour Elena,
RépondreSupprimerTu n'as pas eu une enfance facile.
Bon mardi
Bisous
difficile de grandir en voyant sa "seule famille" décrocher !!!! être jalouse et "infecte" , surtout inconsciemment, est une forme de défense ! j'ai connu ça avec mon frère... !
RépondreSupprimerHello Elena,
RépondreSupprimerPasses un bon mercredi
Bisous
J'apprécie lorsque tu précises (fiction) sur tes textes. Je ne sais pas si tu te souviens qu'au début de notre rencontre sur les blogs je te demandais souvent si c'était vécu ou non.
RépondreSupprimerUne vie passionnante maintenant que tu te la remémore, mais certainement difficile à l'époque de ton enfance.
J'aimerais avoir ton talent pour noter ce que mon mari m'a dit de son enfance et de son ressenti, ainsi que mon enfance pour mes fils et mes petits enfants.
Mon mari avait commencé. Il faut que je continue. Me donner un cadre :
prendre un moment chaque jour ou chaque semaine.
C'est en te lisant que je me dis que c'est essentiel pour eux.
Merci, tu es restée fidèle malgré mes absences ; vous n'êtes pas nombreuses et c'est d'autant plus appréciable. BISOUS