Nous revenions à la maison avec ma sœur et maman dit à Nat :
-
Je pars, je ne
peux plus vivre avec ton père, dis-lui je ne peux pas lui expliquer.
-
Tu ne vas pas
l’abandonner comme tu l’as fait après ma naissance !
-
Je ne peux plus
rester, je ne m’en sors plus je dois peindre et je pars chez la mère Dorothée
dans la maison de retraite, le temps de me remettre et peindre.
Je ne compris pas le reste, je me sentis fautive puis un vide. Enfin un
jour ma sœur nous prépara Tania et moi et dit que nous allions passer un mois
en Haute Savoie le temps que papa se retourne car elle aussi travaillait et
pensait même quitter la maison pour vivre avec un autre homme qu’elle venait de
rencontrer. J’ai encore pleuré mais rien n’y fit et nous sommes arrivées dans
un chalet éloigné des autres habitations mais près d’un car. Ma sœur donna une
lettre à une vieille dame qui s’y reposait et me permit de la raccompagner
jusqu’au car, elle me pria :
-
Occupe-toi bien
de Tania et ne pleure pas je reviens bientôt,
-
Je ne veux pas
rester là,
-
Alors demande à
la vieille dame russe, je lui ai laissé une lettre, elle te ramènera demain.
Je l’embrasse et je cours vers la vieille dame :
-
Ma sœur vous a
laissé une lettre, elle m’a dit que vous me ramènerez demain,
-
Non m a petite elle me demande de te consoler.
Je courus vers ma nièce et je pleurai en la tenant dans les bras. Tania
ne parlait que le russe et je devais traduire ce qu’elle disait.
Je m’y suis vite adaptée et ma sœur est venue rechercher sa fille trois
mois plus tard me laissant mais cet épisode ne m’a pas frappé.
J’y suis restée un an et j’oubliai le russe. Une fois les vacances finies, les vacanciers
partaient, il restait maman Jeanne, papa Marcel, mémé du côté paternel et
Danièle qui avait mon âge. J’allais à l’école avec elle, nous dormions dans la
même chambre, nous jouions ensemble avec des ardoises tombées du toit et une
craie ou à la trottinette, elle me La prêtait facilement. L’été nous montions
en haut du tracteur et nous étions à la hauteur des branches mais il était interdit
d’attraper quoi que ce soit. Papa Marcel poussait un cri quand Danièle lui
désobéissait et lui donnait parfois une fessée mais pas forte, Danièle hurlait
et j’avais peur mais maman Jeanne m ‘expliquait qu’il ne fera jamais de
mal à sa fille, c’était presque un jeu entre eux.
Il nous arrivait de faire de la luge l’hiver et parfois nous ne
pouvions pas aller à l’école car la neige nous recouvrait de trop.
J’aimais les parents du côté maternel, il fallait grimper et marcher
pendant assez longtemps et quand nous y allions c’était pour la journée. Elle
m’aimait bien et m’offrait souvent des bonbons en dehors de Danièle qu’elle
trouvait capricieuse.
A l’école j’appris que soixante-dix c’était septante et
quatre-vingt-dix c’était nonante, pour le reste c’était strict et un jour que
je ne compris pas le problème je me retrouvai dans une pièce sombre enfermée le
temps de la récréation, je n’ai pas trop eu peur car il y avait des trous en
hauteur et je voyais passer des pieds. Mon blocage en math dura assez longtemps.
Un jour je trouvai une prof qui m’expliqua d’une façon claire et je me
débloquais un peu seulement.
Au printemps à l’école passèrent des mariés et ils nous distribuèrent
des dragées, c’était le premier mariage
que je voyais car ma sœur s’est juste mariée à la mairie sans robe blanche et
je n’y suis pas allée, j’ignore la raison.
Quand mon père est venu me chercher je revenais de l’école et je ne
l’ai pas reconnu. Maman Jeanne me poussa dans ses bras. Il m’a apprivoisé en
trois semaines, nous faisons de belles balades, il peignit la montagne qu’il
voyait de sa chambre à l’aquarelle et me donna les dessins, nous avons visité
la mer de glace et vu le lac Léman. Je l’aimais à nouveau mais quand il a parlé
d’aller vivre avec grand-mère je ne voulais pas. La veille, les Verbois
m’embrassèrent et je m’accrochais à eux en pleurant, la chambre de papa n’était
pas loin, Les Verbois m’expliquèrent qu’ils ne pouvaient pas me garder de
force.
Le lendemain matin papa m’emmena au ruisseau faire des ronds avec les cailloux,
je le vis pleurer discrètement, je ne dis rien et nous sommes repartis ensemble
sans que je me plaigne. On se promit de
s’écrire mais mon père ne m’a jamais donné leur adresse ni ma sœur et je n’ai
jamais pu les retrouver.
En arrivant à Paris j’ai paniqué, je n’avais plus l’habitude des
voitures et j’ai eu peur de traverser la rue et du bruit. La montagne me
manquait déjà !
Elena 2015
L'enfance laisse des traces indélébiles. Dommage qu'il n'y ait pas eu de suites avec cette famille d'accueil si affectueuse.
RépondreSupprimerBonne journée et amitié.
difficile de survivre lorsqu'on a grandi où le seul danger était notre maladresse envers la nature ; et de se retrouver dans une ville où il faut faire attention à tout , et se méfier de tous !
RépondreSupprimerquelle belle histoire, une expérience formidable dans une famille d’accueil, que tu n'as pu malheureusement retrouver, et des problèmes de famille, difficile pour une enfant, j'espère que vous aurez des examens satisfaisants, heureuse journée et grosses bises chere Ln !
RépondreSupprimerUne page de ta vie si bien partagée et qui reste gravée dans nos mémoires
RépondreSupprimerbisous du jour
je te souhaite une belle journée , un peu frais ce matin mais le soleil est là
RépondreSupprimerbisous et a demain
long texte hors de l'habitude et du temps
RépondreSupprimerla notion d'espace-temps est devenue floue
on flotte ds l'apparence de l'âme
et je me suis laissé flotter, avec un délice certain
Qui sont ces personnages, bien que désignés?
toi, ta famille, les autres, l'universalité
tu as des dons d'écrivain, c'est certain
et to émotion entoure d'un halo l'expression
J'aime
salut
RépondreSupprimerun morceau de vie dont tu te rappelles
il y a de bonnes et mauvaises choses mais le tout est de garder celles qui nous ont fait le plus plaisir
bonne journée
Une touche de douceur dans une vie un peu chaotique qui a dû laisser des traces douloureuses.
RépondreSupprimerBonjour Elena,
RépondreSupprimerDes tranches de vie qui parfois font mal et que l'on ne peut oublier.
Bon mardi
Bisous
Une belle tranche de ta vie au grand air...et des souvenirs bien précis, à chaque fois tu m'épates !!
RépondreSupprimerje te dis une douce journée , ici c'est la grève général, les vacances sont finies , donc c'est la pagaille.
RépondreSupprimerj'ai commencé a mettre les photos de ma balade au jardin botanique , il y aura plusieurs articles ...
ce matin ciel bleu et soleil j'en profite il annonce pluie pour vendredi
bisous
Je suis toujours touchée par tes écrits qui me paraissent toujours "tellement vécus". Je me trompe peut-être ?
RépondreSupprimerTon écriture est très agréable et je voudrais te dire : "as-tu penser à écrire ton histoire, même romancée" tu as tellement de choses et d'histoires à offrir. C'est toujours passionnant et tellement humain.
Je t'embrasse.
Bon mercredi Elena
RépondreSupprimerBisous
Bonjour chère Eléna quel plaisir de te retrouver en haute Savoie que je connais bien y ayant passé mes vacances pendant mon enfance.
RépondreSupprimerJe te souhaite une bonne journée gros bisous