mardi 21 avril 2015

DÉPART


Nous revenions à la maison avec ma sœur et maman dit à Nat :
-        Je pars, je ne peux plus vivre avec ton père, dis-lui je ne peux pas lui expliquer.
-        Tu ne vas pas l’abandonner comme tu l’as fait après ma naissance !
-        Je ne peux plus rester, je ne m’en sors plus je dois peindre et je pars chez la mère Dorothée dans la maison de retraite, le temps de me remettre et peindre.
Je ne compris pas le reste, je me sentis fautive puis un vide. Enfin un jour ma sœur nous prépara Tania et moi et dit que nous allions passer un mois en Haute Savoie le temps que papa se retourne car elle aussi travaillait et pensait même quitter la maison pour vivre avec un autre homme qu’elle venait de rencontrer. J’ai encore pleuré mais rien n’y fit et nous sommes arrivées dans un chalet éloigné des autres habitations mais près d’un car. Ma sœur donna une lettre à une vieille dame qui s’y reposait et me permit de la raccompagner jusqu’au car, elle me pria :
-        Occupe-toi bien de Tania et ne pleure pas je reviens bientôt,
-        Je ne veux pas rester là,
-        Alors demande à la vieille dame russe, je lui ai laissé une lettre, elle te ramènera demain.
Je l’embrasse et je cours vers la vieille dame :
-        Ma sœur vous a laissé une lettre, elle m’a dit que vous me ramènerez demain,
-        Non m a petite elle me demande de te consoler.
Je courus vers ma nièce et je pleurai en la tenant dans les bras. Tania ne parlait que le russe et je devais traduire ce qu’elle disait.
Je m’y suis vite adaptée et ma sœur est venue rechercher sa fille trois mois plus tard me laissant mais cet épisode ne m’a pas frappé.
J’y suis restée un an et j’oubliai le russe.  Une fois les vacances finies, les vacanciers partaient, il restait maman Jeanne, papa Marcel, mémé du côté paternel et Danièle qui avait mon âge. J’allais à l’école avec elle, nous dormions dans la même chambre, nous jouions ensemble avec des ardoises tombées du toit et une craie ou à la trottinette, elle me La prêtait facilement. L’été nous montions en haut du tracteur et nous étions à la hauteur des branches mais il était interdit d’attraper quoi que ce soit. Papa Marcel poussait un cri quand Danièle lui désobéissait et lui donnait parfois une fessée mais pas forte, Danièle hurlait et j’avais peur mais maman Jeanne m ‘expliquait qu’il ne fera jamais de mal à sa fille, c’était presque un jeu entre eux.
Il nous arrivait de faire de la luge l’hiver et parfois nous ne pouvions pas aller à l’école car la neige nous recouvrait de trop.
J’aimais les parents du côté maternel, il fallait grimper et marcher pendant assez longtemps et quand nous y allions c’était pour la journée. Elle m’aimait bien et m’offrait souvent des bonbons en dehors de Danièle qu’elle trouvait capricieuse.
A l’école j’appris que soixante-dix c’était septante et quatre-vingt-dix c’était nonante, pour le reste c’était strict et un jour que je ne compris pas le problème je me retrouvai dans une pièce sombre enfermée le temps de la récréation, je n’ai pas trop eu peur car il y avait des trous en hauteur et je voyais passer des pieds. Mon blocage en math dura assez longtemps. Un jour je trouvai une prof qui m’expliqua d’une façon claire et je me débloquais un peu seulement.
Au printemps à l’école passèrent des mariés et ils nous distribuèrent des dragées,  c’était le premier mariage que je voyais car ma sœur s’est juste mariée à la mairie sans robe blanche et je n’y suis pas allée, j’ignore la raison.
Quand mon père est venu me chercher je revenais de l’école et je ne l’ai pas reconnu. Maman Jeanne me poussa dans ses bras. Il m’a apprivoisé en trois semaines, nous faisons de belles balades, il peignit la montagne qu’il voyait de sa chambre à l’aquarelle et me donna les dessins, nous avons visité la mer de glace et vu le lac Léman. Je l’aimais à nouveau mais quand il a parlé d’aller vivre avec grand-mère je ne voulais pas. La veille, les Verbois m’embrassèrent et je m’accrochais à eux en pleurant, la chambre de papa n’était pas loin, Les Verbois m’expliquèrent qu’ils ne pouvaient pas me garder de force.
Le lendemain matin papa m’emmena au ruisseau faire des ronds avec les cailloux, je le vis pleurer discrètement, je ne dis rien et nous sommes repartis ensemble sans que je me plaigne.  On se promit de s’écrire mais mon père ne m’a jamais donné leur adresse ni ma sœur et je n’ai jamais pu les retrouver.
En arrivant à Paris j’ai paniqué, je n’avais plus l’habitude des voitures et j’ai eu peur de traverser la rue et du bruit. La montagne me manquait déjà !
Elena 2015


14 commentaires:

  1. L'enfance laisse des traces indélébiles. Dommage qu'il n'y ait pas eu de suites avec cette famille d'accueil si affectueuse.
    Bonne journée et amitié.

    RépondreSupprimer
  2. difficile de survivre lorsqu'on a grandi où le seul danger était notre maladresse envers la nature ; et de se retrouver dans une ville où il faut faire attention à tout , et se méfier de tous !

    RépondreSupprimer
  3. quelle belle histoire, une expérience formidable dans une famille d’accueil, que tu n'as pu malheureusement retrouver, et des problèmes de famille, difficile pour une enfant, j'espère que vous aurez des examens satisfaisants, heureuse journée et grosses bises chere Ln !

    RépondreSupprimer
  4. Une page de ta vie si bien partagée et qui reste gravée dans nos mémoires
    bisous du jour

    RépondreSupprimer
  5. je te souhaite une belle journée , un peu frais ce matin mais le soleil est là

    bisous et a demain

    RépondreSupprimer
  6. long texte hors de l'habitude et du temps
    la notion d'espace-temps est devenue floue
    on flotte ds l'apparence de l'âme
    et je me suis laissé flotter, avec un délice certain
    Qui sont ces personnages, bien que désignés?
    toi, ta famille, les autres, l'universalité
    tu as des dons d'écrivain, c'est certain
    et to émotion entoure d'un halo l'expression
    J'aime

    RépondreSupprimer
  7. salut
    un morceau de vie dont tu te rappelles
    il y a de bonnes et mauvaises choses mais le tout est de garder celles qui nous ont fait le plus plaisir
    bonne journée

    RépondreSupprimer
  8. Une touche de douceur dans une vie un peu chaotique qui a dû laisser des traces douloureuses.

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour Elena,
    Des tranches de vie qui parfois font mal et que l'on ne peut oublier.
    Bon mardi
    Bisous

    RépondreSupprimer
  10. Une belle tranche de ta vie au grand air...et des souvenirs bien précis, à chaque fois tu m'épates !!

    RépondreSupprimer
  11. je te dis une douce journée , ici c'est la grève général, les vacances sont finies , donc c'est la pagaille.

    j'ai commencé a mettre les photos de ma balade au jardin botanique , il y aura plusieurs articles ...

    ce matin ciel bleu et soleil j'en profite il annonce pluie pour vendredi

    bisous

    RépondreSupprimer
  12. Je suis toujours touchée par tes écrits qui me paraissent toujours "tellement vécus". Je me trompe peut-être ?
    Ton écriture est très agréable et je voudrais te dire : "as-tu penser à écrire ton histoire, même romancée" tu as tellement de choses et d'histoires à offrir. C'est toujours passionnant et tellement humain.
    Je t'embrasse.

    RépondreSupprimer
  13. Bonjour chère Eléna quel plaisir de te retrouver en haute Savoie que je connais bien y ayant passé mes vacances pendant mon enfance.
    Je te souhaite une bonne journée gros bisous

    RépondreSupprimer