mercredi 14 février 2018

APRES LA FIN (je mettrai la fin vendredi car trop longue. J'ai eu le 1er prix de Biscarosse)


Il y a un an encore la terre existait, que reste-t-il ? Des arbres morts, des plantes grises ou brunes, plus de fleurs, ni fruits, ni végétaux, aucun animal. Il ne reste que des êtres humains à peine vivants, combien sont-ils, où vivent-ils ? Toutes ces questions auxquelles j’aimerai pouvoir y répondre.
Je suis témoin d’une catastrophe atomique ou nucléaire, comment savoir ? Il y a eu des bruits d’explosion à crever les tampons, la nuit est tombée brusquement à 15 h le 6 juin 2015. Je me suis précipitée dans la cave avec quelques personnes présentes dans l’immeuble. Un fracas terrible ouvrit l’immeuble, je m’évanouis à ce moment.
Quand je me suis réveillée, je me suis retrouvée seule, à la place de la cave il n’y avait plus que des pierres et quelques objets cassés. Péniblement j’ai commencé à chercher d’autres gens, j’appelai en vain. Un vide immense me fit peur, tout était détruit, aucun immeuble n’a survécu, je n’entendais aucun bruit, pas même un chat.
Le ciel était gris, il faisait une chaleur désagréable, difficile de la définir tout comme l’odeur persistante. Je cherchai mon téléphone, il ne fonctionnait plus, pas de télévision pour en savoir plus, ni radio, les voitures étaient cassées, tordues. Les plantes vertes sont devenues grises ou brunes. Je continuai à marcher, les magasins étalaient des fruits et légumes de couleur foncée, tous rabougris, sentant le pourri avec autre chose d’indéfinissable.
Mes enfants étudiaient en Amérique, cela me réconfortait un peu, comment les joindre ? Cette idée me désola plus que tout.
Au bout d’une semaine j’ai découvert des morts, des rescapés qui se terraient, il n’y avait plus d’oiseaux, plus de bruit, plus d’insectes : le désert encombré de pierres, d’objets déformés, des ruines. Il faisait tout le temps nuit, plus rien n’avait de couleurs, cela me manquait. J’avais des conserves, elles me permettaient de manger, il ne fallait pas compter trouver de la verdure. Comment savoir s’il y avait une vie ailleurs et où ? – Sans électricité, ni téléphone, je ne captais plus rien. Nous sommes revenus à l’âge de pierre. Peu importe si je pouvais réfléchir comme une personne évoluée, je n’étais plus rien dans ce monde détruit par l’homme, pourtant depuis des années on le pressentait.
J’ai décidé d’écrire ce qui nous est arrivé, si jamais un navire spatial passe par là un jour, il comprendra la fin de notre civilisation.
La veille, je parlais avec mes voisins, ils avaient un chat, il y avait des enfants qui jouaient dans le parc d’à côté. A la télévision ils parlaient bien des problèmes entre différentes stations nucléaires, les rivalités entre elles, on avait parlé d’un fou qui avait fabriqué une bombe atomique pouvant détruire trois ou quatre pays à la fois. Ce n’était que des propos répétitifs, on s’en lassait… Là j’ai eu tort de ne pas m’être plus concentrée, si je pouvais me souvenir exactement des dernières informations ? Je n’aurai pas pu changer le cours des choses, juste laisser un témoignage plus conforme.
Depuis quelques jours je vois des gens, ils cherchent à se nourrir, ils évitent les autres, j’ai essayé de parler à une femme, elle est devenue folle et je n’ai rien obtenu d’elle, puis j’ai réussi à parler à un homme, il a tout perdu, ne sait rien de plus que moi, ses enfants sont morts, sa femme a disparu. Après ça je n’ai plus osé interpeller les rares personnes entrevues, trop de misère les a rendu morts-vivants.
Un jeune couple est passé, ils étaient les seuls à garder une étincelle dans les yeux, je les ai abordé – Avez-vous besoin de conserves ? – Merci Madame, nous en avons aussi toute une réserve, par contre l’eau se fait rare. – Je suis désolée mais je ne peux vous donner qu’un pack, j’ignore combien de temps la situation va durer ! Les jeunes me regardèrent étonnés – Tout est fini, on peut survivre un ou deux ans peut-être dit l’homme – On devrait se réunir pour mieux cerner la situation, rien ne prouve que les autres pays sont détruits repris la jeune femme ? – Non, mais comment vérifier sans véhicule, téléphone ou autre moyen de communication rétorque son compagnon. Regroupons-nous entre gens pas trop touchés mentalement et essayons de trouver des idées concrètes dis-je. Les jeunes acceptèrent, chacun de nous devrait essayer de trouver d’autres personnes pas trop atteintes pour trouver un plan de survie. Je proposai de regrouper tout ce qui pouvait nous aider à vivre au quotidien, le reste on verra au fur et à mesure.
Quand les jeunes refirent apparition accompagnés d’un petite groupe de personnes, j’avais déjà eu le temps de trouver des objets utiles et réparables comme un vélo à peine tordu un caddy pour ramener les provisions des magasins d’à côté. Je me doutais que tout était irradié, heureusement que j’avais accepté le vaccin anti-radiation l’an dernier. L’eau était plus rare, bien que j’en avais vu dans une ancienne grande surface, il suffisait d’y aller : 10 km aller-retour environ.
Il n’y avait pas de voitures en état de conduire, à part ce vélo épargné je n’ai pas vu d’autres moyens de locomotion. Les nouveau ont amenés : meubles, provisions, un téléphone en assez bon état. Je pris le téléphone en remerciant la personne j’ essayai de joindre l’Amérique, je devais prévenir mes enfants vivant en Californie chez leur oncle.
j’entendis des bruits mais pas de tonalité habituelle, d’autres essayèrent de joindre, famille ou amis vivant ailleurs, en vain.
Il fallait mettre un plan d’action pour continuer à vivre dans un pays isolé.
Petit à petit nous nous sommes trouvés une cinquantaine dans le groupe. Nous avons pu régler le problème alimentaire, en partageant selon le nombre de personnes par famille, en général rare étaient ceux qui avaient survécu à deux et trois il n’y avait qu’un couple avec la mère, tous les enfants étaient morts à notre connaissance.
Nous avons trouvé un anesthésiste, il faisait office de médecin et dentiste à la fois, heureusement que certains ont trouvé des médicaments en bon état.
Il fallait absolument que nous sachions si d’autres humains ou pays avaient été épargnés, nous comptons sur eux pour nous aider à survivre.
Alain dit – Je vais prendre ma boussole, et aller jusqu’à l’Italie, si vous me prêtez le vélo, j’y serai en une semaine et nous saurons si elle a été épargnée, de là je peux voir en Suisse et en Allemagne puis je reviens, qu’en pensez-vous ?… L’idée est bonne répondis-je, vous êtes seul mais il faut voir pour les provisions, en vélo vous ne pourrez pas emporter grand chose… Ce n’est pas le plus important riposte-t-il , je trouverai bien d’autres provisions sur mon chemin ou même du monde… Tout le monde applaudit, il fut décidé qu’il partira dès qu’il sera prêt.
Alain parti, nous continuons à chercher tout ce qui peut servir dans les décombres. Le plus affolant ce sont les cadavres et épidémies qu’ils peuvent engendrer, nous sommes tous vaccinés contre les effets nucléaires mais pas contre la peste ou d’autres maladies de ce genre. Ne voyant aucun animal, nous avons de la chance de ne rien attraper. S’il y a des survivants pourquoi n’essaient-ils pas de nous joindre ? Je pense qu’ils sont comme nous bloqués, sans locomotion à moins qu’il n’y en a plus en Europe mais l’Amérique va nous aider, je pense aux enfants. Il est impossible qu’ils soient morts, si je lutte c’est aussi pour eux.
Depuis quelques jours j’ai remarqué que des clans se formaient, nous ne sommes plus qu’une trentaine, par contre d’autres personnes sont arrivées dans la région et forment un autre clan, il y en a trois. Je crains les rivalités et vol des objets qu’on a eu tant de mal à trouver. Nous faisons la garde à tour de rôle, le temps est toujours chaud, il fait gris tout le temps et on ne voit pas assez, les ombres peuvent se profiler sans que l’on puisse les voir. Je note tout consciencieusement, Marc et Anne, le jeune couple du début, m’ont annoncé en rougissant – Anne est enceinte…Oh non ! Il ne faut pas le garder criais-je …
-Allez voir Bill l’anesthésiste, il le fera passer. Anne me regardait en hésitant – Un enfant maintenant ? Comment vas-t-il survivre insistais-je doucement ? Ils partirent
sans répondre.
Il fallait prévenir Bill, d’autres personnes encore jeunes pouvaient faire des enfants, il ne fallait pas l’accepter, j’eus son appui, il promit de l’avorter de force s’il le fallait et d’en parler à tous les jeunes qu’ils verraient. Le lendemain une pancarte annonçait « Interdiction d’avoir des enfants provisoirement », c’est la première fois que je voyais un tel décret, pourtant on ne pouvait pas donner naissance sans savoir si la vie pouvait reprendre ou pas ! Nous ne voyons pas le temps passer, juste quelques chapardeurs, on ne pouvait pas faire grand chose, tout était ouvert, aucune maison n’était reconstruite, à quoi bon avec cette chaleur, un abri provisoire suffisait les jours de pluie. Il fallait tenir, continuer à vivre et espérer. Le nombre de gens augmentait, il y avait bien 10 ou 15 personnes dans les deux autres groupes, pas facile à compter.
Alain est revenu, Il n’a pas trouvé l’Italie, sans doute dans les décombres comme ici, par contre il lui a semblé que la Suisse n’était pas complètement détruite, il nous dit – On m’a arrêté quand j’ai voulu pénétrer dans la ville, il y avait des maisons debout, plus de monde que chez nous ; ils ont eu tellement peur d’être envahi par d’autres qu’ils m’ont écouté poliment, posé des questions sur la situation puis renvoyé poliment en me donnant quelques provisions. J’ai pu voir qu’ils sont un peu mieux lotis que nous mais aucune voiture ne roule et leurs téléphones ne fonctionnent plus. Je remerciai Alain pour ce compte rendu, il fallait chercher de l’aide ailleurs, mais où ?
(à suivre)

13 commentaires:

  1. Merci pour ta gentillesse, Elena ! Je vais pour le mieux, merci.
    Quel scénario catastrophe tel qu'il pourrait arriver un jour, mieux vaut ne pas trop y penser.
    L'homme est fou, il se détruira lui-même.
    Bravo en tout cas pour ton imagination.
    Belle journée à toi.

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  2. superbe histoire d'anticipation, bravo chere Ln, il me semble bien l'avoir deja lu, mais je ne suis pas sur, je l'ai relu avec grand plaisir, on attend la suite, le monde finira comme ça, un jour ! porte toi bien grosses bises

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  3. palpitant, romantique atchoum, un thriller du futur....J'attends avec appétit la suite, histoire potentiellement probable, suite les "mutants"....
    BIZOUX EMPOIZONNES

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  4. superbe et passionnant récit
    belle journée en attendant la fin, Elena

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  5. Juste une page de l' "Apocalypse" attends bien sûr la suite...c'est si bien écrit,
    en attendant bon mercredi Elena
    bisous

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  6. Bonjour Elena,
    Comme c'est bien écrit.
    De la fiction, mais qui sait...
    Bon mercredi
    Bisous

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  7. bonsoir
    c'est bien la première fois que je lis chez toi ce type de récit, de la science fiction, alors que souvent tu écris sur le passé..là aussi tu excelles !!
    bisous

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  8. Salut
    Un bien belle histoire qui nous retient.
    Bonne journée

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  9. Ton récit est captivant car il pourrait ressembler à une réalité peut-être plus proche qu'on ne le croit ...
    Mais il est aussi angoissant : j'espère que ce n'était qu'un cauchemar, comme il m'arrive d'en faire.
    Bon jeudi, toujours humide et gris.
    Bisoux, chère elena

    PS : Absente demain, RDV ORL pour suivi et "peut-être" autorisation de retirer ma sonde ...

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  10. Voilà un récit d'anticipation captivant et un scénario catastrophe qui fait froid dans le dos tant on sait que tout cela pourrait être possible : les clans, les rivalités, la recherche de nourriture dans un monde dévasté...quel suspense ! Merci de ce partage Elena et vivement demain la suite ! Bisous

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  11. Salut,
    Le temps est superbe avec 11°.
    Bonne journée

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  12. J'attends avec impatience le fin du récit !

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