vendredi 16 février 2018

Après la fin (suite et fin)


Les mois passèrent, maintenant nous buvons l’eau de la pluie, pour la nourriture nous avons compté qu’il nous restait six mois de survie en faisant attention. Nous ne pouvions rien faire pousser, trop dangereux malgré nos vaccins anti nucléaires. Aucun végétal ne poussait, après bien des recherches nous avions trouvé des petites bêtes inconnues, personne n’en avait vu de pareilles avant l’accident. Elles ressemblaient vaguement à des rats ou loutres, mélange de plusieurs espèces , entre le rat et le chat en grandeur. Bill proposa … Nous pourrions en goûter une , si la personne n’est pas malade, les autres pourront en manger aussi – Je veux bien servir de cobaye fit-il… Non, on a besoin de médecin répondis-je, je vais essayer mais Alain m’interrompit … Vous écrivez, il faut trouver la personne la moins indispensable. Cécile, une vieille dame proposa l’essai, elle n’avait personne et voulait aider la communauté. Nous avons accepté d’un commun accord. Bill ramena une bête qu’il découpa en morceaux et lui tendit, elle ferma les yeux et goûta. Nous la regardions avec une grande attention…
Cécile survécut à son repas, et nous avons surnommé la bête «survie », les autres en mangeaient aussi, je ne dirai pas que c’est bon, le principal était de continuer à vivre.
Nous avons trouvé d’autres vélos, cela nous permettait de chercher de plus en plus loin les survivants. Nous en avons compté une centaine, dont trente assemblés dans notre groupe, une autre trentaine formait deux autres clans et les autres étaient devenus fous. Bill avait réussi à avorter Anne presque de force, depuis elle déprimait, c’était un souci supplémentaire dont on se serait bien passé.
Un bruit sourd, nous levâmes tous la tête, un objet volant passait en hauteur, on l’entrevit, il tournait autour de notre zone mais impossible de définir si c’était une navette ou un avion ? Après nous être concertés , l’objet resta un un objet non identifié volant . L’espoir commença à naître dans nos cœurs.
Quelques jours plus tard, plusieurs engins tournèrent dans le ciel, il était difficile de les voir vu qu’il faisait toujours gris sombre. Puis le bruit s’amplifia et des avions se posèrent où ils pouvaient, il ne risquaient pas de détruire plus. Tous coururent vers eux, dernier espoir de vie. Des hommes sortirent, ils avaient tous des masques à gaz pour respirer. Ils avaient aussi des hauts parleurs, l’un d’eux nous arrêta de la main et cria dans son haut parleur – Vous êtes en quarantaine, nous ne savons pas encore le danger que vous représentez pour notre population alors n’approchez pas de nous où nous serons obligé de tirer. La stupeur nous arrêta net – D’où venez-vous demanda Alain ?
Nous venons d’Amérique, l’Europe est détruite presque entièrement et ce qui ne l’est pas est contaminé répondit un des hommes masqués. Ouf pensais-je mes enfants sont sain et sauf –Combien de temps sommes-nous en quarantaine et pouvez-vous transmettre une lettre en Californie demandais-je … Pas possible répondit l’homme au micro, si vous êtes contagieux nous ne prenons rien de vous, il faut attendre plusieurs mois pour voir les effets, nous ignorons la cause exacte de la destruction, il semblerait que plusieurs bombes sont tombées ainsi que 3 centrales nucléaires ont explosées en même temps. Il hésita puis comme personne ne disait mot il lança – Nous allons vous laisser des conserves et de l’eau puis nous reviendrons dans cinq mois. Sans rien ajouter il partit et monta dans son engin, les autres avaient mis en tas des packs d’eau et des conserves.
Nous nous précipitâmes vers les provisions, je criai à Bill de partager parmi les 3 groupes. Il était le seul qui avait de l’autorité sur les 3 groupes, il soignait tout le monde sans s’occuper à quel groupe il appartenait, cela lui donnait une certaine autorité. Il se plaça près du tas et partagea en part égales, nous allions festoyer, les survies faisaient partie de la nourriture quotidienne. Seul point noir, il faudrait encore attendre 5 mois pour les revoir, malgré le bon repas nous ne parlions pas beaucoup terrassés par l’idée de solitude totale durant une si longue période, terrassés de savoir que l’Europe était rayée de la carte. Les hommes commencèrent à se disputer à propos de la cause de ce désastre, je craquai et leur dit – Peu importe si c’est un fou qui lança sa bombe ou les rivalités qui essayèrent leur nucléaire, le résultat est là et à qui ferez-vous un procès ? Ils se turent.
Je repensai à mes enfants et je pleurai discrètement, d’autres ne reverront jamais les leur donc je n’avais pas le droit de me laisser aller.
Cinq mois passèrent assez vite, la vie était devenue une recherche quotidienne de nouvelles, de nourritures, de surveillance. Enfin nous entendîmes les mêmes bruits que l’autre fois et les engins se posèrent pas loin de nous, il y en avait beaucoup plus que la dernière fois. Un homme descendit et nous demanda de nous grouper sans rien prendre, ils nous emmenaient en Amérique. Nous partîmes une soixantaine, les autres étaient morts ou devenus trop fous vivant cachés pour ne pas venir. Il y avait d’autres personnes dans les avions, les américains avaient fait le tour de l’Europe et ramenaient les survivants. Combien étions-nous, 300 ou plus ? Je ne voulais pas y penser, la tête me tournait en voyant ce désastre. Je ne voulais penser qu’aux enfants.
Après quelques heures nous nous sommes posés à New York , la ville était entière, cela nous revigora. On nous changea nos vêtements, les autres partirent au feu, puis on passa à la désinfection de là direction hôpital spécialisé du nucléaire pour un mois.
Le mois se passa en analyses, radios, visite de psychiatre, questions pour les journalistes habillés en blouse spatiale, pour éviter toute contagion.
Je voyais parfois Anne qui s’était reprise, elle m’a dit – Je pense que quand tout sera fini je pourrai essayer d’avoir un enfant. Je souris sans répondre, comment savoir les risques, je ne voulais pas être encore celle qui lui gâche son rêve, un autre le lui dira.
Bill passait aussi, il avait beaucoup aidé les autres et la fatigue commençait à se ressentir sur lui. Les clans avaient cessé dès qu’on monta dans l’avion, nous étions tous à la même enseigne et nous avons pu parler à d’autres, devenus plus proches.
Enfin le jour « J » arriva et on nous laissa sortir, nous donnant une petite somme d’argent, des baraquements et quelques conseils pour trouver du travail.
Je fis mes adieux et partit pour la Californie rejoindre les enfants. Avant, je pris l’adresse de Bill, Anne et son mari ainsi que celle d’Alain, nous étions devenus proches.
Quelle ne fut pas ma surprise en sonnant à la maison, voir l’ébahissement des enfants.
Je leur racontai ce que je vécus, ils ignoraient presque tout, on leur avait dit qu’il était impossible de retourner en Europe car une maladie contagieuse sévissait et personne ne devait s’y approcher. Alors leur inquiétude devenait intense, ils n’avaient pas de nouvelles de leur père, vivant en Espagne.
Le plus invraisemblable fut le comportement du gouvernement, il avait menti. On ne parlait plus d’Europe, à part nous, qui savions qu’elle n’existait plus ? ils avaient trop peur de la panique que cela susciterait.
Je m’étais installée avec les autres dans le baraquement, devant économiser pour les études des grands.
Je m’étais liée avec le jeune couple, Bill et moi étions devenus très proches, nous projetions de vivre ensemble. Certains avaient bien essayé de dire d’où ils venaient, on les prenait pour des fous alors ils s’étaient tus ... Anne m’avoua qu’elle était de nouveau enceinte, je souhaitai que son bébé fut normal.
Il fallut attendre deux mois avant que l’Amérique avoue que l’Europe était rayée de la carte.
Un pilote amateur avait entendu l’histoire de Bill, curieux il décida d’aller voir, il ne put pas revenir, faute de ravitaillement mais il téléphona et raconta ce qu’il vit. Depuis j’essaie de revivre en Californie, j’ai appris il y a peu de temps que les autres continents existaient et n’avaient pas été touchés à part une petite partie de l’Asie.
La vie continue son cours, les enfants apprennent à l’école qu’un continent a disparu.
 Nous parlons peu du passé, pas plus du futur, le présent est déjà assez lourd à vivre. Mon ex mari est sans doute mort, nous ne vivions plus ensemble, les enfants pleurèrent au début puis l’acceptèrent assez facilement, ils le voyaient une fois par an environ.
Etant architecte, je retrouvai du travail, la vie continua.
Nous ne sommes pas malheureux, il faut juste s’habituer à l’idée qu’on ne reverra plus jamais notre continent, j’ignore si on y arrive un jour.
Elena



11 commentaires:

  1. Ta plume excelle dans le récit..
    Je me suis laissé absorbé par ce dernier
    Bravo
    Bon et doux weekend ELENA
    Bisous
    timilo

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  2. tu as l'air de regretter sse monde pourrri ?
    PAS SI POURRI QUE SSA PENSE - TU ?
    tt dd mm manger de la loutre-chat ?
    sur une musique de rap branché, au rythme bobo rumba....
    Ce ferait un film que mon épouze fuierait ; de la s f pouah ! mais moi, bibi premier, verrait , tt dd mm les chats loutres mutant ça fé un peu peur tu sais....

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  3. bravo chere LN, superbe histoire, qui j'espère n'arrivera jamais ! mais peut on savoir ? tous mes voeux de bonheur aux jeunes epoux, passe une bonne journée, grosses bises

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  4. merci d'avoir partagé avec nous ce si beau récit
    belle journée, Elena

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  5. Bonjour Elena,
    Ce fut un joli texte, merci.
    Profites bien de ta journée demain avec tes proches et ta famille.
    Joies et Bonheur aux futurs mariés.
    Bon week-end et bonne journée
    Bisous

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  6. bonjour
    j'espère que cela restera dans le domaine de la fiction !!
    les enfants chinois vêtus de rouge aujourd'hui...pour la fête
    bisous

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  7. Salut
    Détruite ou pas l'Europe ne sera plus jamais l'Europe que l'on connait.
    L'Islam s'installera alors si l'Europe disparait tant mieux.
    Bon week-end

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    1. Les nazis disaient la même chose et on connaît les séquelles de la guerre.

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  8. Très prenante, ton histoire mais ça fait un peu peur aussi ...
    Et si ça arrivait ???
    Ca y est ! Ma sonde va être retirée en fin de matinée !
    Bon week end, pluvieux, ce matin, alors, repos.
    Bisoux soulagés

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  9. Très actuel je dirais mm si fictif biz ELENA

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  10. Merci Elena pour cette fin que je n'avais pas encore pris le temps de venir lire depuis hier. Je n'ai pas d'excuse à part le soleil d'hier qui m'a donné envie d'aller promener sachant qu'aujourd'hui nous aurions de la pluie...Je pense à toi qui doit être à cet instant en plein mariage. Tous mes voeux aux jeunes mariés de ma part (mais tu liras ça trop tard). Je t'embrasse...

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