mercredi 17 juillet 2024

 

HAINE

 

Jacques et Colette ramassaient les coques et les moules au passage du Gois.  Ils venaient deux fois par an passer deux semaines à Noirmoutier.

 En 1966 le pont n’était pas encore construit, il fallait connaître les heures de marée. Il arrivait qu’une voiture se trouve engloutie par la mer, les personnes devaient monter sur une balise refuge, l’eau montait à 4 m de haut. Il y avait environ 4 kms pour atteindre l’autre versant. Il fallait attendre que la marée redescende.

Colette se souvenait du temps où elle ramassait les moules avec les enfants, ils les mettaient dans le petit seau pour jouer au sable, c’était le temps des amours !

Maintenant il n’y avait plus que l’habitude qui les liait, Jacques ne parlait plus en ramassant les coques, il le faisait silencieusement, quand il avait fini, il lui faisait signe pour partir et ils allaient chez leur logeuse, au « Bois de la chaise »

Jacques cogna chez la logeuse, Madame Guidon ouvrit, il demanda :

-        Avez-vous vu mon épouse ?

-        Non, je croyais que vous étiez partis ensemble ?

-        En effet, seulement, elle est allée à l’église Saint-Philbert, elle voulait parler au père Sanier, je l’ai attendu, elle n’est pas sortie ; je suis rentrée à l’église, il n’y avait personne et j’ai pensé que je l’avais raté. Il se grattait la tête, signe de forte inquiétude. Madame Guidon était perplexe, elle ne voyait pas où pouvait être Colette Martin ?

-        Puis-je téléphoner de chez vous demanda Jacques ?

Après accord de la logeuse, Jacques appela des amis, chez qui il leur arrivait de prendre l’apéritif, ils n’avaient pas vus  Colette depuis la veille.

Il décida de faire le tour de l’île pour essayer de la retrouver, la marée montait, il ne pouvait rouler que sur l’île même.

Il fit le tour, s’arrêta au château fort, marcha en l’appelant, elle aimait se promener par ici. Ne voyant rien il continua, il admira les mimosas et pensa « Colette adore le mimosa »

Jacques ne comprenait pas comment sa femme avait disparu « elle était revenue avec lui en voiture jusqu’à l’église puis lui avait demandé de l’attendre. il a lu son journal , il est allé voir à l’église : personne.  Il fit deux fois le tour de l’île puis finit par aller chez le commissaire.

En 20 ans qu’il venait régulièrement il connaissait beaucoup de monde. Le commissaire ne fut pas étonné de le voir, son air grave l’inquiéta plus :

-        Vous avez des problèmes ?

-        Plus que des problèmes, je ne trouve pas ma femme, j’ai fait le tour de l’île deux fois,  j’ai demandé aux Justin s’ils l’avaient vu, au prêtre, à la logeuse…

-        On la retrouvera, l’île n’est pas si grande pour se perdre, rentrez chez vous, je vais voir !

Jacques rentra silencieusement, il ne comprenait pas où était passée Colette ?

Deux jours s’écoulèrent,  le commissaire n’avait pas de nouvelles, Jacques dépérissait, il commençait à se demander si un fou ne l’avait pas noyé au passage du Gois ou dans un recoin du château fort, il s’inventait des histoires à se faire peur.

En revenant la énième fois du château de Noirmoutier, sa logeuse l’appela :

-        Je sais vous n’avez pas la tête à ça, je ne sais plus si vous reconnaîtrez ma fille Thérèse, venez prendre un café, le commissaire fera ce qu’il faut. Elle le tira presque de force. Thérèse était une belle jeune femme de 30 ans, Jacques l’avait connu petite fille, il l’avait revu avec Colette y a un an, ils avaient même pris un

 

 

-        pot ensemble. Sa femme ne l’avait pas appréciée , jalouse de sa beauté ou

-        jeunesse…

Jacques accepta. Un peu de repos n’était pas du luxe, il ne savait plus où chercher !

-        Il me semble que nous nous sommes déjà vu dit Thérèse en lui serrant la main

-        J’étais avec ma femme, en effet.

A ce moment, le commissaire téléphona, il demandait à Jacques de venir immédiatement. Celui-ci s’excusa et fonça au commissariat, pourvu qu’il y ait du nouveau pensa-t-il.

Le commissaire le reçut un peu plus froid, il lui dit :

-        Nous avons retrouvé le corps de votre femme

-        Où cria presque Jacques, je veux la voir ?

-        Vous la verrez, elle est morte, à la mer, au passage du Gois !

Jacques s’effondra et se mit à pleurer « Je ne comprend pas » Il répéta plusieurs fois.

Le commissaire lui demanda ce qu’il ne comprenait pas ?

-        Nous étions ensemble, nous sommes revenus en voiture du passage du Gois, elle n’y était pas, comment elle a pu se retrouver morte là-bas ?

-        C’est ce que nous aimerions découvrir à notre tour dit le commissaire.

Jacques alla reconnaître le corps de Colette, il en sortit livide, le médecin légiste lui dit « Elle est là depuis une journée au moins »

En sortant, Jacques marcha le policier lui avait dit de ne pas bouger avant qu’on comprenne comment elle a pu se noyer. Il sentait de la suspicion, tout l’accusait. Il se retrouva au bois de la chaise, ils aimaient se réfugier dans cet endroit délicieux, ils admiraient La pointe des dames. C’était avant, ils étaient jeunes et amoureux, que s’est-il passé entre eux, elle voulait que je l’aime comme avant, je ne pouvais plus, je l’aimais comme une épouse qu’ on respecte, la mère de mes enfants : pas comme une amante. Dire que je ne l’ai trompé qu’ avec une femme. Il se sentait triste, le passé refaisait surface. Il rentra chez lui, la logeuse l’attendait et lui demanda

-        Alors que voulait le commissaire ?

Il expliqua qu’on l’avait retrouvé morte et demanda à se retirer. Il se reposait sur le lit quand il entendit qu’on frappait à la porte, il se leva disant « Entrez » Thérèse entra dans la chambre.

Le commissaire approchait de la retraite et la mort de Colette Martin l’ennuyait au plus haut point ! Il envoya son équipe se renseigner à quelle heure on l’avait vu pour la dernière fois et si le prêtre avait réellement parlé avec elle.

 

L’inspecteur revint, il annonça que le prêtre avait bien parlé à Madame Martin, il avait vu la voiture de son mari stationné dehors, pendant le discours. Elle voulait se confesser avait dit le prêtre, au grand étonnement de l’inspecteur puis du commissaire.

-        Affaire de plus en plus embrouillée marmonna le commissaire

-        Les confessions ont lieu le matin je crois intervint l’inspecteur ?

-        Quel besoin avait-elle de se confesser en revenant avec les moules et les coques : ce n’était pas un crime ! Le commissaire fit venir la logeuse, il devait en savoir plus sur le couple.

Madame Guidon vint endimanchée, elle n’avait pas l’occasion de sortir beaucoup, en plus elle se doutait que cela ne la concernait pas vraiment.

-        Pouvez-vous me dire si le couple Martin s’entendait bien ?

-        Comme un couple, après 22 ans de mariage, je veux dire avec des hauts et des bas

 

 

-        L’un des deux trompait l’autre ?

-        Je ne crois pas, mais je ne les voyais que deux fois l’an, le reste du temps ils vivaient Paris.

-        C’est vrai fit le commissaire en soupirant.

La logeuse partie, le médecin vint confirmer qu’elle était morte après le retour de son mari, si ce n’est pas le mari c’est qui lui demanda le commissaire ?

-        Là ce n’est plus de mon domaine dit le médecin en partant.

Le lieutenant arriva à son tour, il souriait

-        Personne ne vit Madame Martin sur le Gois, la mer était déjà haute, le couple était revenu juste à temps.

-        Elle a bien parlé au prêtre, donc une personne l’a noyée ensuite, le médecin est formel, elle s’est noyée, pas de traces de coup. Tout ça ne me plaît pas dit le commissaire.

À suivre...

 

11 commentaires:

  1. bonjour
    tu nous laisses sur la faim !!
    bisous

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  2. toujours aussi fan de tes écrits, j'aime beaucoup, mais tu nous laisses en attente de la suite.....bises.celine

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  3. Quelle histoire, le mari semble être honnête mais sais t-on jamais...Merci de ta visite chez moi....Bisous bon weekend

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  4. tu nous tiens en haleine, j'adore, vivement la suite. bises.
    celine

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