vendredi 9 août 2024

 

LE REVOLUTIONNAIRE

Georges avait vingt-deux ans, à l’institut il était entré dans un groupe révolutionnaire : les Mencheviks. Malgré le fait qu’il était prince, il distribuait des tracts comme ses camarades. C’est ainsi qu’il se fit prendre et la sentence fut dure :

-        Vous avez une semaine pour partir en Sibérie, vous n’aurez plus le droit de remettre les pieds à Moscou ni à Saint-Pétersbourg.

Il pouvait se marier avant de quitter sa famille, il réfléchit longuement puis le nom de Maria vint naturellement à son esprit. Il passa la voir, sa mère lui proposa le thé :

-        Maria je vais être direct avec vous, j’ai une semaine avant de partir pour Vladivostok sans retour au pays, voulez-vous m’épouser ?

-        Je vous suivrai sans hésiter. Elle sourit en rougissant !

-        Vous pourrez revenir voir votre famille ainsi que nos enfants, l’interdiction ne concerne que moi.

Elle l’écoutait heureuse, ils se connaissaient depuis six mois et elle attendait cet instant même si elle n’avait pas pensé à la Sibérie mais elle s’y ferait. Elle n’avait plus de père et sa mère et sa grand-mère accepteraient, elle le savait.

Le silence de sa mère en disait longs. Maria alla se changer et demanda à Georges de l’emmener chez le photographe, ensuite ils pourraient publier les bans et demander à un prêtre d’officier leur mariage.

Quelle était belle Maria dans sa longue robe mauve avec les dentelles blanches. Elle tenait un éventail à la main, sa coiffure était magnifique, elle resplendissait. Maria regardait Georges d’un air taquin. Il était heureux de son choix, elle serait une bonne épouse.

Nous étions en 1897, ils partirent à Vladivostok. Ils vécurent dans une petite maison. Maria mit trois enfants au monde, pendant ce temps son mari continuait à cacher des mencheviks, trotskystes ou bolcheviques, tout en travaillant en tant que gouverneur.

Le gouvernement ne voyant rien de suspect lui offrit un poste de Directeur de banque à Kharbin.

Leur vie changea, en apparence, ils avaient un domaine, ils étaient riches, Maria tenait la maison et s’occupait des enfants, son mari militait de plus en plus et partait en cachette en laissant croire que c’était pour la banque.

Un jour Maria reçut une lettre du gouvernement, elle disait que Georges était mort en Angleterre en courant derrière un bus. Plus tard, elle sut qu’il fut tué par des bolcheviks ne sachant pas qu’il était des leurs mais ayant juste retenu qu’il était prince.

Georges avait envoyé une lettre à sa femme, il lui racontait qu’il était passé à Moscou, assisté à de nombreuses réunions et la révolution n’était pas celle à laquelle il avait cru, il était déçu et partait en Angleterre pour voir s’ils pourraient y trouver asile. Cette lette Maria la reçut après la mort de son époux, elle la donna à sa fille aînée quand elle quitta le pays, la garder était trop risqué.

C’était en 1921, Maria reçut de l’argent et son mari fut déclaré héros.

La fille ainée, Véra,  partit en Allemagne, son frère mourut pendant la guerre de 1940 et la seconde fille vieillit avec Maria dans un petit appartement. La mère faisait le ménage pour survivre.

Véra, quitta l’Allemagne pour Paris, elle eut des nouvelles de sa famille par la croix rouge, ses filles retrouvèrent les cousins pendant la perestroïka sous Gorbatchev. La famille put se réunir quelques semaines à nouveau !

Elena 2024



 

11 commentaires:

  1. bravo chere LN une vie extraordinaire, une période bien difficile, il fallait y croire ! des héros, amities et bises

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  2. Une vie d'engagement en effet ! C'est une belle histoire qui semble tellement vraie...Bisous et une douce journée

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  3. je pense que de nos jours il doit y avoir encore des gens qui font ce type de mission
    bisous

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  4. des destins étrange pour ces révolutionnaires d'où qu'il soient..Bisous bonne journée

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